Renault quitte la catégorie des emprunteurs spéculatifs. Jeudi, l’agence de notation S&P Global Ratings a relevé la note de crédit long terme de Renault SA à « BBB- », ce qui fait basculer le constructeur automobile dans la catégorie dite « investment grade ». Un symbole fort pour une entreprise qui avait perdu ce statut en avril 2020, en pleine tempête post-Ghosn et alors que ses résultats financiers s’effondraient.
Une dégradation historique liée à une crise de gouvernance
À l’époque, la chute du patron charismatique Carlos Ghosn avait précipité le groupe dans une zone de fortes turbulences. Baisse des ventes, perte de repères stratégiques, image écornée : Renault avait vu sa note tomber dans la catégorie « junk », celle des emprunteurs jugés plus risqués. Pour inverser la tendance, la direction a lancé une restructuration musclée, supprimé des capacités de production, revu ses partenariats, et surtout redéfini son positionnement stratégique avec un recentrage sur la rentabilité plutôt que sur la course aux volumes.
Le retour dans la catégorie « investissement » était un objectif affiché de la direction. Il ne s’agit pas que d’un label symbolique : cette amélioration permet à Renault de bénéficier de meilleures conditions d’emprunt et de redevenir éligible à certains investisseurs institutionnels, qui ne peuvent intervenir que sur des titres investment grade. À la clé, un soutien potentiel au cours de Bourse et un accès au crédit facilité. En pleine phase d’investissements pour l’électrification de ses gammes, Renault a besoin de cette respiration.
La décision de S&P n’est pas encore partagée par tout le monde. Si l’agence relève la note d’un cran, de « BB+ » à « BBB- », avec une perspective stable, Moody’s, autre grande agence de notation, maintient Renault dans la catégorie « spéculative ». Le groupe devra donc encore convaincre pour sortir complètement de la zone grise.


