La liberté d’informer et d’analyser l’Histoire ne devrait jamais être un motif de sanction. Et pourtant, Jean-Michel Aphatie, l’un des journalistes politiques les plus aguerris de notre paysage médiatique, a décidé de quitter RTL après une suspension qu’il refuse d’accepter comme une punition légitime. Son crime ? Avoir osé rappeler une vérité historique incontestable : durant la colonisation de l’Algérie, l’armée française a perpétré des massacres de civils qui s’apparentent à celui d’Oradour-sur-Glane.
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Des faits historiques établis
Les faits sont établis. Les historiens sérieux, qu’ils soient français ou algériens, documentent depuis des décennies les exactions commises par l’armée coloniale, notamment lors de la conquête du pays au XIXe siècle, mais aussi pendant la guerre d’indépendance. Jean-Michel Aphatie n’a donc fait que son travail de journaliste : interroger la mémoire nationale, questionner le silence officiel et rappeler que la vérité historique ne saurait être à géométrie variable.
En sanctionnant ses propos, RTL cède aux pressions d’une opinion publique chauffée à blanc par une vision tronquée de l’Histoire. Pire, la station contribue à entretenir une forme d’amnésie collective qui voudrait que la France ne regarde son passé colonial qu’avec un prisme édulcoré, loin des réalités parfois effroyables qu’il recouvre. Ce réflexe défensif, qui confond débat historique et atteinte à l’identité nationale, est un poison pour notre démocratie.
Un geste fort
Jean-Michel Aphatie a refusé de cautionner une punition injustifiée, préférant quitter son poste plutôt que d’admettre une faute qui n’existe pas. Son geste est fort, symbolique, et il nous rappelle à tous qu’un journaliste digne de ce nom ne doit jamais plier face à la censure, qu’elle soit directe ou insidieuse.
Son départ est une perte pour RTL. Mais c’est surtout une alerte pour nous tous : quelle place reste-t-il dans notre société pour un débat honnête et rigoureux sur notre passé ? Si évoquer des faits historiques dérange au point de valoir une mise à l’écart, alors c’est bien plus qu’un journaliste que nous perdons : c’est une part de notre liberté d’expression qui s’efface.
Jean-Michel Aphatie mérite notre soutien. Il a choisi l’intégrité plutôt que la compromission. Dans un monde où le mensonge et l’oubli arrangent bien des pouvoirs, son courage est un phare. Puissions-nous être nombreux à refuser, comme lui, le confort du silence.