« Les gens ont peur » : la députée Marie-France Lorho s’exprime sur la situation à Beaumes-de-Venise

Il y a quelques jours, L’Essentiel de l’Éco révélait la présence d’un point de deal présumé au cœur de Beaumes-de-Venise, un village pittoresque du Vaucluse, célèbre pour ses paysages bucoliques et son muscat mondialement apprécié. Ce reportage a suscité une vague d’émotion dans la commune.

« Je vis face à ce point de deal depuis très longtemps et les trafics se déroulent en direct sous mes fenêtres, nous confirme un habitant du Cours Jaurès, en plein centre du village. Cela fait du bien de vous lire car nous avions l’impression de mener ce combat seul. » Si la plupart des habitants du centre du village saluent le fait que la lumière soit enfin jetée les trafics qui empoisonnent la vie du village, d’autres regrettent ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à l’image de leur village.

Ce phénomène illustre une tendance plus large observée dans de nombreuses régions rurales. « Le trafic de drogue était jusqu’ici cantonné à certains quartiers et aux villes moyennes, mais aujourd’hui, des villages traditionnels comme Beaumes-de-Venise, autrefois tranquilles, sont impactés, explique Marie-France Lorho, députée du Rassemblement National de la 4ᵉ circonscription du Vaucluse. À Beaumes-de-Venise, je sais que toutes les autorités sont conscientes du problème et qu’elles travaillent activement pour le résoudre. J’espère qu’elles vont parvenir à se débarrasser de ces gens. L’ambiance au centre du village est terrible. Il y a un climat de peur et les gens ont peur des représailles, ils n’en peuvent plus. »

De son côté, la mairie appelle à ne pas stigmatiser la commune, tout en admettant du bout des lèvres des tensions croissantes liées à des « incivilités ».

Entre crainte et résignation

La publication de l’article a révélé des sentiments opposés parmi les habitants. Certains, comme une commerçante du centre-ville, qui a préférée rester anonyme, se sentent prisonniers de la situation. « Oui, nous sommes tous victimes de ces gens, mais il est impossible d’en parler sous peine de représailles », confie-t-elle. Ce silence imposé est une constante : les habitants sont réticents à dénoncer ce qu’ils vivent par peur de voir leur sécurité compromise.

D’autres, en revanche, espèrent que la médiatisation de la situation poussera les autorités à agir. Deux propriétaires viticoles de la commune nous ont confirmé – par écrit – les informations publiées le 14 octobre : « Malheureusement, oui, le point de deal est là, je ne vais pas vous dire le contraire. Je pense d’ailleurs que des articles comme le vôtre peuvent nous aider à nous en débarrasser. »

Ces acteurs économiques, dans le même temps, redoutent les répercussions sur la réputation du village et ses produits. « Malheureusement, les répercussions de cet article risquent de toucher en premier lieu les commerçants et les vignerons, bien avant les dealers. »

D.M.

*Toutes les personnes interrogées ont demandé à ne pas être citées nommément.


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