Pendant ce temps, les États-Unis caracolaient avec une progression impressionnante de 90 %, et même l’Allemagne, souvent moquée pour son « modèle rigide », a avancé de 19 %. Mais le plus inquiétant ? Pendant que notre économie piétinait, notre dette nationale, elle, a doublé. Une situation intenable, mais pourtant largement ignorée dans le débat public.
Pourquoi un tel déclin ? Le constat est clair : nous n’avons pas pris les bonnes décisions. La France reste coincée dans un modèle sclérosé, empêtrée dans des blocages syndicaux, des médias focalisés sur le court terme, et une classe politique plus soucieuse de plaire que de réformer. Résultat : l’industrie, pilier de notre économie il y a encore 50 ans, ne représente plus aujourd’hui que 11 % de notre PIB, contre 41 % en 1973. C’est simple : on a laissé notre appareil productif s’effondrer.
Pourtant, ce n’est pas faute de savoir ce qu’il faut faire. Les rapports s’accumulent, les recommandations de la Cour des Comptes aussi. Et pourtant, on recule devant les choix difficiles. Pourquoi ne pas, par exemple, s’attaquer au millefeuille administratif, ou encore revoir notre fiscalité sur les entreprises, l’une des plus pénalisantes d’Europe ? Chaque année, 200.000 fonctionnaires partent à la retraite, mais on continue de les remplacer systématiquement, comme si le poids de l’administration n’était pas déjà un frein énorme.
Même le débat politique reste hors-sujet. Lorsque Laurent Wauquiez prend la parole, ce n’est pas pour discuter de réformes structurelles ou de l’urgence de réindustrialiser. Non, il préfère surfer sur des thèmes consensuels comme le maintien des retraites, un sujet certes important, mais loin d’être le cœur du problème. Et les investisseurs ? On les effraie avec une fiscalité écrasante et des normes kafkaïennes, tandis que 60.000 emplois industriels restent vacants faute de compétences adaptées.
Le problème, ce n’est pas qu’on manque d’idées : on manque de courage. Depuis 40 ans, on repousse les réformes, préférant masquer les symptômes au lieu de traiter la maladie. Mais à force d’attendre, on ne fait que prolonger l’agonie de notre économie. Si Michel Barnier, ou tout autre leader, ne prend pas à bras le corps cette question, la France continuera de s’appauvrir.
La réindustrialisation est possible, mais elle passe par des mesures radicales : alléger la fiscalité sur la production, simplifier les procédures, investir dans la formation, et surtout, rendre la France attractive pour les investisseurs. Il faut comprendre une chose : la rentabilité n’est pas un gros mot, et l’attractivité financière est la clé pour redonner vie à notre appareil industriel. Créer un fonds souverain ? Une bonne idée, mais ce n’est qu’un début.
Le vrai enjeu est ailleurs : oser parler des vrais problèmes, et surtout, avoir la volonté de les résoudre.
Julien Decourt