Vers une nouvelle taxe sur les retraites dès 2026 ?

Après un premier recul en 2025, la taxation des retraites supérieures à 2 000 € devrait faire son retour. Décryptage des pistes du gouvernement.

Le déficit de la Sécurité sociale dépasse allègrement les 20 milliards d’euros. Une impasse budgétaire qui pousse le gouvernement à explorer de nouvelles sources de financement, notamment pour couvrir les dépenses liées à la dépendance. Parmi les pistes envisagées, l’idée de taxer les retraités les plus aisés a émergé en janvier 2025, portée par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet. Une proposition finalement écartée par le ministre de l’Économie, Éric Lombard.

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Mais ce retrait n’a rien d’un enterrement. Bien qu’ils s’en défendent publiquement, de nombreux responsables politiques, y compris dans l’entourage de François Bayrou, estiment qu’une contribution accrue des retraités aisés est inévitable – et ce, dès l’année prochaine.

Est-on un retraité « aisé » avec 2000 euros par mois ?

Le système de retraite français repose sur la solidarité entre générations : les actifs financent les pensions des retraités. Mais avec l’allongement de la durée de vie et le ralentissement de la croissance, le modèle est sous pression. Pour éviter de faire peser l’effort uniquement sur les travailleurs, l’exécutif a envisagé une taxation accrue des retraités disposant de revenus confortables.

Mais peut-on vraiment parler d’aisance avec une pension de 2 000 euros par mois ? C’est la question qui divise. Dans certaines grandes villes, ce montant permet de vivre correctement, sans excès. Loin d’un train de vie luxueux. Une taxation aurait sans doute été plus acceptable si elle ciblait les pensions supérieures à 4 000 euros par mois, un niveau qui correspond davantage à une aisance réelle.

Pourtant, le projet initial visait une population bien plus large : cinq millions de retraités gagnant plus de 2 500 euros par mois auraient subi une ponction annuelle de 100 à 160 euros. Ceux percevant entre 2 000 et 2 500 euros auraient perdu entre 70 et 120 euros par an. L’objectif était d’élargir l’assiette plutôt que d’augmenter fortement l’effort pour une minorité. Mais cette approche a immédiatement suscité des critiques.

Un report, mais pour combien de temps ?

Le gouvernement a écarté la mesure pour 2025. Mais le débat est loin d’être clos. « On a gagné du temps, mais pas trouvé de solution », confie un proche du dossier. Dans l’entourage de Bercy, plusieurs voix reconnaissent que le sujet reviendra, tôt ou tard. Et beaucoup parient sur un retour dès 2026.

Si l’exécutif décide de relancer l’idée, trois leviers sont déjà identifiés :

  • Relever la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa) en augmentant son taux de 0,3 % sur les pensions brutes.
  • Augmenter la Contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités les plus aisés, en la portant de 8,3 % à 9,2 % pour ceux dont le revenu fiscal dépasse 26 000 euros par an.
  • Supprimer l’abattement fiscal de 10 % pour frais professionnels, qui bénéficie aux retraités imposables, alors qu’ils n’ont plus de frais liés à une activité.

Une mesure potentiellement explosive

Derrière la question budgétaire, c’est une bataille politique qui se joue. Pour ses partisans, taxer davantage les retraités les plus aisés est une nécessité dans une société vieillissante. Mais pour ses opposants, cette mesure est injuste. Elle reviendrait à taxer une seconde fois des personnes qui ont cotisé toute leur vie et dont les pensions ont déjà été affectées par des réformes successives.

S’ajoute une autre inquiétude : cette taxation pourrait fragiliser la consommation des seniors, un moteur essentiel de l’économie. Avec une inflation persistante et des dépenses de santé en hausse, une ponction, même modeste, pourrait peser sur leur pouvoir d’achat.


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