Le retour de Trump menace de faire exploser le commerce mondial

Dans le vacarme assourdissant de sa politique spectacle, Donald Trump ajoute un nouveau pavé dans la mare du multilatéralisme : les droits de douane « réciproques ». Derrière cette formule faussement équitable, l’ancien président américain — et potentiel futur chef d’État — poursuit un dessein bien plus sournois : dynamiter méthodiquement l’ordre international bâti sur la coopération, pour mieux réimposer sa loi du plus fort.

Une rupture assumée avec les règles de l’OMC

Le 2 avril prochain, la Maison-Blanche s’apprête à imposer un relèvement massif des tarifs douaniers, brisant d’un revers de main les principes fondateurs de l’Organisation mondiale du commerce. Fini le respect de la « nation la plus favorisée », pilier des accords multilatéraux depuis 1947. Place à une logique binaire, brutale, et profondément unilatérale : œil pour œil, taxe pour taxe. Mais ce populisme économique, enveloppé dans des accents nationalistes, n’a rien d’un retour à la justice commerciale. C’est une déclaration de guerre, déguisée en opération de rééquilibrage.

Ce que Trump propose, c’est un monde où les relations commerciales ne reposent plus sur la confiance mutuelle mais sur la menace permanente. Où chaque différend tarifaire devient une escarmouche diplomatique. Où l’économie se plie à la géopolitique, et non l’inverse.

Une politique qui frappe déjà les consommateurs et les PME

Or cette vision régressive du commerce mondial ne se contente pas d’effrayer les chancelleries. Elle frappe déjà les peuples. Les consommateurs européens, demain, verront les prix s’envoler sur des produits essentiels. Les PME, ces maillons vitaux de nos économies, seront prises en étau entre des chaînes d’approvisionnement déstabilisées et des marges réduites à peau de chagrin. Et que dire des conséquences globales ? Une contraction annoncée du commerce mondial, une chute du PIB planétaire, une instabilité ravivée… Bref, une fragmentation du monde que d’aucuns espéraient derrière nous.

Mais au fond, est-ce vraiment une erreur de calcul ? Non. C’est une stratégie. Une stratégie du chaos. En créant l’incertitude, Trump joue les pyromanes de l’économie pour forcer les entreprises à rapatrier leurs investissements aux États-Unis. C’est la politique du bras de fer, du coup de menton, du chantage permanent. Une méthode digne d’un empire sur le déclin, en quête désespérée de reconquête.

L’Europe paralysée

Dans ce contexte, le silence prudent des institutions européennes sonne comme une abdication. Face à l’agression économique qui vient, l’heure n’est plus à la temporisation. L’Europe ne peut plus se contenter d’attendre, de réagir à coups de contre-mesures techniques. Elle doit affirmer une vision, défendre un modèle, proposer un contre-récit.

L’enjeu dépasse largement le commerce. Ce qui se joue ici, c’est le choix entre deux mondes : celui du droit, du compromis, de la coopération… et celui de la force, du chantage, du chacun pour soi. Si nous laissons les Trump de ce monde imposer leur récit, nous perdrons bien plus que quelques points de croissance : nous perdrons l’idée même de communauté internationale.

Il est temps de nommer les choses. Ce protectionnisme belliqueux n’est pas une politique économique, c’est une déclaration de guerre contre le bien commun mondial. Et face à la guerre, le silence n’est jamais une option.


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