Portugal : ces métiers où un Français trouve un poste rapidement

Avant de partir au Portugal, mieux vaut mesurer l’écart entre marché du travail porteur et coût du logement, devenu le principal frein pour les salariés.

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Travailler au Portugal reste d’une grande simplicité pour un Français. La libre circulation européenne suffit : carte d’identité, arrivée sur place et recherche d’emploi immédiate. Aucun visa, aucun permis.
Passé trois mois, une étape devient obligatoire : l’obtention du certificat d’enregistrement de citoyen de l’UE auprès de la mairie. Ce document conditionne l’accès aux services essentiels, de la sécurité sociale au système bancaire. Il s’obtient en quelques semaines. Trois semaines permettent généralement de passer du statut de visiteur à celui de salarié installé.

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Un marché dynamique, sous tension

Le chômage se maintient à un niveau bas : 5,9 % en octobre 2025, en recul sur un an. Les besoins de main-d’œuvre restent élevés, au-delà des niveaux d’avant-Covid selon l’OCDE. Agriculture, construction, tourisme, services : les employeurs peinent à recruter.
Cette demande soutenue attire toujours davantage d’étrangers. Fin 2024, 1,5 million de résidents non portugais — 14 à 15 % de la population — étaient recensés. La France occupe une place notable : environ 1 200 filiales françaises emploient 100 000 salariés dans l’automobile, l’aéronautique, la chimie ou l’énergie. Pour un profil qualifié, ces implantations ouvrent des perspectives réelles.


Les rémunérations progressent mais restent modestes. Le salaire minimum atteint 870 euros bruts (1 015 euros équivalent 12 mois). Les salaires réels se redressent, sans retrouver les niveaux de 2021. Le décalage avec la France demeure marqué, sans estimation officielle récente de l’ampleur exacte.

Le logement, principal obstacle

La hausse immobilière pèse lourd. Les prix ont augmenté de 9,1 % en 2024 et devraient gagner 14 % supplémentaires début 2025. Les loyers suivent la même trajectoire : +9,3 % en un an, avec un médian national à 8,43 €/m² et un niveau lisboète proche de 15,93 €/m².
La charge locative devient critique : environ 50 % du salaire part dans le loyer, loin du seuil de soutenabilité de 30 % retenu par l’ONU et l’OCDE. À Lisbonne, louer un deux-pièces entre 800 et 1 000 euros avec un salaire local de 1 500 euros bruts laisse peu de marge. Cette pression alimente la progression des travailleurs pauvres, relevée au printemps par Le Monde, malgré une conjoncture économique jugée « robuste et flexible » par le Trésor français.
Certains secteurs continuent toutefois d’embaucher : tourisme (27 milliards d’euros de recettes en 2024), automobile, énergies renouvelables, métiers de la transition verte et numérique. Ces domaines concentrent les besoins les plus importants, avec une demande forte pour les profils techniques.

Nouveaux durcissements migratoires

Les règles d’immigration ont changé en 2025 pour les ressortissants de pays tiers. Le protocole « Via Verde » a accéléré au printemps l’instruction des visas, avant un tournant restrictif à l’automne : regroupement familial réduit, critères resserrés pour les travailleurs qualifiés, fin des visas touristiques convertibles en titres de séjour.
Le gouvernement intérimaire a annoncé 18 000 expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Ces mesures n’affectent pas les citoyens européens, dont la libre circulation demeure intacte. Elles modifient toutefois l’environnement démographique et politique, dans un débat devenu plus clivant.
Le droit du travail évolue lui aussi. Le projet « Trabalho XXI » prévoit davantage de flexibilité et un encadrement renforcé du télétravail. Le texte a été adopté en Conseil des ministres mais n’est pas encore promulgué, dans un climat de grève générale annoncée.

Les zones d’ombre persistent. La liste officielle des professions « hautement qualifiées » n’était pas publiée fin novembre. Les effets réels de la procédure accélérée « Via Verde » restent mal documentés. L’impact du durcissement migratoire sur les tensions de main-d’œuvre n’a pas encore été évalué.

Un portrait-robot se dessine. Les atouts existent : accès immédiat au marché, nombreuses entreprises françaises, économie en croissance (1,9 % attendus en 2025-2026), qualité de vie appréciée. Les risques aussi : salaires bas, loyers très élevés, contrats souvent précaires, climat politique plus tendu.
Les démarches restent simples. Enregistrement consulaire avant départ conseillé ; contrat local à l’arrivée ; inscription en mairie dans les trois mois ; demande de CRUE ensuite avec preuve d’emploi ou de ressources. L’ouverture d’un compte bancaire suit, tout comme l’intégration au système de sécurité sociale. La fiscalité locale s’applique l’année suivante. Deux à trois mois suffisent pour stabiliser l’ensemble du parcours.

Les chiffres marquants restent clairs : salaire minimum de 870 euros (1 015 euros équivalent 12 mois), chômage à 5,9 %, près de 1,5 million d’étrangers résidents, 8,43 €/m² de loyer médian, progression immobilière de 9,1 %, prévision de 14 %, 27 milliards d’euros de recettes touristiques.

Travailler au Portugal en 2025 reste accessible. Vivre confortablement avec un salaire portugais l’est beaucoup moins, en particulier à Lisbonne ou en Algarve. Pour les métiers qualifiés de l’automobile, de la tech ou des énergies, les opportunités demeurent solides. Pour les autres, le rapport coût-salaire s’est durci depuis trois ans.
Comparer le contrat, la localisation et le niveau de loyer avant départ devient indispensable. Les moyennes nationales ne reflètent plus la réalité individuelle.



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