En France, un vélo disparaît toutes les 1,3 minutes. Soit entre 400 000 et 580 000 vols recensés chaque année, selon les sources. Des chiffres qui donnent le vertige… et surtout des sueurs froides aux cyclistes. Face à l’impuissance des antivols traditionnels – même les plus chers, même les mieux notés – une jeune ingénieure en herbe a décidé de renverser la table. Ou plutôt, de changer d’arme. Avec CactUs Lock, Aïko Leroux, étudiante lyonnaise de 22 ans en première année de chimie à CPE Lyon, invente l’antivol… qui pue. Littéralement.
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Le constat est sans appel : 80 % des tentatives de vol aboutissent. Et seulement 3 % des vélos volés sont retrouvés. À l’heure où les disqueuses portatives découpent les antivols comme du beurre – même les fameux Kryptonite ou Abus –, la dissuasion devient une priorité. Pas en ajoutant une couche d’acier, mais en s’attaquant à un autre sens : l’odorat.
CactUs Lock : un gaz nauséabond pour dissuader les voleurs
CactUs Lock ne ressemble pas à un ovni. À première vue, c’est un antivol en U, vert vif, agrémenté de quelques autocollants jaunes. Mais à l’intérieur, un gaz redoutable : la putrescine. Le nom dit déjà tout. C’est la molécule même de la putréfaction, celle que notre nez associe immédiatement à un danger vital.
Dès qu’une entaille d’un centimètre est faite dans le corps de l’antivol, le gaz est libéré. Résultat : une odeur insoutenable, pestilentielle. Le voleur est pris de court, les passants sont alertés, l’acte devient tout simplement impossible.
À l’origine de cette innovation, un événement personnel : le vol du vélo électrique d’Aïko, en 2023, à Villeurbanne. Un « super vélo » assuré, attaché avec deux antivols haut de gamme. Dix minutes d’inattention ont suffi.
L’agacement devient déclic. Car l’étudiante réalise que le problème n’est pas la solidité, mais l’absence de réaction. Un bon antivol ralentit, mais il ne répond pas. D’où cette idée simple et brillante : rendre le vol insupportable. Physiquement. Mentalement.
Une fois sentie, l’odeur s’incruste
La putrescine n’est pas dangereuse – c’était une exigence légale –, mais elle est redoutablement efficace. Aïko Leroux parle d’ »effet cognitif durable » : une fois sentie, l’odeur s’incruste, parasite toutes les autres pendant des jours. Le cerveau, en alerte, associe l’environnement au danger.
Lors des tests, même l’inventrice a eu du mal à se débarrasser de cette perception. Et pourtant, l’odeur se dissipe en quelques minutes. Le dispositif est calibré pour ne pas incommoder les passants – un subtil dosage entre efficacité et urbanité.
Le projet a nécessité plus de deux ans et demi de R&D. Aujourd’hui, une première série de 100 exemplaires est en précommande, réservée à des bêta-testeurs répartis entre la France, la Belgique, l’Espagne, l’Italie et le Luxembourg.
Deux prix sont annoncés : 179,99 € pour les précommandes, 259,99 € pour la version finale. Le lancement grand public est prévu pour 2026. La fabrication est intégralement française, assurée par des PME de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une production locale, une ambition globale : la startup a déjà intégré un incubateur et vise une commercialisation européenne auprès de revendeurs spécialisés.
CactUs Lock : un antivol en trois volets
CactUs Lock coche toutes les cases de la sécurité moderne :
- Résistance mécanique, avec un cahier des charges aligné sur les standards SRA & FUB.
- Signal visuel, via un design voyant et des pictogrammes avertisseurs.
- Réaction immédiate, avec un gaz nauséabond qui rend toute tentative insupportable.
Le slogan est à la hauteur de la promesse : « Trop piquant pour être volé. » Le nom, lui, joue sur l’ironie. « Ceux qui s’y frottent, s’y piquent », résume Aïko Leroux. Mais ici, pas d’épines : juste une expérience sensorielle que personne ne souhaite renouveler.
Dans un marché saturé de promesses non tenues, CactUs Lock propose autre chose. Une idée simple, radicale, efficace. Le vol n’est plus ralenti, il est empêché. Par le nez. Il fallait y penser. Et surtout, oser le faire.
Comme souvent, l’innovation naît là où on l’attend le moins. À la croisée de la chimie, du design industriel et du bon sens. CactUs Lock n’est pas qu’un antivol. C’est un signal. Une preuve que l’on peut encore surprendre dans un secteur saturé de solutions… inefficaces.