Coup de tonnerre. En 2024, BYD a enregistré un chiffre d’affaires de 107 milliards de dollars (soit 777,1 milliards de yuans), contre 97,7 milliards pour Tesla. C’est la première fois que la firme chinoise devance son concurrent américain sur cet indicateur depuis leur entrée en compétition directe en 2018.
Cette performance est largement due à la domination de BYD sur le marché chinois, désormais épine dorsale de l’électromobilité mondiale. Pendant que Tesla stagnait avec une croissance de seulement +1 % sur l’année, BYD affichait un bond de +29 %. Sa rentabilité suit la même dynamique : 5,55 milliards de dollars de bénéfices nets, en hausse de 34 %, tandis que Tesla voit son bénéfice net reculer.
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BYD vise l’Europe
La croissance de BYD s’explique d’abord par sa position dominante sur son marché domestique, où il détient près d’un tiers des parts. En février 2024, les ventes de Tesla ont chuté de 49 % en Chine. Sur l’ensemble de l’année, elles baissent de 1 %, à 1,79 million de véhicules vendus – une première pour la firme d’Elon Musk.
En parallèle, BYD déploie une stratégie offensive en Europe. Le constructeur sponsorise l’Euro 2024, ouvre des concessions et prévoit l’inauguration d’une usine en Hongrie fin 2025. Objectif : gagner des parts sur un marché encore dominé par les marques européennes.
EBYD face aux barrières commerciales
L’ambition européenne de BYD se heurte néanmoins à des freins géopolitiques croissants. La Commission européenne impose 17 % de droits de douane supplémentaires sur les véhicules BYD, accusés de bénéficier de subventions publiques contraires aux règles du commerce équitable.
Par ailleurs, l’usine hongroise du groupe est dans le viseur de Bruxelles, soupçonnée de bénéficier d’aides d’État illégales. BYD nie toute infraction, assurant n’avoir reçu aucune notification de procédure et respecter l’ensemble des normes européennes.
BYD et Tesla, deux visions de la batterie
La rivalité entre BYD et Tesla ne se limite pas aux chiffres : elle s’incarne aussi dans deux visions technologiques distinctes.
BYD mise sur ses batteries Blade LFP au format prismatique, reconnues pour leur stabilité et leur recharge ultra-rapide. À l’inverse, Tesla privilégie les cellules cylindriques 4680 NMC811, optimisées pour une densité énergétique élevée.
Une étude de l’Université RWTH Aachen (Allemagne) illustre ces différences :
- Densité énergétique : 160 Wh/kg pour BYD contre 241 Wh/kg pour Tesla
- Densité volumétrique : 355 Wh/l pour BYD, contre 643 Wh/l pour Tesla
Mais en matière de recharge, l’avantage va à BYD : sa plateforme Super e-Platform délivre jusqu’à 1 000 kW, soit le double de la puissance des Superchargeurs Tesla.
Atto 2 : l’offensive européenne de BYD
Pour s’adapter au marché européen, BYD propose l’Atto 2, version dérivée du Yuan Up chinois, positionnée sur le segment très concurrentiel des SUV compacts.
Avec ses 4,31 mètres de long, ce modèle cible directement des références comme la Peugeot 2008 ou la Renault Captur. Proposé à partir de 28 990 euros, il existe en deux versions :
- 312 km d’autonomie WLTP (batterie 45,1 kWh)
- 420 km pour la version à grande autonomie (35 990 euros)
L’équipement est à la hauteur : écran rotatif, vision 360°, V2L, etc. L’architecture cell-to-body renforce la rigidité tout en limitant le poids à 1 570 kg. L’autonomie reste modeste comparée à certains concurrents, mais le rapport qualité/prix/efficacité industrielle est redoutable.
Le dépassement de Tesla par BYD ne résume pas qu’à une question de revenus. Il traduit la montée d’un modèle industriel alternatif, porté par une intégration verticale, une maîtrise technologique et une vision stratégique long terme.
Tesla conserve des atouts majeurs : innovation, marge par véhicule, image forte, réseau de recharge propriétaire. Mais BYD impose une autre norme : celle d’une électromobilité plus robuste, plus rapide, moins chère. Le duel ne fait que commencer.