La pépite toulousaine qui rend les tracteurs agricoles autonomes

La start-up toulousaine veut faciliter la transition vers une agriculture autonome et durable.

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Agreenculture, jeune pousse toulousaine spécialisée dans la robotisation des engins agricoles, vient de franchir un cap stratégique. Elle boucle une levée de fonds de 6 millions d’euros en série A, soutenue par Supernova Invest, fonds dédié à la deeptech, le néerlandais Future Food Fund et Unilis, filiale d’Unigrains. Une ligne de crédit du Crédit Agricole Toulouse 31 vient compléter l’opération. Cette injection de capital doit permettre à la start-up de basculer vers une phase industrielle, dans un contexte où l’agriculture est en pleine recomposition.

Un kit d’autonomie prêt à être déployé massivement

Créée en 2016, Agreenculture a conçu un système modulaire capable de transformer un tracteur classique en machine autonome. Son produit principal, l’AGC Autonomy Kit, se fixe directement sur le toit des véhicules. Il regroupe des antennes GNSS, des capteurs, une unité de calcul embarquée et un système de vision piloté par intelligence artificielle. Résultat : les engins peuvent exécuter des missions en toute autonomie, en suivant des itinéraires programmés, sans intervention humaine.

Le dispositif respecte les normes européennes de navigation autonome hors voirie et repose sur une technologie de positionnement sécurisé, baptisée S-RTK. Une barrière virtuelle, le « safencing », limite l’action du véhicule à son périmètre de travail. Plus d’une centaine de machines sont déjà équipées, dans différentes configurations de culture.

Trois axes pour accélérer : ventes, standards, production

Avec ses 57 salariés, majoritairement des ingénieurs, Agreenculture compte investir les fonds dans trois directions : l’industrialisation, la standardisation de ses technologies et le développement de son réseau commercial. Objectif : rendre son kit plus facilement intégrable pour les fabricants de machines, en renforçant la fiabilité, la simplicité d’usage et la reproductibilité de ses solutions.

La standardisation logicielle est un point-clé. Elle doit permettre à des opérateurs peu familiers avec la robotique de s’approprier rapidement la technologie. L’entreprise vise aussi d’autres segments que l’agriculture traditionnelle, notamment les secteurs para-agricoles, confrontés aux mêmes enjeux de pénibilité et de rationalisation.

Robotisation agricole : une réponse aux demandes du monde agricole

L’agriculture traverse une phase de mutation rapide. Automatisation, contraintes environnementales et pénurie de main-d’œuvre poussent les exploitants à revoir leurs outils. La promesse d’Agreenculture : redonner du temps aux agriculteurs pour les tâches à forte valeur ajoutée – stratégie, planification, contrôle qualité – en déléguant le travail répétitif aux machines.

La démarche technologique de l’entreprise repose sur une double équation : améliorer la rentabilité des exploitations tout en préparant la transition vers des pratiques plus durables. L’idée n’est pas de remplacer l’homme, mais de réorganiser son rôle au sein de l’exploitation.

L’autonomie des machines ouvre aussi des perspectives dans des secteurs plus intensifs en main-d’œuvre, comme l’agriculture biologique. Agreenculture est l’une des entreprises soutenues par France 2030 via le programme « Investir dans une alimentation saine, durable et traçable ». Une reconnaissance institutionnelle qui valide la pertinence de ses solutions pour une agriculture plus sobre.

L’entreprise revendique une approche pragmatique : la technologie doit être un levier d’accompagnement, pas une fin en soi. Elle entend répondre aux exigences économiques sans sacrifier les impératifs environnementaux.

La filière viticole en priorité

Agreenculture a déjà signé des partenariats avec plusieurs constructeurs : Pellenc, Kubota ou encore Kuhn. Ses systèmes sont utilisés en viticulture, en grandes cultures et dans le maraîchage. La filière viticole, en difficulté économique mais techniquement avancée, reste une priorité, tout comme l’élargissement du déploiement à l’échelle européenne.

À rebours des logiques de volume, la start-up mise sur une mesure fine de la valeur : les heures d’utilisation sur le terrain. Sa croissance ne se juge pas au nombre de kits vendus, mais à leur adoption réelle par les utilisateurs. Une exigence qui impose de passer maintenant à la vitesse industrielle.



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