Airbus ouvre un nouveau chapitre dans l’aviation mondiale

L’A320 vient de détrôner le Boeing 737, marquant un tournant dans l’aviation mondiale. Découvrez les coulisses de cette percée industrielle inédite.

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C’est historique. Airbus a officiellement pris l’avantage historique sur Boeing. Avec la livraison d’un A320neo à la compagnie saoudienne Flynas, l’avionneur européen a dépassé le Boeing 737, devenant ainsi le modèle d’avion commercial le plus livré de l’histoire. Selon le cabinet Cirium, Airbus totalise 12 268 appareils livrés, contre 12 262 pour le 737, lancé vingt ans plus tôt.

Airbus dépasse Boeing après près de 40 ans de rivalité

Ce franchissement de seuil symbolique consacre une montée en puissance entamée il y a quatre décennies. Le programme A320 avait été lancé en 1984, avec un premier vol en 1987, suivi d’une mise en service par Air France en 1988. En face, le 737, entré en service dès 1968 chez Lufthansa, a longtemps dominé le marché des monocouloirs.
Pendant plus de cinquante ans, le 737 a été le best-seller incontesté du secteur aérien. Mais ces dernières années, la dynamique s’est inversée, notamment avec le succès de la version remotorisée A320neo, lancée en 2016.

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Une cadence industrielle record pour Airbus en 2025

En septembre 2025, Airbus a livré 73 avions, contre 50 à la même période l’année précédente. Sur les neuf premiers mois de l’année, le groupe européen affiche 507 livraisons à 79 clients. Boeing, pour sa part, enregistre 440 livraisons sur la même période, en hausse par rapport à 2024 (291 appareils), mais insuffisantes pour rattraper son concurrent.

Airbus vise 820 livraisons sur l’année. Pour atteindre cet objectif, l’avionneur devra livrer plus de 300 appareils au dernier trimestre, soit plus d’une centaine par mois. Ce rythme soutenu semble désormais atteignable, notamment grâce à une amélioration de la disponibilité des moteurs, longtemps affectée par des goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement.

Les sous-traitants français entre reprise et fragilité

Cette montée en cadence bénéficie à l’écosystème industriel, notamment en France. Le GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) recense environ 200 sous-traitants majeurs, dont des PME comme Celso, Aubert & Duval, Figeac Aéro ou Mecachrome.
Mais tous ne profitent pas pleinement de cette relance. Une étude confidentielle de la Banque de France menée pour le GIFAS en 2023 révélait que 40 de ces entreprises, soit 20 %, étaient en situation de risque de défaillance, contre 26 un an plus tôt. Endettement élevé, inflation sur les matières premières et investissement obligatoire pour suivre les cadences expliquent cette fragilité, malgré des carnets de commandes historiquement pleins.

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Extension record du site Airbus de Toulouse

Pour accompagner la croissance de la demande, Airbus a lancé un projet d’extension inédit de son site de Toulouse. D’ici 2028, le constructeur prévoit d’agrandir ses installations de 18 hectares, avec la création d’un second centre de livraisons, d’un nouveau hall de peinture, de hangars logistiques modernes et de nouvelles zones avions.

Ce chantier, classé « projet d’intérêt national », bénéficie d’une dérogation à la loi Climat et Résilience. Il s’agit de l’investissement immobilier le plus important pour Airbus depuis 20 ans, avec plusieurs centaines d’emplois directs et indirects à la clé.

En parallèle, Airbus renforce sa présence industrielle aux États-Unis. Le 13 octobre 2025, le groupe a inauguré une seconde ligne d’assemblage A320 à Mobile, en Alabama, doublant presque ses capacités sur ce site.

Cette extension comprend 93 000 m² de hangars supplémentaires, traduisant une volonté claire d’accroître la production au plus près de ses clients nord-américains et de diversifier ses bases industrielles.

Boeing face à une série de défis industriels et sociaux

Chez Boeing, les difficultés s’accumulent. Le constructeur américain enchaîne les retards de certification pour les versions 737 MAX 7 et MAX 10, désormais attendues en 2026. Ces reports sont en partie liés à des problèmes d’antigivrage moteur pointés par la FAA (Federal Aviation Administration).

Les problèmes de qualité persistent également, alimentant un climat de défiance. Plusieurs experts évoquent des problèmes « systémiques et récurrents », notamment sur les chaînes d’assemblage du 737.

À cela s’ajoute une grève déclenchée en août 2025, qui touche environ 3 200 ouvriers sur les sites de défense dans le Missouri et l’Illinois. Cette mobilisation paralyse la production des F-15, F-18 et d’autres programmes militaires, et pourrait se prolonger « des semaines voire des mois », selon la direction de Boeing.

Enfin, l’immobilisation mondiale des 737 MAX 8 entre 2019 et 2021, après deux accidents mortels, continue de peser lourd dans l’image du groupe et dans la fidélité de certains clients, notamment en Chine.

Cap sur l’innovation et la transition écologique

L’avionneur européen continue d’investir dans ses capacités technologiques. En septembre 2025, Airbus a déployé une infrastructure 5G privée sur ses sites de Hambourg et Toulouse, en partenariat avec Ericsson, pour améliorer la traçabilité et la maintenance prédictive.

Toulouse servira également de base d’essai pour le programme ZEROe, le premier avion commercial à hydrogène, prévu pour 2035. Ce projet fait partie intégrante de la stratégie de décarbonation du groupe, qui anticipe une réglementation environnementale de plus en plus contraignante et des attentes fortes de la part des compagnies aériennes.



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