Combien gagne réellement un auto-entrepreneur en 2025 ?

Le boom des micro-entreprises cache une réalité plus sombre : des revenus très faibles pour la plupart des auto-entrepreneurs. Voici ce que révèlent les derniers chiffres.

Face aux incertitudes du salariat, de nombreux Français se tournent vers l’auto-entrepreneuriat — officiellement appelé micro-entrepreneuriat. En 2024, un record historique a été franchi : 1,11 million d’entreprises ont été créées, soit une hausse de 6 % par rapport à 2023. Depuis 2016, la croissance est continue.

L’attractivité de ce régime s’explique en grande partie par la simplicité de sa création, la légèreté de sa gestion administrative et la promesse d’une autonomie professionnelle renforcée. Mais derrière ces chiffres encourageants, une question persiste : peut-on vraiment en vivre ?

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Des revenus souvent très bas

En 2025, les revenus moyens d’un auto-entrepreneur restent modestes. Ils oscillent entre 590 et 670 euros par mois. La moitié des micro-entrepreneurs déclarent même moins de 340 euros mensuels. En comparaison, les indépendants « classiques » affichent des revenus moyens de 4 030 euros mensuels.

Ce contraste souligne un point clé : si le régime attire par sa flexibilité, il peine à garantir une stabilité économique à la majorité de ses adhérents.

Réformes et fiscalité : un impact direct sur les revenus

Plusieurs évolutions réglementaires récentes contribuent à cette faible rentabilité. Les plafonds de chiffre d’affaires imposés par le régime freinent la progression des revenus. S’y ajoutent des réformes sociales qui alourdissent les prélèvements.

Depuis janvier 2025, les taux de cotisations ont été relevés pour améliorer la protection sociale des auto-entrepreneurs. Les professions libérales affiliées au régime général voient leur taux passer de 23,1 % à 24,6 % du chiffre d’affaires. Pour celles rattachées à la CIPAV, le taux monte à 23,2 % à partir du 1er juillet 2025, contre 21,2 % auparavant. Si ces hausses visent à garantir une meilleure retraite complémentaire, elles réduisent mécaniquement le revenu net.

Une autre réforme importante concerne la TVA. Initialement prévue pour mars, la création d’un seuil unique de franchise en base à 25 000 euros a été reportée à juin 2025. Si cette réforme devait être adoptée, les auto-entrepreneurs devront facturer 20 % de TVA, une obligation qui entraînera une perte de compétitivité et de revenus.

Validation des trimestres de retraite : un seuil difficile à atteindre

Pour valider quatre trimestres de retraite en 2025, un auto-entrepreneur doit déclarer un chiffre d’affaires minimum qui varie selon l’activité :

– 24 579 euros pour la vente de marchandises
– 14 256 euros pour les prestations de services commerciales ou artisanales
– 10 800 euros pour les activités libérales relevant de la SSI
– 10 640 euros pour les activités libérales relevant de la CIPAV

Dans certains secteurs précaires, comme les VTC, ces seuils sont difficiles à atteindre. Les chauffeurs restent dépendants de grandes plateformes sans garantie de revenus stables, ce qui fragilise leur protection sociale sur le long terme.

Un statut de transition plus que de développement

Face à ces réalités économiques, nombreux sont les auto-entrepreneurs qui ne vivent pas uniquement de leur activité. Environ un tiers cumule emploi salarié et micro-entreprise. Parmi ceux qui s’y consacrent à plein temps, beaucoup considèrent ce statut comme un tremplin. La réussite dépend avant tout du secteur d’activité, de la capacité à se vendre et du positionnement stratégique.


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