Le Sénat n’est guère habitué à de telles déflagrations. Ce 4 mars 2025, Claude Malhuret, sénateur de l’Allier et franc-tireur des débats parlementaires, a pourtant livré un discours d’une gravité saisissante. Plus qu’une indignation, un réquisitoire, un appel à la résistance. Face à l’abandon de l’Ukraine par les États-Unis de Donald Trump, face à la complaisance envers Vladimir Poutine et au risque de voir l’Europe basculer dans l’impuissance, Malhuret ne s’est pas contenté de dénoncer : il a désigné les coupables et appelé à la mobilisation.
Dans une séquence politique où la langue de bois domine, où les précautions diplomatiques anesthésient le débat, il a choisi la vérité brute, la clarté sans fard. Washington ? Une cour de Néron. « Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. » La formule est cinglante, le constat accablant. Pour Malhuret, il ne s’agit plus seulement d’une dérive illibérale, mais « d’un début de confiscation de la démocratie » américaine.
Une réalité glaçante
Mais ce qui frappe dans ce discours, ce n’est pas seulement la virulence du ton. C’est la rigueur de l’analyse. La rupture historique qu’il décrit est vertigineuse. Pour la première fois, un président des États-Unis tourne le dos à ses alliés, trahit un partenaire envahi par une puissance révisionniste, et offre un blanc-seing à Poutine. Malhuret met en lumière une réalité glaçante : « Le roi du deal est en train de montrer ce qu’est l’art du deal : la pleutrerie. Il pense qu’il va intimider la Chine en se couchant devant Poutine, mais Xi Jinping, devant un tel naufrage, est sans doute en train d’accélérer les préparatifs de l’invasion de Taïwan. »
Et tandis que les illusions tombent, le danger se précise. L’Europe est seule. Malhuret ne s’embarrasse pas d’euphémismes : « La défaite de l’Ukraine serait la défaite de l’Europe. Les pays baltes, la Géorgie, la Moldavie sont déjà sur la liste. Le but de Poutine est le retour à Yalta, où fut cédée la moitié du continent à Staline. » Le Kremlin veut le retour aux sphères d’influence, à un monde où les grandes puissances dictent le sort des nations plus faibles.
Vaincre les totalitarismes
Mais dans cette plongée dans l’abîme, le sénateur esquisse une lueur d’espoir. Car l’épreuve, dit-il, a réveillé les Européens. En un jour, à Munich, ils ont compris que leur survie dépendait d’eux-mêmes. « Le choc est violent, mais il a une vertu : les Européens sortent du déni. Ils ont compris en un jour que la survie de l’Ukraine et l’avenir de l’Europe sont entre leurs mains. » Fin de l’illusion du bouclier américain, fin du confort de la dépendance. Il faut « accélérer l’aide militaire à l’Ukraine, exiger des garanties de sécurité réelles et bâtir une défense européenne forte. »
Ce que Malhuret formule, au-delà du constat, c’est une nécessité historique. L’Europe doit cesser d’être un spectateur et devenir un acteur. Nos prédécesseurs ont vaincu le fascisme et le communisme, rappelle-t-il. « Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIe siècle. »
Excellent !
» Pays Baltes » pas » Pays-Bas » …