C’est un épilogue sans éclat pour Hyvia. La coentreprise entre Renault et l’américain Plug, censée faire de l’utilitaire à hydrogène une réalité industrielle, a été placée en liquidation judiciaire le 18 février 2025. L’aventure, lancée en fanfare en 2021, n’aura donc duré que trois ans. Trop court pour imposer une nouvelle technologie. Trop long pour un marché qui n’existe pas.
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Le pari impossible de l’hydrogène
Le constat est implacable : le véhicule utilitaire à hydrogène ne trouve pas preneur. Pas assez d’infrastructures, des coûts de production faramineux, une concurrence féroce des batteries électriques, et surtout, un modèle économique bancal. Luca de Meo, directeur général de Renault, l’avait lui-même reconnu : « En gros, il n’y a pas de marché sur le véhicule hydrogène ». Vendre à perte avec des subventions ne suffit pas à bâtir une industrie viable.
Hyvia avait pourtant mis les moyens : deux sites en Île-de-France, un Renault Master revisité pour rouler à l’hydrogène, et des promesses d’avenir décarboné. Mais, l’hydrogène reste une solution d’avenir qui tarde à devenir une solution du présent.
Un naufrage aux multiples causes
La chute de Hyvia illustre l’une des failles du pari hydrogène : une équation économique impossible à résoudre à court terme. Produire et distribuer l’hydrogène coûte cher, trop cher. Les piles à combustible restent un casse-tête technologique. Et pendant ce temps, la voiture électrique classique progresse à grands pas, poussée par des coûts en baisse et des infrastructures en expansion.
Le redressement judiciaire, prononcé en décembre 2024, avait laissé un espoir de reprise. Mais aucun investisseur n’a voulu se jeter dans l’aventure. Trop risqué. Trop incertain. La liquidation judiciaire était donc inévitable.
Hyvia : un impact social et industriel considérable
Derrière les chiffres et les constats froids, il y a 110 salariés touchés par la fermeture des sites de Flins et de Villiers-Saint-Frédéric. Certains ont déjà été reclassés chez Renault. D’autres devront se reconvertir. Pour les syndicats, c’est une occasion manquée. « On ne peut pas, en trois ans, rendre une technologie rentable », déplore Laurent Gilbot, représentant CGT. Une impatience industrielle qui condamne des projets avant même qu’ils aient pu mûrir.
Renault n’abandonne pas l’hydrogène
Pour Renault, ce n’est pas la fin de l’hydrogène. L’échec de Hyvia ne signifie pas l’abandon total de cette technologie. Le groupe explore d’autres pistes, comme le moteur à hydrogène développé par Alpine ou des véhicules électriques équipés d’un prolongateur à hydrogène. Mais l’heure est aux choix stratégiques. L’électrique s’impose. L’hydrogène, lui, reste dans l’ombre.