Citroën DS : l’histoire d’une révolution française

Citroën DS : entre suspension hydropneumatique, design visionnaire et prestige présidentiel, revivez l'histoire de la voiture française la plus célèbre de tous les temps.

Parmi toutes les automobiles qui ont marqué l’histoire française, une seule continue d’être évoquée avec une telle ferveur, entre admiration esthétique et reconnaissance technique : la Citroën DS. Présentée en 1955 au Salon de l’Automobile de Paris, elle a bouleversé les codes de l’automobile mondiale, au point d’être aujourd’hui encore célébrée comme la plus belle voiture française jamais construite.

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« Une voiture sortie d’un autre monde ». Ces mots de Roland Barthes résument à eux seuls le choc visuel et symbolique que fut l’arrivée de la DS dans le paysage automobile. À la fois sculpture roulante, laboratoire technologique et symbole national, la DS ne se contente pas d’avoir marqué son époque : elle l’a transcendée. Retour sur un mythe français.

Une naissance révolutionnaire

Nous sommes en 1955. La France sort de la guerre, les Trente Glorieuses battent leur plein, et l’industrie automobile cherche à se réinventer. Citroën, fidèle à sa réputation d’audace (déjà initiée avec la Traction Avant), prépare en secret une voiture qui ne ressemble à aucune autre.

Le 6 octobre 1955, au Grand Palais, la DS est dévoilée au public lors du Salon de l’Automobile. L’effet est immédiat : 12 000 commandes enregistrées en une seule journée, un record inégalé à l’époque. Le public est stupéfait. Une voiture qui semble flotter, au design futuriste, au nom énigmatique.

Le nom n’est pas choisi au hasard : « DS », prononcé à la française, devient « Déesse ». Un jeu de mots presque prophétique pour une voiture qui allait s’élever au rang de divinité mécanique. Dès sa sortie, la DS incarne une rupture, une vision nouvelle de l’automobile, où l’ingénierie épouse le rêve.

Une prouesse technologique

Le cœur technologique de la DS, c’est sa suspension hydropneumatique. Une invention maison, qui remplace les ressorts classiques par un système de sphères à gaz et de liquide hydraulique. Résultat : la voiture s’ajuste en hauteur automatiquement, efface les irrégularités de la route et offre un confort inégalé.

Conduire une DS, c’est comme glisser sur l’asphalte. Même sur routes cabossées, le véhicule reste d’un calme olympien. Dans un pays encore marqué par les routes rurales, cette technologie change tout.

Mais la suspension n’est qu’un début. La DS est aussi équipée d’une direction assistée, d’un freinage assisté, et d’une boîte de vitesses semi-automatique. Pour une voiture des années 50, c’est du jamais-vu. Dans un monde automobile encore largement mécanique, la DS incarne déjà le futur.

Son design, tout en courbes, n’est pas seulement esthétique : il est pensé pour réduire la résistance à l’air, améliorer la tenue de route, et assurer une meilleure sécurité passive. Une approche systémique qui fera école.

Une esthétique d’avant-garde

La DS n’est pas seulement une prouesse technique, c’est aussi une œuvre d’art roulante. Son design est signé Flaminio Bertoni, sculpteur de formation, et André Lefèbvre, ingénieur visionnaire. Ensemble, ils créent une silhouette inédite : basse, effilée, fluide, presque organique.

En 1955, elle semble débarquer d’une autre planète. Son pare-brise panoramique, ses feux arrière encastrés, ses ailes avant profilées, tout évoque une soucoupe volante. Elle fascine autant qu’elle dérange : elle impose une nouvelle esthétique, déconcertante pour certains, magnétique pour d’autres.

Aujourd’hui encore, le design de la DS est étudié dans les écoles de design industriel. Conservée dans des musées comme le MoMA de New York ou le Centre Pompidou à Paris, elle continue d’inspirer les créateurs. C’est le propre d’un chef-d’œuvre : traverser le temps.

Une icône culturelle et politique

La DS a très vite dépassé le monde de l’automobile. Présente dans des dizaines de films, de livres, de photographies, elle incarne une certaine idée de la France. C’est aussi la voiture présidentielle par excellence : Charles de Gaulle, sauvé d’un attentat à son bord en 1962, en fera un symbole de la République.

La DS devient l’ambassadrice d’une France moderne, innovante, élégante. Elle incarne l’alliance du génie technique et de l’audace esthétique, une marque de fabrique qui reste associée à l’identité française.

Des dizaines de clubs de collectionneurs continuent de faire vivre la légende. Sur les routes, lors de rassemblements, dans les musées, la DS suscite toujours la même fascination. Elle n’est pas simplement aimée : elle est vénérée.

Une beauté à part

Bien sûr, la France a produit d’autres voitures emblématiques : la 2CV, populaire et rustique ; l’Alpine A110, sportive et racée ; ou encore la Peugeot 504, élégante et robuste. Mais aucune n’a su allier autant de qualités que la DS : technologie, design, confort, aura symbolique.

La DS échappe aux catégories. Ni vraiment luxueuse, ni simplement populaire, elle transcende les classes. Elle est à la fois avant-gardiste et accessible, artistique et fonctionnelle. Une voiture-monde.


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