Épargne : 40 % de votre patrimoine pourraient s’évaporer d’ici fin 2025

L’épargne des ménages français est menacée. Chute de l’immobilier, faillites, inflation… Voici pourquoi 2025 s’annonce critique.

Alors que l’économie française cumule les signaux d’alerte, la valeur réelle de l’épargne des ménages est en passe de subir une érosion sans précédent. Inflation persistante, récession installée, crise immobilière, dette publique et tensions géopolitiques convergent pour menacer les patrimoines financiers, même modestes.

Un ralentissement économique durable

La Banque de France a abaissé à 0,6 % ses prévisions de croissance pour 2025, soit un niveau deux fois inférieur à celui anticipé neuf mois plus tôt. Le pays est officiellement en récession depuis la fin 2024. L’indicateur composite d’activité est tombé à 44,5 points en mai 2025, bien en deçà du seuil de 50 qui sépare expansion et contraction. Pour le cinquième mois consécutif, la France se positionne comme la lanterne rouge de la zone euro.

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L’industrie, en déclin continu depuis près de trois ans, affiche un indice d’activité de 45,5. Plus préoccupant encore, le secteur des services — historiquement plus résilient — a rejoint la zone de récession avec une chute à 44,5 points. Une configuration inhabituelle qui rappelle les pires moments de la crise financière de 2008.

Sur le front de l’emploi, les chiffres du premier trimestre 2025 confirment la tendance : 64 000 demandeurs d’emploi supplémentaires en trois mois, portant le total à 2,4 millions de personnes. Le taux de chômage atteint 7,4 % et pourrait monter à 7,9 % d’ici décembre, selon les prévisions de la Commission européenne. Parallèlement, les défaillances d’entreprises se multiplient : 17 845 structures ont fait faillite au premier trimestre, une hausse de 4,4 % sur un an, menaçant près de 71 000 emplois.

La guerre commerciale avec les États-Unis complique la donne

La situation intérieure s’aggrave sous l’effet d’un facteur externe décisif : la guerre commerciale relancée par les États-Unis. Depuis avril, l’administration Trump a réintroduit des droits de douane de 10 % sur les produits européens, étendus fin mai à 25 % sur l’acier, l’aluminium et les automobiles. Une nouvelle salve de sanctions, portant les tarifs à 50 % sur la totalité des importations européennes, est annoncée pour le 1er juin.

Selon la Banque de France, ces mesures pourraient retrancher 0,4 point au PIB français d’ici 2027. L’aéronautique, la pharmacie, les vins et spiritueux — secteurs particulièrement exposés — constituent ensemble plus du tiers des exportations françaises vers les États-Unis.

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Une inflation modérée mais destructrice

À première vue, l’inflation semble contenue : 0,8 % en rythme annuel en février 2025. Pourtant, son impact sur l’épargne reste significatif. À rendement constant, une inflation de 2 % érode 10 % de la valeur réelle d’un capital en cinq ans, rappelle une étude de l’OCDE. Avec une rémunération inférieure à l’inflation, la perte de pouvoir d’achat devient mécanique.

Les taux des produits d’épargne réglementée ont été revus à la baisse : le Livret A est passé à 2,4 %, le Compte Épargne Logement à 1,5 %. Des rendements insuffisants pour compenser la progression des prix, notamment en cas de reprise inflationniste. La prudence des consommateurs face à ce risque est désormais palpable dans les enquêtes de conjoncture.

L’immobilier, pilier fragilisé du patrimoine des ménages

Le ralentissement brutal du marché immobilier ajoute une pression supplémentaire sur les actifs des ménages. Les mises en vente de logements neufs ont reculé de 16,5 % au premier trimestre 2025 par rapport à l’année précédente. Les réservations enregistrent une baisse de 10,3 % sur la même période. Le volume de transactions, bien en deçà des niveaux pré-pandémie, confirme l’essoufflement du secteur.

Les prix commencent à céder dans plusieurs agglomérations, notamment dans les zones périurbaines et certaines métropoles régionales. Des analystes évoquent des baisses potentielles allant jusqu’à 30 % dans les cas les plus extrêmes, en cas de correction prolongée. La valeur immobilière, souvent perçue comme refuge, apparaît aujourd’hui plus vulnérable qu’elle ne l’a été depuis plus d’une décennie.

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Dette publique et vulnérabilité bancaire

L’endettement public atteint des niveaux préoccupants. En 2024, la dette française s’établissait à 3 305 milliards d’euros, soit 113 % du PIB. Le FMI anticipe une progression à 116 % d’ici la fin 2025. Le déficit reste durablement au-dessus de la cible européenne, à 5,6 % du PIB. Pour couvrir ses besoins de financement, l’État devra emprunter près de 300 milliards d’euros cette année.

Ce contexte nourrit les inquiétudes autour d’une possible crise de la dette souveraine. Le scénario d’un accroissement brutal de la charge de la dette — en cas de remontée des taux — pourrait contraindre l’exécutif à adopter des mesures impopulaires : hausses d’impôts, réductions de dépenses ou mécanismes exceptionnels de gestion des dépôts bancaires, comme cela a été envisagé en Grèce ou à Chypre.

Par ailleurs, l’ACPR souligne la vulnérabilité du secteur bancaire français face à une éventuelle correction des marchés. L’exposition au risque de taux, la volatilité accrue des actifs financiers et la concentration des encours dans des zones géographiques ou des secteurs fragiles figurent parmi les points d’alerte émis par l’autorité de régulation. La BCE, de son côté, relève des faiblesses persistantes dans la gestion du risque de crédit.

Stratégies de protection : prudence et diversification

Dans un environnement aussi instable, la diversification reste la stratégie défensive par excellence. Les produits garantis — Livret A, LEP (3,5 %) — offrent une sécurité mais une rentabilité limitée. Pour les profils à horizon long terme, des arbitrages vers des actifs tangibles (or, matières premières, foncier à l’étranger) ou des portefeuilles diversifiés hors zone euro peuvent permettre de diluer les risques locaux.

Concernant l’immobilier, il est conseillé d’analyser la liquidité réelle des biens et les dynamiques locales. Si une cession n’est pas envisageable, des stratégies de valorisation (mise en location meublée, rénovation énergétique) ou de diversification géographique (via des SCPI internationales, par exemple) peuvent limiter l’exposition à la baisse des prix.



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