Taxe foncière en augmentation : êtes-vous concerné ?

La taxe foncière devient une charge de plus en plus lourde pour les propriétaires, entre revalorisation automatique et décisions locales contestées.

C’est une ligne de dépense que les propriétaires ne peuvent plus ignorer. En 2024, la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) a rapporté 53,6 milliards d’euros aux collectivités locales, en hausse de 5,4 % par rapport à 2023. Hors taxes annexes, le produit de cet impôt s’établit à 41,9 milliards d’euros.

Plus de 31 millions de particuliers sont concernés par cette taxe, qui s’applique à tout propriétaire d’un bien immobilier au 1er janvier de l’année d’imposition. Pour les ménages, la facture moyenne s’élève cette année à 1 082 euros, en progression de 5,7 % sur un an.

Les disparités sont notables selon la nature et le nombre de biens détenus. Les propriétaires d’une maison paient en moyenne 1 072 euros, contre 851 euros pour un appartement. Ceux qui possèdent un seul bien, soit l’immense majorité, déboursent 717 euros en moyenne. En revanche, les multipropriétaires voient la note grimper : 1 338 euros pour ceux qui détiennent deux logements, et 4 095 euros en moyenne pour les propriétaires de trois biens ou plus.

A LIRE AUSSI
Vers une nouvelle taxe d’habitation qui ne dit pas son nom

La revalorisation des bases, moteur principal de la hausse

Si la taxe foncière augmente d’année en année, c’est avant tout en raison de la revalorisation automatique des bases cadastrales, sur lesquelles l’impôt est calculé. Ces valeurs locatives, censées refléter le loyer théorique du bien, sont ajustées chaque année en fonction de l’inflation.

En 2024, cette revalorisation a atteint +3,9 %, après une hausse record de +7,1 % en 2023. Cette seule mécanique explique 83 % de l’augmentation constatée cette année, selon le ministère des Finances. Une tendance qui se poursuivra en 2025, mais de façon plus modérée, avec une revalorisation prévue à +1,7 %.

À cette dynamique s’ajoute la croissance du parc immobilier, avec environ 730 000 nouveaux locaux taxés entre 2023 et 2024. En revanche, les taux d’imposition votés par les communes ont, dans l’ensemble, peu évolué. À l’approche des municipales de 2025, la majorité des grandes villes a choisi de geler ses taux, comme l’ont fait 81 % des communes de plus de 100 000 habitants.

A LIRE AUSSI
La France, palme d’or de la fiscalité immobilière

Taxe foncière : des écarts territoriaux frappants

La taxe foncière n’a cependant rien d’un impôt uniforme sur le territoire. Les montants varient fortement d’un département à l’autre, avec des écarts pouvant aller du simple au triple.

En 2024, les départements les plus taxés sont :

  1. Mayotte : 3 646 euros en moyenne
  2. Seine-Saint-Denis : 3 642 euros
  3. Val-de-Marne : 2 949 euros
  4. Guyane : 2 931 euros
  5. Essonne : 2 767 euros

En Île-de-France, les contribuables paient en moyenne 2 708 euros, loin devant les régions les moins taxées comme la Corse (1 263 euros) ou la Bretagne (1 319 euros). En métropole, la moyenne s’établit à 1 813 euros, contre 2 407 euros dans les départements d’Outre-Mer.

À l’autre extrémité du classement, des départements ruraux affichent des montants bien plus modérés : Creuse, Vendée, Indre, Haute-Corse et Haute-Saône. Selon certaines sources, la moyenne y serait même inférieure à 600 euros, bien en deçà de la moyenne nationale.

Pourquoi de telles disparités ?

Trois facteurs principaux expliquent ces différences de facture entre territoires :

  • La valeur locative cadastrale, qui reflète le potentiel locatif des biens. Elle est naturellement plus élevée dans les grandes métropoles et les zones tendues, comme en Île-de-France où elle atteint 20 euros par m², contre 12,5 euros en moyenne sur le reste du territoire. Une réforme des valeurs locatives est attendue en 2026 pour les actualiser sur des bases plus réalistes.
  • Les taux d’imposition locaux, fixés librement par les collectivités, varient fortement selon les politiques budgétaires locales.
  • La structure du parc immobilier, certains départements concentrant une part importante de multipropriétaires, dont les contributions élevées tirent mécaniquement la moyenne vers le haut, même dans les territoires les plus modestes, comme la Seine-Saint-Denis ou Mayotte.

Des hausses variables selon les départements

Si la revalorisation nationale des bases est uniforme, son impact réel sur la facture varie selon les décisions locales. Certaines collectivités ont malgré tout augmenté leurs taux, alourdissant encore la note pour leurs habitants.

Parmi les hausses les plus marquées cette année figurent :

  • Alpes-Maritimes : +8,62 % (1 713 euros en moyenne)
  • Mayotte : +7,58 %
  • Meurthe-et-Moselle : +7,47 %
  • Haute-Savoie : +7,21 %
  • Ille-et-Vilaine : +6,91 %
  • Loire : +6,88 %

Des hausses notables, mais plus contenues que celles enregistrées en 2023, où certaines communes avaient augmenté leur taxe de plus de 40 %, à l’image de Paris.

Une charge qui pèse sur les propriétaires

Pour les ménages, la hausse de la taxe foncière constitue une pression budgétaire supplémentaire, en particulier dans les zones où le coût de la vie est déjà élevé. Une dépense récurrente qui peut freiner l’accès à la propriété ou alourdir les charges des investisseurs locatifs.

Intégrer cette variable fiscale dans les simulations d’achat immobilier devient indispensable. Connue pour être souvent sous-estimée, la taxe foncière peut peser lourd sur la rentabilité d’un projet.

Malgré un ralentissement attendu de la revalorisation en 2025, la tendance reste clairement à la hausse, en attendant une refonte complète des bases cadastrales dans deux ans, qui pourrait redistribuer les cartes.


Partagez votre avis