Les difficultés d’Airbus ne sont pas nouvelles, mais elles se sont accentuées ces derniers mois. Dans le secteur spatial, la compétition s’intensifie, notamment avec l’arrivée en force d’acteurs comme SpaceX, soutenus par des subventions conséquentes aux États-Unis, et des entreprises chinoises bénéficiant d’aides d’État. Pour Airbus, évoluer dans un cadre réglementaire plus strict en Europe, sans le même niveau de soutien public, devient de plus en plus compliqué. La division Defence and Space, censée être un pilier de l’innovation, subit de plein fouet cette concurrence accrue.
Pour répondre à ces défis, Airbus mise sur une réduction de ses coûts. La suppression de 2 500 emplois s’inscrit dans une logique de rationalisation : réduire les charges pour améliorer la compétitivité. Cette stratégie peut se comprendre, mais elle comporte aussi des risques. En supprimant des postes, Airbus pourrait perdre des compétences précieuses, difficiles à remplacer. L’entreprise cherche à rationaliser, mais ce choix ne doit pas mettre en péril sa capacité à innover et à rester leader dans des domaines technologiques de pointe.
Des problèmes aussi dans la division militaire
Le secteur militaire d’Airbus n’est pas épargné. L’A400M, qui devait être un succès européen, fait face à des difficultés de production et une demande en berne. Entre retards et surcoûts, le programme peine à convaincre. Résultat : des exportations difficiles et des contrats qui ne se concrétisent pas. Pour l’entreprise, la priorité est donc de réduire les coûts et de recentrer ses activités, mais là encore, la solution n’est pas simple. La question reste de savoir comment maintenir la rentabilité sans sacrifier les capacités de production et la réputation.
Les syndicats, de leur côté, n’ont pas tardé à réagir. FO, CGT et CFE-CGC s’inquiètent des impacts sociaux de cette restructuration et dénoncent une logique qu’ils jugent paradoxale. Airbus parle de compétitivité, mais le carnet de commandes reste bien rempli, ce qui rend ces réductions d’effectifs difficiles à comprendre pour eux. Les syndicats proposent des alternatives, comme la mobilité interne, mais craignent que la stratégie de réduction des coûts ne soit une solution à court terme, qui néglige les enjeux de long terme.
Un défi pour l’industrie européenne
La décision d’Airbus ne concerne pas seulement l’entreprise elle-même, mais pose aussi la question de la compétitivité de l’industrie aérospatiale européenne. En réduisant ses effectifs, Airbus prend le risque de voir partir des talents vers la concurrence, attirés par des opportunités plus attractives aux États-Unis ou en Asie. Pour l’industrie européenne, il devient crucial de trouver un équilibre entre compétitivité et préservation des compétences, surtout face à des concurrents bénéficiant d’un soutien public plus prononcé.
Airbus doit trouver sa voie dans un environnement de plus en plus concurrentiel. La réduction des coûts est une réponse, mais elle ne peut pas être la seule. L’entreprise doit aussi repenser sa stratégie d’innovation et renforcer ses collaborations avec d’autres acteurs européens, comme Thales Alenia Space. Une coopération plus poussée permettrait de mutualiser les ressources et d’affronter plus efficacement la concurrence mondiale. Mais pour cela, un soutien politique et économique de la part de l’Europe est indispensable.
Denis Mayet