La nouvelle ministre est une femme à la fois politique, volontaire et expérimentée. Présidente de la Communauté d’agglomération de Valenciennes entre 2008 et 2016, conseillère régionale des Hauts de Seine entre 2016 et 2021, plusieurs fois sénatrice et députée, Secrétaire d’Etat entre 2007 et 2010, l’expérience politique ne lui fait pas défaut.
Elle est à la fois proche du terrain, administratrice de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), elle dépose un rapport sur l’efficacité des politiques de la ville. Au Sénat, elle est à l’initiative de rapports et propositions de lois très techniques comme le rapport sur l’avenir de la sidérurgie en 2019. Plusieurs de ses propositions de loi furent adoptées dans le cadre de ses missions au Sénat : la loi sur la lisibilité du droit, la loi de protection des mineurs contre l’usage du protoxyde d’azote, la loi créant l’aide universelle d’urgence pour les victimes de violences conjugales. Lors du vote de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette), elle arrive à faire amender le texte pour corriger les blocages du projet initial.
L’heure est à l’action
Valérie Létard est aussi indiscutablement une femme d’action. Elle est réélue députée en 2024 en réalisant une efficace campagne de terrain : « Oui, il faudra demain des députés d’expérience pour s’emparer des dossiers qui impactent la vie quotidienne de nos habitants » déclare-t-elle le 3 juillet sur son compte X.
Après une rencontre avec les représentants de la Fédération Française du Bâtiment, « l’heure est à l’action » déclare-t-elle. Après sa nomination ministérielle « Il (Michel Barnier) pourra compter sur moi pour porter et coconstruire avec les acteurs du logement des solutions concrètes pour répondre à l’urgence et dresser des pistes pour l’avenir. Le logement est un enjeu majeur et prioritaire ».
La ministre de la dernière chance
Les constructeurs ne bâtissent plus. Les investisseurs n’investissent plus, les Français n’arrivent plus à se loger. Le constat de la crise du logement est lourd. La nouvelle ministre doit introduire des réformes pour améliorer l’accès au logement, ajuster les politiques de construction, adoucir les contraintes. Il faut s’attaquer à cette crise du logement en mettant en œuvre des mesures pour augmenter l’offre, notamment par la construction de nouveaux logements, par la relance de l’investissement privé avec un véritable pacte locatif citoyen et par des aides ciblées vers les primo-accédants.
La ministre Madame Létard s’affranchira-t-elle du macronisme ? Le président n’a jamais eu le goût pour les questions de l’investissement immobilier, y compris pour la résidence principale. Aucun ministre du logement depuis sept ans n’a eu les coudées franches pour mener une politique volontariste. S’affranchira-t-elle aussi des blocs en présence à l’assemblée nationale dont chacun voudra imposer son programme politique pour le logement ?
Le rééquilibrage nécessaire des finances publiques ne va pas non plus lui simplifier la tâche. Une pression fiscale supplémentaire sur les propriétaires-bailleurs serait très néfaste à un retour de la confiance.
Il faudra à la fois beaucoup de pédagogie et d’idées novatrices pour engager les mesures appropriées et surtout pour redonner confiance en la valeur pierre. Madame Létard est la ministre de la dernière chance. Souhaitons lui la réussite.
André Perrissel
Institut Janus
