Comment rendre le cloud plus durable en 2024 ?

L'adoption massive du cloud par les entreprises françaises s'inscrit dans une tendance globale de transformation digitale. Cette migration vers des infrastructures virtuelles offre de nombreux avantages en termes de flexibilité, d'agilité et de réduction des coûts. Cependant, elle soulève également des questions cruciales concernant son impact environnemental.

Si le cloud présente des atouts en matière d’efficacité énergétique par rapport aux datas center traditionnels, il est essentiel de considérer l’ensemble de son cycle de vie, depuis la production des serveurs jusqu’à la gestion des données. En effet, la consommation d’énergie des centres de données reste un enjeu majeur, et les émissions de gaz à effet de serre liées au cloud ne sont pas négligeables.

Des engagements concrets des fournisseurs de services cloud

Face à ces enjeux environnementaux, les principaux fournisseurs de services cloud (FSC) tels que Google, AWS et Azure ont démontré leur efficacité dans la réduction de leur empreinte carbone et ont établi des objectifs clairs pour atténuer davantage leur impact environnemental. Ils ont mis en place des mesures concrètes pour réduire leur empreinte carbone, comme :

  • L’utilisation d’énergies renouvelables : Les FSC investissent massivement dans les énergies propres, comme l’énergie solaire et éolienne, pour alimenter leurs datas Centers. Ainsi, le centre de données AWS de la région parisienne fonctionne désormais entièrement à l’énergie renouvelable. Il s’agit d’un exemple notable, et d’autres fournisseurs de services cloud prennent également des engagements similaires. Par exemple, Google s’est engagé à atteindre 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2030.

  • L’allongement de la durée de vie du matériel : Les serveurs sont des éléments clés de l’infrastructure cloud et leur production génère des impacts environnementaux importants. En prolongeant la durée de vie des serveurs, les FSC réduisent la nécessité de produire de nouveaux équipements et minimisent les déchets électroniques. A ce titre, AWS a mis en œuvre des mesures pour la prolongation de la durée de vie du matériel dans ses centres de données de 3 à 5 ans, le passage à des carburants alternatifs pour les générateurs de secours et l’intégration de matériaux plus durables dans la construction des data center.

  • L’optimisation des infrastructures : Les FSC mettent en œuvre des technologies innovantes pour optimiser l’utilisation de leurs infrastructures, comme la virtualisation et le cloud computing. Cela permet de réduire la consommation d’énergie et d’améliorer l’efficacité des centres de données.

Une responsabilité partagée avec les entreprises  

Si les FSC jouent un rôle essentiel dans la réduction de l’impact environnemental du cloud, les entreprises ont également une responsabilité partagé en matière de durabilité du cloud. Elles doivent adopter une approche frugale dans l’utilisation des ressources cloud et optimiser leurs applications actuelles tout en ayant la capacité de mesurer continuellement leur impact environnemental. Le projet SCI (Software Carbon Intensity) et la Green Software Foundation ont a cet effet défini une méthode pour mesurer l’impact d’une charge de travail ou d’une application.

Comment contribuer au développement durable dans son entreprise ?

Lors de l’adoption de nouveaux services cloud, la promotion de pratiques durables devient essentielle, en mettant l’accent sur leur intégration dans les exigences non fonctionnelles ou commerciales. Cet effort peut aller de la sélection initiale d’un langage de programmation efficace à l’adoption d’algorithmes modernes, en passant par l’utilisation de techniques de stockage de données efficientes, le déploiement sur une infrastructure informatique correctement dimensionnée et efficace, et la réduction des besoins en matériel haut de gamme pour les utilisateurs finaux.

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Des bonnes pratiques pour un cloud durable

De nombreuses bonnes pratiques permettent ainsi aux entreprises de réduire l’impact de leur utilisation du cloud. Certaines peuvent déjà être mis en œuvre par les organisations de manière instinctive, mais d’autres peuvent nécessiter un changement de mentalité pour être pleinement adoptées. Parmi les plus importantes, on peut citer :

  • La sélection de la région du centre de données en fonction de son empreinte carbone: Lors de la sélection, les entreprises doivent évaluer des facteurs tels que la conformité, la latence, le coût, le service et les fonctionnalités, en mettant l’accent sur les régions à faible empreinte carbone.

  • La conception d’une architecture cloud native efficiente : Les architectures cloud natives, basées sur des microservices et des conteneurs, permettent une utilisation plus flexible et efficace des ressources cloud.
  • Le dimensionnement correct des machines virtuelle en fonction des besoins réels des applications.

  • L’utilisation de matériel à jour et de technologies économes en énergie: Les nouvelles générations de serveurs sont généralement plus efficientes sur le plan énergétique. Il est important de mettre à jour régulièrement le matériel et d’opter pour des technologies économes en énergie.

  • La mise en place de politiques de gestion du cycle de vie des données: Les données stockées dans le cloud doivent être gérées de manière responsable, en supprimant les données inutiles et en archivant les données sensibles de manière sécurisée.

  • La Surveillance et gestion du matériel inactif pour minimiser le gaspillage de ressources.

  • L’Implémentation de plannings automatiques de démarrage/arrêt pour les machines virtuelles.

L’impact environnemental des modèles de langage d’IA utilisés sur le cloud est important. Les grandes entreprises doivent maintenant aligner leurs projets d’IA avec leurs objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) lorsqu’elles choisissent des modèles de langage comme GPT-4 ou Llama pour leurs besoins spécifiques. Certains de ces modèles, surtout les grands modèles de langage, demandent beaucoup de puissance de calcul et augmentent ainsi l’empreinte carbone. C’est pourquoi choisir des modèles plus petits et plus efficaces pourrait être une solution plus écologique et adaptée à certains usages.

Il est donc crucial d’être plus transparent sur l’impact environnemental des modèles d’IA utilisés sur le cloud. Les entreprises qui proposent ces modèles doivent clairement indiquer la consommation d’énergie et l’empreinte carbone de leurs modèles, pour que les entreprises puissent faire des choix éclairés en lien avec leurs objectifs ESG.

S’il reste encore du chemin à parcourir pour un cloud véritablement durable, les efforts collectifs des hyperscalers du cloud positionnent les services cloud comme une alternative de plus en plus respectueuse de l’environnement par rapport aux anciens centres de données. Toutefois, bien que les services cloud offrent certains avantages en termes de durabilité, il est important de noter que l’impact environnemental global peut varier en fonction de facteurs tels que le fournisseur de services cloud spécifique, l’emplacement des centres de données et la composition énergétique de la région où se trouvent ces derniers. Avec tout cela à l’esprit, les entreprises ont toutes les cartes en main pour prendre des décisions éclairées et travailler à la sobriété numérique de leur usage du cloud, conformément à leurs objectifs ESG.

Stuart Bryan

Tech Lead innovant et responsable du centre de compétences AWS pour Meritis


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