Dans la nuit du 29 au 30 mars 2025, la France passera à l’heure d’été. À 2 heures du matin, il faudra avancer les horloges d’une heure. Depuis près d’un demi-siècle, l’argument reste le même : faire des économies d’énergie en profitant mieux de la lumière naturelle. Mais en 2025, la justification ne tient plus. L’éclairage pèse de moins en moins dans la consommation électrique. Et si l’heure d’été reste en place, ce n’est pas pour réduire la facture énergétique.
Une mesure dépassée
L’heure d’été est née de la crise pétrolière des années 1970. À l’époque, l’éclairage représentait une part non négligeable de la consommation d’énergie. Chaque kilowattheure économisé comptait. En 2001, l’Union européenne a généralisé la mesure pour éviter des décalages entre voisins.
Mais depuis, la donne a changé. Les LED ont remplacé les ampoules gourmandes. L’éclairage intelligent ajuste la consommation au besoin réel. Résultat : le gain est devenu dérisoire. Selon l’ADEME, les économies d’électricité liées au changement d’heure ne dépassent pas 0,2 % de la consommation annuelle. Et dans les pays où les étés sont chauds, l’effet pourrait même être inverse. Moins d’éclairage en début de soirée, mais plus de climatisation en fin de journée.
Un coup de pouce à la consommation
Alors pourquoi conserver un système dont l’efficacité énergétique est aussi faible ? Parce que l’heure d’été arrange du monde. Une heure de lumière en plus le soir, c’est une heure de consommation en plus.
Avec des journées qui s’étirent, les terrasses se remplissent. Les commerces voient défiler des clients tardifs. Les loisirs tournent à plein régime. L’hôtellerie et la restauration en profitent. Les touristes restent plus longtemps dehors. La grande distribution, l’événementiel et le tourisme sont aux anges.
À l’inverse, certains secteurs subissent. L’agriculture, où le décalage des cycles perturbe le travail et les animaux. La santé, avec des troubles du sommeil et une hausse des maladies cardiovasculaires. Les PME locales, qui peinent à suivre le rythme imposé par les grandes enseignes.
Une réforme difficile à détricoter
L’idée de supprimer le changement d’heure a déjà été évoquée. En 2018, la Commission européenne avait même lancé une consultation publique. Résultat : 84 % des répondants étaient favorables à l’abandon du système actuel. Mais une réforme implique des choix. Garder l’heure d’hiver ? L’heure d’été ? Chaque pays voit midi à sa porte. Les pays du Nord, où la nuit tombe vite, préfèrent l’heure d’hiver. Ceux du Sud, où le tourisme pèse lourd, défendent l’heure d’été. Faute d’accord, le dossier a été enterré.
L’argument énergétique ne tient plus. Mais la machine économique, elle, tourne à plein régime. L’heure d’été ne fait plus économiser de l’électricité, elle fait tourner le commerce.