Dans les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise et les EHPAD, le bruit ambiant constitue une nuisance quotidienne. Parmi les sources identifiées figurent l’entrechoquement des assiettes, des couverts et des plateaux. À long terme, cette pollution sonore affecte le confort des usagers et la santé des personnels exposés en continu.
Pour répondre à cette problématique, la deeptech bordelaise Quiet a mis au point une vaisselle conçue pour absorber les chocs acoustiques. Son innovation repose sur une combinaison de verre trempé et d’un élastomère alimentaire, une association qui permet de réduire significativement le bruit tout en garantissant robustesse et durabilité.
Un problème sous-estimé en restauration collective
L’idée est née en 2018 sous l’impulsion de l’un des trois cofondateurs, fort de quarante ans d’expérience dans la restauration collective. Confronté aux niveaux sonores élevés dans les cantines et restaurants collectifs, il identifie un enjeu sous-estimé : l’exposition répétée au bruit contribue à la fatigue et peut, à terme, entraîner des troubles auditifs chez le personnel.
Partant de ce constat, l’équipe de Quiet décide de développer une alternative aux assiettes classiques en combinant les avantages du verre trempé, reconnu pour sa résistance, et de l’élastomère, capable d’absorber les chocs sonores.
Quiet, une innovation scientifique et technologique
Dès 2019, Quiet s’associe aux chercheurs en chimie des polymères du laboratoire « Ingénierie des Matériaux Polymères » (IMP) de Lyon, rattaché à l’INSA Lyon et au CNRS. La collaboration vise à développer un élastomère alimentaire qui puisse adhérer durablement au verre trempé tout en résistant aux cycles répétés de lavage en milieu industriel. Après plusieurs mois de recherche et de tests, un revêtement en silicone est mis au point. Selon Quiet, cette technologie permet de réduire le bruit des chocs de 85 % par rapport à une assiette classique.
Après une phase de tests menée dans trois écoles de Talence, les premiers résultats confirment l’efficacité de cette innovation. Les élèves évoluent dans un environnement sonore apaisé, tandis que les équipes de restauration constatent une diminution de la fatigue auditive.
Fort de ce succès, Quiet lance en 2022 la commercialisation de sa vaisselle. Plusieurs établissements ont déjà adopté cette solution, notamment la gendarmerie de Mont-de-Marsan et l’EHPAD Terre-Nègre à Bordeaux. L’entreprise a également remporté un appel d’offres pour fournir 17 000 unités à une grande métropole.
Des partenaires scientifiques et financiers engagés
L’intérêt croissant pour la vaisselle de Quiet s’explique par plusieurs facteurs. Son innovation repose sur une technologie différenciante qui associe verre trempé et élastomère, un procédé inédit dans le domaine de la restauration collective. L’entreprise bénéficie d’une collaboration scientifique solide avec des laboratoires de recherche reconnus. Elle s’appuie également sur des soutiens institutionnels, notamment de Bpifrance, de la région Nouvelle-Aquitaine et de l’incubateur Unitec Bordeaux.
Quiet doit encore surmonter certains défis, notamment le coût de production. Une assiette conçue par l’entreprise est vendue à six euros, contre un à quatre euros pour une assiette classique. Pour justifier cet écart, Quiet met en avant sa durabilité accrue, qui permet de limiter les coûts de remplacement à long terme.
Le second enjeu porte sur le recyclage. À ce jour, il n’existe pas de filière spécifique permettant de traiter simultanément le verre trempé et l’élastomère. L’entreprise travaille sur des solutions pour assurer la récupération et la revalorisation de ses produits en fin de vie.
En combinant innovation technologique, ancrage scientifique et approche industrielle, Quiet propose une réponse concrète à un problème longtemps négligé. Lauréate du Prix French Tech Bordeaux et du Décibel d’Or, l’entreprise poursuit son développement et envisage une expansion à l’international.