En cas de panne sur l’autoroute, l’arrivée rapide d’une dépanneuse n’est pas toujours une bonne nouvelle. De faux dépanneurs sévissent en France, imposant des factures exorbitantes aux automobilistes vulnérables. Leur méthode est bien rodée, et les victimes se multiplient.
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Escroquerie sur autoroute : une fraude qui explose en France
Un moteur qui cale, un pneu qui éclate, et l’espoir de voir rapidement une dépanneuse arriver. Mais sur les autoroutes françaises, ce scénario peut désormais tourner au cauchemar. Depuis plusieurs années, une nouvelle forme d’escroquerie s’est développée : celle des « faux dépanneurs » ou « dépanneurs pirates ».
Le phénomène, longtemps marginal, connaît une accélération inquiétante depuis quelques mois. Selon l’Association des Dépanneurs Automobiles de France (ADAF), les grandes métropoles comme Paris, Marseille ou Toulouse sont particulièrement touchées, notamment lors des grands départs en vacances.
Faux dépanneurs : comment ils piègent les automobilistes en panne
Ces faux dépanneurs exploitent les applications de navigation, comme Waze, pour repérer les incidents en temps réel. « Ils sont connectéssur Waze en permanence. Dès qu’un incident est signalé, ils foncent sur place », explique Manuel Ginenez, gérant d’un garage près de Montpellier.
Certaines entreprises légitimes sont également victimes d’usurpation d’identité : « Une personne s’est fait passer pour notre société en région parisienne, alors que nous ne sommes installés qu’à Pluguffan », déplore Élisabeth, secrétaire de l’entreprise.
Factures abusives : des tarifs exorbitants
Pour les victimes, la surprise est de taille : factures excessives, frais additionnels injustifiés, pratiques de chantage. Certains montants peuvent atteindre les 3000 euros.
À titre de comparaison, les tarifs réglementés, en vigueur depuis décembre 2024, oscillent entre 144,52 € et 178,70 € en journée, et entre 216,78 € et 268,05 € en nuit, week-end ou jours fériés. Les escrocs n’hésitent donc pas à facturer jusqu’à dix fois le tarif officiel.
Face au refus de payer, les automobilistes voient leur véhicule placé en gardiennage, avec des frais journaliers supplémentaires. Pire, les assurances ne couvrent pas ces interventions sauvages, réservant leurs remboursements aux seuls dépanneurs agréés.
Pourquoi le cadre légal est encore insuffisant
Le dépannage automobile sur autoroute est pourtant strictement encadré. L’activité est classée « dangereuse » et nécessite un agrément préfectoral. Les entreprises doivent notamment :
- Disposer d’un garage à proximité des accès autoroutiers
- Assurer une permanence 24h/24
- Avoir un matériel suffisant pour remorquer véhicules et passagers
- Employer du personnel qualifié
Depuis 2012, l’article R421-10 du Code de la route prévoit une amende de 135 euros pour les interventions sans agrément. Mais cette sanction est jugée trop faible pour dissuader efficacement les fraudeurs.
Panne sur autoroute : comment reconnaître un vrai dépanneur d’un escroc ?
Quelques précautions simples permettent d’éviter de tomber dans le piège :
- Se mettre en sécurité sur la bande d’arrêt d’urgence, gilet jaune obligatoire
- Utiliser une borne d’appel d’urgence ou contacter directement son assurance
- Refuser toute aide spontanée sans vérification
- Demander systématiquement le nom de l’entreprise envoyée et vérifier les informations reçues (par SMS ou email)
Lutte contre les faux dépanneurs : les nouvelles mesures dans le Val-d’Oise
Face à l’essor des escroqueries, certaines préfectures renforcent leur arsenal juridique. Dans le Val-d’Oise, un arrêté préfectoral publié en mars 2025 limite l’intervention sur les autoroutes aux seules sociétés agréées.
Les contrevenants risquent désormais une amende de 1 500 euros et la confiscation de leur véhicule. Sont notamment concernés les axes stratégiques comme l’A1, l’A15, la N184, la N104 et plusieurs routes nationales et départementales.
Conseils pour éviter une arnaque dépannage sur autoroute
Pour limiter les risques :
- Attendez impérativement l’arrivée du dépanneur mandaté
- Exigez une confirmation écrite ou numérique (SMS, email) de la part de votre assurance
- Demandez le tarif de l’intervention avant tout remorquage
- Méfiez-vous des interventions trop rapides ou trop insistantes