Combien gagnerez-vous si la réforme des retraites est suspendue ?

Vous êtes né après 1963 ? Votre âge de départ à la retraite pourrait changer si la réforme est suspendue. Voici les conséquences concrètes pour votre carrière.

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Sébastien Lecornu a entrouvert une porte que l’exécutif avait jusqu’ici soigneusement gardée fermée : celle d’un gel de la réforme des retraites. Derrière cette inflexion politique se cache une question très concrète pour les générations nées après 1963 : que se passera-t-il si le gouvernement suspend la réforme ? Voici ce que cela impliquerait pour l’âge légal, les trimestres requis, le niveau des pensions et les finances publiques.

Cinq points à retenir :

  1. Un gel dès fin 2025 figerait l’âge légal à 62 ans et 9 mois pour tous.
  2. Une suspension en 2026 le stabiliserait à 63 ans, avec 171 trimestres.
  3. Le gel pourrait être inscrit dans le budget de la Sécu.
  4. Le coût atteindrait 3 milliards d’euros par an dès 2027.
  5. Les pensions seront revalorisées en 2026, malgré les incertitudes.

Ce que prévoit la réforme depuis septembre 2025

La réforme des retraites, votée en 2023, est déjà en vigueur. Depuis le 1er septembre, l’âge légal de départ est de 62 ans et 9 mois pour les personnes nées en 1963, avec une exigence de 170 trimestres cotisés.
Chaque année, l’âge doit augmenter de trois mois, pour atteindre 64 ans en 2030. Le nombre de trimestres passera alors à 172.

Génération Âge légal Trimestres requis Entrée en vigueur
1963 62 ans 9 mois 170 1er sept. 2025
1964 63 ans 171 1er sept. 2026
1965 63 ans 3 mois 172 1er sept. 2027
1966 63 ans 6 mois 172 1er sept. 2028
1967 63 ans 9 mois 172 1er sept. 2029
1968 et après 64 ans 172 1er sept. 2030

Scénario 1 : un gel fin 2025, à 62 ans et 9 mois

Ce scénario, soutenu par la CGT, reviendrait à stopper la réforme dès maintenant. Toutes les générations seraient alors soumises à la règle en vigueur aujourd’hui : départ possible à 62 ans et 9 mois, avec 170 trimestres.
Résultat : les générations 1964 à 1968 gagneraient de 3 à 15 mois sur leur âge de départ, et valideraient moins de trimestres. La CGT insiste : « Le seuil légal en vigueur doit être figé, pas une étape future. »

Scénario 2 : une suspension courant 2026, à 63 ans

Autre option : laisser s’appliquer la réforme pour une année de plus, puis geler. Cela fixerait l’âge à 63 ans pour la génération 1964, avec 171 trimestres à valider. L’impact serait plus limité mais toujours sensible : entre 3 et 12 mois gagnés selon l’année de naissance.
Pour la CFDT, ce scénario a l’avantage d’être plus facile à inscrire dans la loi. « Un gel à l’âge légal en vigueur est plus simple qu’une abrogation formelle », explique Yvan Ricordeau.

Techniquement, c’est faisable dans le budget 2026

Pas besoin de loi spécifique. Le gouvernement peut glisser une suspension dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Le texte sera présenté en Conseil des ministres avant le 14 octobre, puis déposé au Parlement avant le 20.
Si le gel est décidé avant que la nouvelle étape ne s’applique (comme c’est le cas pour 2025), aucun obstacle juridique majeur n’existe.

Un coût de 3 milliards d’euros par an

Suspendre la réforme dès 2026, c’est accepter une perte de recettes. Roland Lescure, ministre de l’Économie, parle de 3 milliards d’euros par an à partir de 2027. Une suppression totale coûterait plus de 10 milliards chaque année.
La CGT propose une solution : étendre les cotisations à l’intéressement et à la participation. Gain estimé : 3 milliards d’euros, dès 2026.

Pensions : les hausses déjà décidées

Malgré les incertitudes, certaines augmentations sont actées :
– +1,3 % pour les pensions de base au 1er janvier 2026 (versement en février)
– +0,7 % pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco à partir de novembre 2025
Une pension moyenne de 540 € gagnera 3,8 € par mois.
Le budget 2026 prévoit aussi :
– La prise en compte des 24 meilleures années pour tous
– Une majoration de 10 % dès le troisième enfant, sans condition de date de naissance
Coût estimé : 150 millions d’euros en 2030.

Qui serait perdant dans un gel ?

Toutes les générations ne seraient pas logées à la même enseigne. Celles nées après 1968, encore éloignées de l’âge de départ, perdraient l’accès à certains dispositifs, comme l’élargissement de la pénibilité ou le compte professionnel de prévention renforcé.
Les carrières discontinues ou précaires pourraient aussi être pénalisées. Le gel risque de figer des inégalités existantes, sans corriger les angles morts du système.



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