Il y a des histoires d’entreprise qui démarrent par une idée lumineuse et d’autres par une quête de sens. Celle de Le Beau Thé tient des deux. Marcellin Pelhate et Thuy Vy Do Huynh, un tandem à première vue improbable – lui issu du monde des bons d’achat, elle du design de luxe – ont choisi en 2017 de tout plaquer pour réinventer… le sachet de thé. Une ambition modeste en apparence, mais en réalité un défi de taille : faire du thé un support de communication et de raffinement, sans compromis sur la qualité ni sur l’engagement social.
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Personnalisation et artisanat, le pari gagnant
L’idée fondatrice ? Permettre aux entreprises et aux particuliers de personnaliser leurs sachets de thé bio avec un logo, un message, un visuel. Une niche que personne n’exploitait en France. À l’origine, une page web minimaliste, un simple formulaire de contact… et un engouement immédiat. En un mois, une vingtaine de commandes tombent. L’intuition était la bonne. Mais il faudra trois ans pour professionnaliser l’activité.
Le modèle repose sur un artisanat 100 % français. À La Courneuve, au cœur d’une pépinière d’entreprises, l’atelier s’active. Ici, pas de sachets industriels en nylon ou amidon de maïs : du coton naturel cousu à la main. Un choix noble, mais techniquement complexe. « Les machines sont conçues pour d’autres matériaux. Il a fallu innover », raconte Marcellin Pelhate. Avec l’aide d’ingénieurs, l’entreprise a mis au point un processus adapté. Mais pour la finition, impossible d’échapper à la main humaine. Ce savoir-faire rare, ce sont des couturières en insertion qui le perpétuent.
Un business model agile et une esthétique léchée
À contre-courant des logiques industrielles, Le Beau Thé adopte une approche sur-mesure et réactive. Produire en petites séries, tester le marché, ajuster. Une souplesse qui repose sur une expertise packaging héritée du luxe. Thuy Vy Do Huynh, en bonne designer, soigne chaque détail. Résultat : une centaine de références développées en deux ans.
Cette agilité permet à l’entreprise de séduire des clients variés. D’abord les professionnels, avec des goodies sur-mesure pour des marques comme L’Occitane. Puis le retail, où l’on retrouve ses produits chez Le Bon Marché, Harrods, ou les Galeries Lafayette. L’esthétique raffinée attire le luxe et la cosmétique, mais l’accessibilité des prix ouvre aussi la porte aux PME.
Un impact qui dépasse la tasse
Le Beau Thé, ce n’est pas juste du thé. C’est aussi une entreprise engagée. Fabrication française, zéro plastique, emploi local. Le choix d’implanter l’atelier en Seine-Saint-Denis n’est pas anodin : le quartier des 4 000 à La Courneuve regorge de talents sous-exploités. Les embauches s’enchaînent, bien au-delà des prévisions. L’entreprise compte aujourd’hui 14 collaborateurs, dont 7 couturières.
Ce succès se construit sans commerciaux. Tout repose sur le digital et les réseaux sociaux, avec une communication millimétrée.
Avec un chiffre d’affaires qui frôlait les 600 000 euros en 2022, Le Beau Thé ne compte pas s’arrêter là. « Nous voulons prouver qu’on peut fabriquer en France, dans le 93, tout en ayant un impact social fort », insiste Marcellin Pelhate. L’international ? Un horizon à portée de clic. L’histoire de Le Beau Thé ne fait que commencer.