La règle était simple : depuis octobre 2023, toute commande de livres en dessous de 35 euros doit inclure des frais de livraison d’au moins 3 euros. Objectif ? Mettre un frein à la concurrence féroce des géants du web, comme Amazon, face aux librairies indépendantes. Mais à peine la loi promulguée, Amazon trouve la parade. En utilisant des points de retrait dans des commerces vendant aussi des livres, le géant américain permet à ses clients d’éviter ces frais. Légal ? Oui. Moral ? La question divise.
Les librairies indépendantes dans le viseur d’Amazon
Pour Rachida Dati, ce « contournement » est tout simplement inacceptable. « On va y répondre », promet-elle, en appelant à des ajustements législatifs rapides. Mais la tâche s’annonce complexe : réviser la loi sans créer de nouvelles failles sera un exercice d’équilibrisme juridique. Pendant ce temps, Amazon avance ses pions, avec une habileté qui laisse peu de marge de manœuvre aux petits acteurs du secteur.
Pour les librairies indépendantes, l’équation est brutale. Elles ne peuvent rivaliser ni sur les prix ni sur les délais de livraison. Pourtant, elles représentent bien plus qu’un simple commerce : elles sont des lieux de vie, des relais culturels, des espaces où l’on découvre ce qu’un algorithme ne nous proposera jamais. En grignotant leurs parts de marché, Amazon ne menace pas seulement leur viabilité économique : il fragilise tout un écosystème.
Des solutions ? Pas si simple…
Alors, que faire ? Une révision de la loi pourrait certes combler cette brèche, mais cela ne suffira pas à changer la dynamique globale. Certains plaident pour des sanctions financières plus sévères, d’autres pour des incitations fiscales en faveur des librairies. Mais une chose est certaine : tant qu’Amazon continuera à jouer sur son terrain — celui de la logistique ultraperformante et des volumes massifs — les librairies resteront en position d’infériorité.
Au-delà de l’affaire des livres, cette confrontation révèle un problème plus large : nos régulations sont-elles adaptées à un monde dominé par les plateformes numériques ? Si la réponse est non, c’est tout un pan de notre économie — et de notre culture — qui risque de disparaître, emporté par une vague que rien ne semble pouvoir stopper.