Lattes (Hérault) : 650 000 € d’amendes pour non-respect de la loi SRU

Les chiffres sont têtus. Vingt-cinq ans après son adoption, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) continue de buter sur des résistances locales. Dans l’Hérault, où la pression foncière ne cesse de grimper, les communes peinent à atteindre le seuil des 25 % de logements sociaux imposé par le texte. Le dernier bilan triennal est sans appel : 44 des 47 villes concernées restent en-deçà des objectifs, et 16 sont classées comme carencées. Un constat qui ne surprendra personne, mais qui souligne une fois de plus l’ampleur du fossé entre la volonté politique affichée et la réalité du terrain.

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Parmi ces communes en difficulté, Lattes, adossée à Montpellier, illustre parfaitement les contradictions de la politique du logement social en France. Avec seulement 11,61 % de logements sociaux, Lattes reste bien en dessous du seuil requis. Résultat : plus de 650 000 euros de pénalités par an. Une somme qui pèse lourd dans les finances municipales et alimente un débat qui dépasse largement les frontières de la métropole montpelliéraine.

Contraintes locales

Accusé d’inaction, le maire de Lattes, Cyril Meunier, fulmine. Il dénonce une analyse biaisée et défend son bilan : premier à imposer 30 % de logements sociaux en 2001, il rappelle que la commune subventionne chaque logement à hauteur de 2 500 euros.

Mais Lattes doit composer avec des obstacles bien réels. Le foncier se fait rare, les contraintes environnementales sont lourdes – notamment les risques d’inondation –, et chaque projet de construction devient un champ de bataille politique et juridique. À ces difficultés, s’ajoute un choix assumé : pas question de créer des ensembles exclusivement dédiés au logement social. « Je refuse de bâtir des cités », insiste le maire, préférant une intégration des logements sociaux dans des opérations privées. Une stratégie qui se veut pragmatique, mais qui ne convainc pas tout le monde.

Un manque de volonté ?

La Fondation pour le logement des défavorisés, elle, dénonce une dépendance excessive aux promoteurs privés, qui freinerait la dynamique de rattrapage du retard accumulé.

Et le problème ne se limite pas à Lattes. Dans de nombreuses communes, la loi SRU se heurte à un même écueil : l’articulation entre volonté politique et pression foncière. Entre contraintes locales bien réelles et stratégie discutable, Lattes est un cas d’école. Il met en lumière une équation toujours irrésolue : comment produire suffisamment de logements sociaux sans dénaturer l’identité des communes et Logement social : Lattes face à 650 000 € de pénalités annuelles pour non-respect de la loi SRUsans heurter les intérêts des acteurs locaux ?

La réponse, pour l’instant, reste en suspens. Mais une chose est sûre : la loi SRU ne se contente pas de fixer des objectifs, elle inflige aussi des sanctions. À Lattes, comme ailleurs, le logement social coûte cher – qu’on le construise ou qu’on ne le construise pas.


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