Jordan Bardella en Israël : une gifle à la mémoire de la Shoah

Le voyage de Jordan Bardella à Jérusalem provoque l’indignation. Peut-on effacer le passé d’un simple voyage officiel ?

Il est des images qui font honte. Des instants où la mémoire chancelle sous le poids des calculs cyniques, où les morts se retournent dans leurs tombes face aux vivants qui pactisent. Ce mercredi, à Jérusalem, se joue un théâtre obscène : Jordan Bardella, héritier ripoliné du Front national, foulera le sol d’Israël pour participer à une conférence contre l’antisémitisme. Le loup grimé en agneau, invité au bal des vertueux. La nausée.

Un voyage qui insulte la mémoire juive

Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’un parti fondé par un Waffen-SS et porté par les éructations négationnistes de Jean-Marie Le Pen puisse envoyer son président en costume Hugo Boss déclamer quelques banalités républicaines au nom de la lutte contre la haine : voilà l’aboutissement morbide de décennies de banalisation. Derrière les sourires, le ravalement de façade, le vernis médiatique, le RN reste le même.

Qu’on ne s’y trompe pas : cette visite n’est pas un geste de paix. C’est une opération de blanchiment idéologique. Un coup de com’ orchestré par une extrême droite israélienne prête à instrumentaliser l’histoire pour renforcer sa propre légitimité nationale et internationaliste. Un mariage de convenance entre ceux qui, hier encore, diffusaient les pires clichés antisémites, et ceux qui, aujourd’hui, font du sionisme un bouclier contre toute critique.

De Jean-Marie Le Pen à Jordan Bardella : la continuité masquée du RN

Le scandale est double. D’abord en France, où l’on continue de dérouler le tapis rouge à ces falsificateurs d’humanité, ces héritiers d’un courant politique dont le cœur bat au rythme de l’exclusion, de la peur, de l’étranger désigné comme ennemi. Ensuite en Israël, patrie des survivants de la Shoah, où l’on devrait mesurer, avec une gravité infinie, ce qu’implique la légitimation de figures qui, hier encore, baignaient dans les eaux troubles de l’antisémitisme politique et culturel.

Faut-il rappeler que Marine Le Pen n’a jamais condamné l’héritage paternel autrement qu’avec la langue de bois de la communication politique ? Faut-il rappeler que le RN regorge toujours de candidats, de militants, de cadres qui diffusent en catimini, parfois même au grand jour, des propos à la frontière de l’abjection antisémite, islamophobe, xénophobe ?

Costumes neufs, discours lissés

La dédiabolisation n’est qu’un mot. Une stratégie. Une illusion vendue à coups de plateaux télé, de sourires polis et de costards bien taillés. Mais sous la peau de l’agneau, le loup veille. Et ceux qui l’accueillent aujourd’hui à Jérusalem, en lui tendant la main au nom de la lutte contre l’antisémitisme, trahissent une mémoire, une histoire, une douleur qui devrait justement nous interdire de pactiser avec ceux qui l’ont tant piétinée.

Non, Jordan Bardella n’a pas sa place en Israël. Non, le RN n’est pas un allié dans le combat contre la haine. Et ceux qui, par opportunisme politique ou aveuglement stratégique, feignent de l’ignorer, portent une lourde responsabilité. L’histoire les jugera.


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