Quand de Gaulle quittait le commandement intégré de l’OTAN

En quittant l'OTAN en 1966, le général de Gaulle réaffirme la souveraineté française. Retour sur une décision historique, ses conséquences géopolitiques et son héritage aujourd’hui.

En 1966, la France, sous l’impulsion du général de Gaulle, quitte le commandement intégré de l’OTAN. Cet acte, au-delà d’une réorganisation militaire, illustre la volonté d’une France indépendante dans un monde dominé par les superpuissances. Refusant la tutelle américaine, de Gaulle cherche à redonner à la France une autonomie stratégique et diplomatique, en écho à son héritage historique de grandeur nationale.

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Une vision souverainiste

Pour de Gaulle, l’indépendance de la France est essentielle. L’histoire des conflits mondiaux lui montre qu’une défense nationale ne peut dépendre d’une autorité extérieure. L’intégration au commandement de l’OTAN, dominée par les États-Unis, est perçue comme une subordination inacceptable. La souveraineté passe par la maîtrise de ses choix stratégiques, notamment à travers une force de frappe nucléaire indépendante, conçue pour garantir la sécurité de la France sans dépendre d’alliances asymétriques.

L’OTAN, aux yeux de de Gaulle, incarne l’hégémonie américaine en Europe. « L’OTAN, explique-t-il, est un faux-semblant. C’est une machine pour déguiser la mainmise de l’Amérique sur l’Europe. » Ses propositions pour un directoire tripartite, regroupant États-Unis, Royaume-Uni et France, sont ignorées. De plus, le projet de Force Multilatérale, placé sous contrôle américain, renforce la méfiance gaullienne : « C’est un machin pour faire croire aux Européens qu’ils ont accès à la gâchette atomique ». Peu après, il réaffirme sa vision : la France doit assumer seule sa défense et refuser toute centralisation militaire au sein de l’Alliance atlantique.

Un bouleversement géopolitique

La décision française provoque des réactions contrastées. Aux États-Unis, elle est perçue comme un affront, suscitant colère et incompréhension. En Europe, les alliés s’inquiètent d’un affaiblissement de la cohésion occidentale face à l’URSS, bien que certains, comme l’Allemagne, tentent de jouer les médiateurs.
Du côté soviétique, cette rupture est accueillie avec satisfaction, car elle sape l’unité du camp occidental. Cependant, de Gaulle ne cherche aucun rapprochement idéologique avec Moscou, et les ouvertures restent limitées à des initiatives diplomatiques ponctuelles.

Impact durable

La sortie de l’OTAN permet à la France de développer une stratégie autonome, incarnée par la doctrine « tous azimuts », capable de répondre à toute menace. Cette autonomie renforce son statut de puissance stratégique en Europe. Diplomatiquement, de Gaulle renforce une posture de non-alignement, multipliant les initiatives internationales : reconnaissance de la Chine populaire, dialogues avec l’Amérique latine et l’URSS. La France s’impose comme une voix indépendante dans un monde polarisé.

La décision de 1966 reste un jalon majeur de la politique gaullienne. Si elle suscite des critiques sur l’isolement qu’elle implique, elle affirme une souveraineté militaire et diplomatique unique, dont l’impact se fait encore sentir dans les débats contemporains sur l’autonomie stratégique européenne.


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