Comment De Gaulle a construit la France moderne en une décennie

En investissant dans les autoroutes, l’énergie nucléaire, l’aéronautique ou encore le spatial, De Gaulle a donné à la France les moyens de rivaliser avec les grandes puissances.

Dès son retour au pouvoir en 1958, Charles de Gaulle fait de la modernisation de la France une priorité. Plus qu’une volonté politique, il voit dans ces grands projets une nécessité : désenclaver le pays, le préparer aux défis économiques du futur et garantir son indépendance stratégique.

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« Il faut regrouper les industries françaises autour de grandes ambitions », avance-t-il. Des autoroutes au nucléaire, des avions supersoniques aux satellites, chaque réalisation illustre une ambition claire : faire entrer la France dans une nouvelle ère. Au-delà des symboles, ces projets ont vraiment changé le quotidien des Français.

Relier une France fragmentée, l’obsession de De Gaulle

À la fin des années 1950, la France est en retard sur ses infrastructures routières. De Gaulle lance donc un plan ambitieux pour rattraper le temps perdu. Sous la supervision de Robert Buron, ministre des Travaux publics de 1959 à 1962, le programme autoroutier est une réponse directe aux besoins d’un pays en pleine mutation économique. Dès 1960, les premiers grands chantiers d’autoroutes voient le jour, comme l’A6 entre Paris et Lyon, facilitant les déplacements dans des régions jusque-là enclavées.

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Des sociétés d’économie mixte, telles que la Société des Autoroutes Paris-Normandie, sont mises en place pour répartir les coûts entre l’État et le secteur privé. En désenclavant des régions comme le Massif central ou le Sud-Ouest, ces nouvelles infrastructures permettent non seulement de dynamiser les échanges commerciaux, mais aussi de mieux connecter les territoires au reste du pays et renforcer le sentiment d’unité nationale.

L’aéroport de Roissy, un hub pour une France ouverte

Pour De Gaulle, moderniser la France signifie aussi la connecter au reste du monde. L’aéroport de Roissy, rebaptisé plus tard Charles de Gaulle, est un exemple frappant de cette vision. Le projet, lancé en 1964, voit ses travaux débuter dès 1966. L’ambition est claire : faire de la France un carrefour international. Bien que l’aéroport soit inauguré en 1974, après le départ de De Gaulle, il porte l’empreinte de sa stratégie visant à positionner la France comme un acteur central des échanges mondiaux.

Conçu pour gérer un flux croissant de passagers et de marchandises, cet aéroport symbolise une France qui veut s’affirmer sur la scène internationale, non plus comme une périphérie, mais comme une plateforme d’échanges incontournable.

La révolution du nucléaire

Le choix de développer le nucléaire est l’une des décisions les plus marquantes de De Gaulle. Pour lui, il s’agissait d’assurer l’indépendance énergétique de la France et de garantir sa souveraineté stratégique dans un monde en pleine Guerre froide. En 1960, les premiers essais français ont lieu dans le Sahara, marquant l’entrée de la France dans le cercle des puissances nucléaires.

La construction de sites comme Pierrelatte, dédié à l’enrichissement de l’uranium, et les avancées dans le développement de missiles stratégiques tels que le M5 ont rapidement consolidé cette nouvelle indépendance. En 1968, la France teste sa première bombe thermonucléaire. Au-delà des aspects militaires, le nucléaire civil est également développé pour répondre à la demande énergétique croissante d’un pays en pleine industrialisation. Ce choix stratégique a non seulement garanti une autonomie énergétique à la France, mais il a aussi permis de stabiliser les coûts de l’énergie.

L’aéronautique et le spatial selon de Gaulle

De Gaulle n’est pas seulement tourné vers le sol ; il veut aussi conquérir le ciel. La France des années 1960 se dote d’une industrie aéronautique et spatiale parmi les plus avancées au monde. Le projet Concorde, lancé en 1963 en partenariat avec le Royaume-Uni, illustre cette ambition technique et économique. En 1966, les étapes concrètes du programme prennent forme, avec l’objectif de révolutionner le transport aérien en proposant un avion supersonique capable de rivaliser avec les meilleures technologies mondiales.

Parallèlement, la création du CNES en 1961 marque une avancée majeure pour le programme spatial français. Dès 1965, la France lance son premier satellite, Astérix, devenant ainsi la troisième puissance spatiale mondiale. Ce succès est rendu possible grâce à la fusée Diamant, développée dans cette même période, qui incarne l’indépendance technologique recherchée par De Gaulle. Ces projets ouvrent de nouveaux marchés pour l’industrie nationale et des retombées économiques durables.

Le Plan, une question de méthode

Les grands chantiers de De Gaulle s’inscrivent dans un cadre plus large : celui du Plan. Sous la direction d’économistes comme Pierre Massé, le Plan définit les priorités du développement national en mobilisant à la fois les acteurs publics et privés. En 1958, le Comité Rueff-Pinay réorganise la politique économique française pour poser les bases d’une modernisation rapide.

Avec la création du Plan d’Aménagement du Territoire (DATAR) en 1963, sous l’impulsion d’Olivier Guichard, des efforts considérables sont déployés pour corriger les déséquilibres régionaux et dynamiser les zones rurales. La planification n’est pas une simple contrainte bureaucratique, mais un outil stratégique permettant de concentrer les ressources là où c’est nécessaire. Grâce à cette organisation rigoureuse, des projets ambitieux voient le jour.


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