Quelle est la genèse de Livmed’s ?
Livmed’s est née d’une expérience de vie. J’ai rencontré de grandes difficultés à me procurer régulièrement le traitement pour ma mère malade. En adepte des solutions de livraison, je ne comprenais pas vraiment que tout puisse être livré sauf le principal : les médicaments.
Quel a été le déclic pour vous lancer dans une solution de livraison de médicaments à domicile ?
L’idée trottait dans nos têtes depuis quelque temps avec Mehdi Matyja et Manon Renou-Chevalier, mais les réglementations étaient trop strictes. Nous avions déjà commencé à travailler sur le projet conjointement avec nos pharmaciens et tout s’est débloqué lors de la pandémie de Covid 19. Cette pandémie a été un réel tremplin pour nous, les autorités ont adapté la réglementation permettant la livraison de médicaments à domicile. Cette pandémie a mis en exergue les limites de notre système de santé français.
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Comment êtes-vous financés ?
Les débuts de Livmed’s ont été difficiles, financés en fonds propres par les fondateurs. Par la suite, nous avons été soutenus par divers organismes avec un prêt d’amorçage, et un prêt d’investissement pour 600K. Livmed’s à par la suite réalisé 2 levées de fonds pour un total de 7 M d’euros avec de grands noms tel que Sanofi.
Combien avez-vous de collaborateurs ?
Actuellement, Livmed’s compte 36 collaborateurs. Livmed’s souhaite développer son activité et donc recruter, notamment dans la partie tech, secteur crucial pour nous.
Qui sont vos principaux concurrents ?
À l’heure actuelle, nous sommes leader sur le marché avec une offre innovante créée sur un besoin évolutif de la patientèle d’officine, nous avons donc très peu de concurrents, car nous avons été le précurseur dans le domaine de la e-santé. En concurrent direct, nous avons Pharmao, MyMediks, ou encore Stuart. Cependant, nous nous différencions pour certains par une spécialisation dans la livraison médicamenteuse, par une livraison express, un service assuré 24h/7j, totalement digitalisé, et offrant au patient la possibilité de se faire rembourser les frais de livraison. Nous faisons aussi beaucoup de sensibilisation lors d’évènements.
En indirect, La Poste effectue également des livraisons de médicaments, en 24/48h.
Comment vous différenciez-vous de cette concurrence ?
En tant que leader de la livraison, nous avons dû affronter pas mal de difficultés et créer des chemins qui n’existaient pas avant, cela a demandé du temps, des partenariats avec différents acteurs.
De grosses barrières sont aujourd’hui présentes en France, car nous représentons un changement, une digitalisation importante et innovante.
- Prise en charge des frais de livraison par les mutuelles/assisteurs : nous avons établi de multiples partenariats avec des acteurs mutualistes, et assisteurs en exclusivité qui permettent la prise en charge des frais de livraison pour le patient.
- Investissement important : la création d’une application de livraison de médicaments à domicile, la formation du personnel, la mise en place de la logistique et la levée de fonds pour financer ces activités peuvent représenter un investissement financier significatif. Cette barrière peut décourager de nombreuses startups.
- Contrat d’exclusivité pour un service continu : la force de notre service est la continuité de celui-ci 24h/7J. Nous avons établi des partenariats en exclusivité avec la majorité des pharmacies de garde, de nuit, 24h/24h.
- Contrat groupement : pour assurer un service de qualité, nous avons établi des partenariats avec les plus gros groupements de France, à force d’une bonne réputation.
- Assimilation de partenaire stratégique : antérieurement, nous faisions appel à Pharmanity pour sa technologie unique permettant la connexion au LGO donnant ainsi accès aux stocks et prix en temps. Cela est un grand avantage pour nos patients et nos officines partenaires. Nous avons donc racheté Pharmanity afin d’être seul propriétaire de cette technologie.
- La gestion de livreurs indépendants peut être complexe en termes de coordination, de qualité de service et de gestion des coûts. Cela peut également nécessiter des investissements dans la technologie pour gérer efficacement la flotte de livreurs.
- Partenariats avec les laboratoires et rachat de concurrents : ces stratégies nécessitent souvent des ressources financières importantes et une solide compréhension du marché pour réussir. De plus, les négociations de partenariats et les fusions/acquisitions peuvent être longues et complexes.
Quelle est votre stratégie de développement ?
Pour développer notre service à l’international, nous allons commencer dans les pays francophones limitrophes, en effet, nous partageons une culture similaire qui facilitera le déploiement et limitera les coûts/risques. Une étude juridique a déjà été réalisée, l’Allemagne et la Suisse seront nos priorités, l’Allemagne étant un fort marché où certains de nos concurrents ont déjà pris place, et en Suisse, où la livraison est démocratisée avec un mode de fonctionnement différent.
Combien avez-vous de clients ?
Actuellement, nous accusons près de 500 K utilisateurs particuliers sur l’application, près de 2500 pharmacies utilisatrices du service, ainsi que quelques laboratoires, mutuelles et assureurs.
Quels sont vos objectifs pour l’année 2024 ?
Dans la continuité de notre développement, nous souhaitons perfectionner et compléter nos services, afin d’aller encore plus loin dans l’amélioration du parcours de soin. Nous avons donc de nouvelles fonctionnalités qui devraient arriver très prochainement, nous souhaitons aussi aller plus loin dans la digitalisation de l’officine française avec de nouveaux produits web. Tout cela s’accompagne par la volonté de développer de nouveaux partenariats avec des mutuelles et assisteurs afin d’accélérer la gratuité du service.
À quelles transformations majeures votre secteur doit-il s’attendre dans les prochaines années ?
Notre secteur est un secteur très récent encore très mouvant, cependant, depuis le début nous voyons une réelle volonté étatique de digitaliser l’officine et encourager la livraison à domicile. Nous l’avons encore entendu récemment dans le discours du Premier Ministre G. Attal. Tout cela s’inscrit dans le défi du vieillissement de la population et du maintien à domicile. Je pense que les prochaines années seront prometteuses.
Propos recueillis par Julien Decourt