Combien gagne un avocat débutant ?

Combien gagne un jeune avocat ? Des barèmes réévalués, des écarts territoriaux marqués, et une précarité persistante dès l’entrée dans la profession.

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L’année 2025 confirme une profession d’avocat plus nombreuse, davantage féminisée et marquée par des écarts croissants de rémunération. Les données issues de la CNBF, du CNB, des ordres et des organisations professionnelles soulignent aussi la précarité persistante des élèves-avocats et les contrastes territoriaux. Les effectifs, les niveaux de rémunération et les barèmes applicables montrent une croissance démographique continue, mais aussi de fortes disparités entre Paris et la province, une valorisation lente des minima de collaboration et une gratification étudiante qui reste encadrée entre 60 % et 85 % du SMIC.

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La France compte 77 598 avocats en 2025. Le nombre d’inscrits progresse de 27 % en dix ans, soit une hausse moyenne de 2,6 % par an. Paris concentre 43 % des professionnels. La féminisation s’accentue : 57 % des avocats sont des femmes et elles représentent 75 % des collaborateurs. Le revenu médian s’établit à 49 342 €/an en 2022, avec des débuts de carrière autour de 34 627 €, et 33 000 € pour une avocate débutante. Les minima de rétrocession pour les collaborations parisiennes atteignent 3 600 € et 4 000 € en 2025. La gratification obligatoire des élèves-avocats reste comprise entre 60 % et 85 % du SMIC, soit sur la base d’un salaire minimum fixé à 1 801,80 € brut en 2025. Les conventions-type de stage deviennent obligatoires au 1er janvier 2025.

Une profession en croissance mais très segmentée

L’augmentation régulière du nombre d’avocats s’accompagne d’une concentration accrue. Près de la moitié des professionnels exercent à Paris, où les opportunités demeurent plus nombreuses et les niveaux de rémunération plus élevés. Dans la capitale, les tarifs de collaboration libérale fixés par l’UJA Paris atteignent 4 400 € et 4 850 € en 2025. En province, les montants oscillent entre 1 800 € et 3 000 € HT.

Le statut de collaborateur libéral, défini par le RIN (article 14.1), structure l’essentiel de l’exercice débutant : 92 % des collaborations s’effectuent à temps plein dans ce cadre. Les avocats salariés, eux, relèvent de deux conventions collectives distinctes avec des fourchettes de rémunération comprises entre 31 494 € et 52 131 € par an en 2025.

Les débuts de carrière restent marqués par des revenus modestes et un rythme d’installation souvent long. L’entrée dans la profession s’accompagne des cotisations CNBF de début d’activité, tandis que le plafond horaire de la Sécurité sociale cadre la gratification minimale des stages. De son côté, le CNB impose désormais une convention-type pour toutes les périodes de stage dès 2025.

Des organisations professionnelles mobilisées

Les positions exprimées par les instances et syndicats témoignent des préoccupations récurrentes. L’UJA Paris défend le tarif plancher, estimant qu’il reflète les charges croissantes des cabinets, notamment dans la capitale. « tarif plancher » affirme l’UJA Paris. Pour le CNB, la revalorisation de la gratification des élèves-avocats constitue une priorité face à l’augmentation des coûts de formation. L’institution appelle à relever les minima pour mieux accompagner l’entrée dans la profession.

Le SAF met en avant la situation des plus jeunes. « précarité » indique-t-il, tout en critiquant la hausse des frais pédagogiques des écoles d’avocats. Les ordres rappellent que les minima de rétrocession sont fixés localement et qu’ils doivent respecter l’obligation de plancher prévue par le RIN pendant les deux premières années d’exercice.

Plusieurs mesures ont été adoptées ou renforcées : revalorisation des minima à Paris et à Marseille, publication d’une convention-type CNB pour les stages, et application de l’avenant n° 28 prévoyant +3 % sur les salaires minima des avocats salariés.

Disparités, précarité et attractivité en question

L’analyse des données montre des écarts croissants entre femmes et hommes. Après huit ans d’exercice, les revenus F/H présentent un différentiel atteignant +50 %. La féminisation de la profession ne s’accompagne donc pas d’une convergence des rémunérations.

Les élèves-avocats restent dans une situation fragile. Leur gratification, souvent inférieure au SMIC, ne compense pas les frais de formation et de déplacement. La perspective d’un statut spécifique ou d’un véritable régime d’apprentissage est encore discutée mais n’a pas été tranchée. L’absence de cadre protecteur renforcé crée un décalage notable entre le niveau d’études (Bac+7) et la rémunération perçue en stage.

Les disparités territoriales demeurent nettes. Le contraste entre Paris et la province se retrouve dans les revenus, les frais de structure et la capacité d’intégrer les jeunes collaborateurs. Les cabinets de business law affichent des rémunérations bien supérieures, dans une fourchette allant de 50 000 € à 120 000 €, mais les montants précis des praticiens anglo-saxons parisiens ne sont pas publiés.

La profession fait également face à plusieurs controverses persistantes : contournement des tarifs UJA par des collaborations inter-barreaux, comparaison défavorable avec certains emplois peu qualifiés en matière de rémunération débutante, absence de statut dédié pour les élèves-avocats, et débat encore ouvert sur l’apprentissage juridique.

En parallèle, la question de l’application effective des minima conventionnels reste posée. Le contrôle varie selon les barreaux et aucune donnée consolidée ne permet de mesurer l’ampleur de ce suivi. Plusieurs incertitudes demeurent : évolution des minima en province, calendrier de la réforme du statut des élèves-avocats, et niveau réel des revenus dans les cabinets internationaux.



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