Nutri-Score 2025 : ce qui va vraiment changer dans vos assiettes

Le Nutri-Score évolue en 2025 avec de nouveaux critères nutritionnels. Découvrez quels produits gagnent ou perdent des points et pourquoi cela bouleverse les rayons.

Adopté en 2017, le Nutri-Score s’est progressivement imposé comme un outil d’information nutritionnelle. Il attribue une lettre et une couleur à chaque produit alimentaire, selon sa composition. Derrière cet affichage simple se cache une mécanique complexe. En 2025, cette mécanique est revue. L’objectif est explicite : mieux faire correspondre la note à l’état des connaissances en nutrition.

Un Nutri-Score plus crédible

L’algorithme évolue sur plusieurs points. Les ajustements concernent à la fois les critères utilisés et leur pondération. Certains aliments gagneront une meilleure notation, d’autres seront déclassés. Le nouveau calcul se veut plus fidèle aux recommandations de santé publique, mais il produit aussi un signal adressé aux consommateurs et à l’industrie.

Graisses

Les graisses sont désormais mieux différenciées. Les saturées, associées aux risques cardiovasculaires, sont davantage pénalisées. Les insaturées, comme celles qu’on trouve dans les huiles végétales ou les poissons gras, sont revalorisées. Cela conduit, par exemple, à faire passer l’huile d’olive de la catégorie C à B, voire A. Un ajustement qui rapproche l’algorithme du consensus scientifique sur les apports lipidiques.

Les fibres, souvent absentes des produits ultra-transformés, obtiennent plus de poids dans le calcul. Pain complet, légumineuses, céréales non raffinées améliorent leur score. L’indicateur valorise les aliments à faible indice glycémique, en cohérence avec les recommandations nutritionnelles.

Autre changement notable : l’introduction d’un traitement spécifique pour les sucres dits « alternatifs » et les édulcorants. Jusque-là peu ou pas pris en compte, ils sont désormais intégrés. Cela modifie la notation de plusieurs catégories de produits, en particulier les sodas light. Certains passent de B à C ou D. Le message est clair : remplacer le sucre par des additifs n’équivaut pas à une amélioration nutritionnelle.

Boissons, produits laitiers, jus

Un autre ajustement concerne les boissons et les produits laitiers sucrés. Ils sont maintenant évalués à l’aide d’un algorithme spécifique aux boissons. Cela évite les biais liés à la comparaison directe avec les solides. L’eau reste la seule boisson systématiquement classée A. Les autres sont réévaluées selon leur teneur en sucres, calories, ou protéines. Les yaourts aux fruits, souvent bien notés, sont revus à la baisse si leur teneur en sucre dépasse un certain seuil.

30 à 40 % des produits reclassés

Selon les estimations, 30 à 40 % des produits actuellement commercialisés changeront de classe. Certains montent : huiles de colza ou de noix, produits complets, poissons gras. D’autres reculent : céréales sucrées, snacks industriels, viandes rouges. La volaille est favorisée. Les entreprises auront deux ans pour adapter leurs emballages. Un encadré « Nouveau calcul » pourra être apposé. Ce changement est technique, mais ses effets seront visibles dans les rayons.

Le Nutri-Score n’est pas obligatoire. Il reste un dispositif volontaire, mais son adoption par les grandes marques en fait un standard de fait. Il sert d’appui à des applications comme Yuka ou Open Food Facts, qui orientent les choix des consommateurs. Ces outils prolongent la logique du Nutri-Score en la rendant mobile, interactive, accessible.

Une pression croissante sur les industriels

Pour les producteurs, les incitations sont claires. Les produits mal notés risquent de perdre en attractivité. Certains industriels devront reformuler leurs recettes. D’autres choisiront d’assumer une note plus basse. Les producteurs artisanaux sont directement concernés, notamment dans les secteurs charcutiers et fromagers. « Si notre saucisson passe en D, on risque d’en vendre moins », indique un producteur de la Drôme.

Mais la réforme peut aussi être un levier de différenciation. Mieux noter un produit, c’est potentiellement gagner en part de marché. Plusieurs entreprises s’y préparent déjà.

Le Nutri-Score suscite des résistances dans plusieurs pays européens. L’Italie, en particulier, y voit une menace pour ses produits traditionnels : parmesan, jambon cru, huile d’olive. Une harmonisation à l’échelle européenne est discutée, mais aucun consensus ne se dégage. Les régimes alimentaires nationaux sont trop différents. La question est à la fois technique et politique.

Le Nutri-Score ne prend pas en compte le degré de transformation des aliments, ni la présence d’additifs, ni leur impact environnemental. Il ne distingue pas entre un produit bio et son équivalent conventionnel. Il se limite à une lecture nutritionnelle partielle. Certains experts plaident pour un indicateur plus large, combinant plusieurs dimensions : santé, durabilité, naturalité. Une perspective encore lointaine.


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