L’histoire aurait pu être belle. Le golden boy de l’extrême droite française en guest-star du grand carnaval trumpiste, partageant la scène avec des cowboys sous amphétamines et des crypto-milliardaires en crise mystique.
Un bain de foule, une accolade avec Bannon, quelques formules choc sur « l’identité européenne »—et le tour était joué. Mais voilà : Jordan Bardella a pris peur. Il a vu Steve Bannon lever le bras dans un geste un peu trop évocateur, il a senti la polémique enfler, et il a fait ce que font les jeunes premiers bien peignés quand l’histoire devient trop sale : il a fui.
« C’est une fillette, et une fillette ne va pas diriger la France »
Bannon, lui, n’a pas apprécié. L’ancien gourou de Trump a immédiatement rangé Bardella dans la catégorie des lâches. « S’il n’a pas les couilles de venir ici, et d’affronter ces médias, c’est une fillette, et une fillette ne va pas diriger la France. C’est une chose que Macron ferait. » Dans sa bouche, c’est l’insulte suprême. Parce qu’un chef, un vrai, ne recule pas devant un scandale. Un chef assume tout, y compris les gestes ambigus, les références douteuses et les embrassades avec les cinglés.
Jordan Bardella reste donc à Paris, un brin penaud. Il a cru qu’il pouvait jouer au nationaliste sans se salir, flirter avec la droite radicale américaine tout en gardant son image de jeune prodige républicain. Erreur de débutant. Chez Bannon et ses amis, il n’y a pas de demi-mesure. On ne fait pas semblant d’être un dur : on l’est, ou on est foutu.