Travailler en Italie : les secteurs qui embauchent

L’Italie peut-elle attirer encore longtemps des talents étrangers alors que les allègements fiscaux s’amenuisent et que les besoins explosent ?

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L’Italie avance avec un marché du travail plus solide qu’à aucun moment depuis près de vingt ans. Le chômage recule, les entreprises recrutent massivement et la demande de main-d’œuvre étrangère s’installe comme un pilier du système. Mais ce tableau flatteur se heurte à une réalité salariale moins brillante et à un virage fiscal qui change la donne pour les talents internationaux.

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Chômage au plus bas, dépendance accrue aux travailleurs étrangers

Le taux de chômage a touché 6,1 % en septembre 2025, niveau que le pays n’avait plus connu depuis 2007. Parmi les jeunes, la situation s’améliore aussi : 18,7 % pour les 15-24 ans, soit 1,4 point de moins en un an.
Cette embellie s’appuie sur une contribution décisive de la main-d’œuvre étrangère. Sur la période 2024-2025, un quart des créations d’emploi est lié à des travailleurs venus hors d’Italie, signe d’une dépendance désormais structurelle.

Salaires en léger rebond, écarts territoriaux immenses

Les rémunérations se redressent, mais restent loin des standards du Nord de l’Europe. Le salaire brut moyen pour 2025 est estimé à 35 100 euros. Les revenus nominaux progressent de 2,6 % sur un an alors que l’inflation se limite à 1,3 % en octobre. Les salariés gagnent ainsi environ 1,3 % en pouvoir d’achat, une rupture avec la longue stagnation de la décennie passée.
L’Italie demeure toutefois coupée en deux. À Milan, un salarié perçoit en moyenne près du double d’un employé à Palerme, un écart qui pèse sur l’attractivité du Sud.

Immigration légale : quotas relevés et nouveaux dispositifs

Pour répondre aux tensions de recrutement, Rome s’appuie sur une planification pluriannuelle. Le « Decreto Flussi » 2025 ouvre 165 000 entrées pour les travailleurs non européens. Les demandes passent par des « Click Days », organisés en février pour le tourisme et l’agriculture, puis en octobre pour les derniers postes saisonniers. Le pré-remplissage des dossiers pour 2026 a été lancé entre le 1er et le 30 novembre 2025.

En parallèle, le visa pour nomades digitaux fonctionne désormais à plein régime. Il permet à des télétravailleurs hors UE de s’installer en Italie sans être soumis aux quotas, sous réserve d’un revenu annuel d’au moins 28 000 euros, d’une assurance santé valable un an, d’un logement identifié, d’un casier judiciaire vierge et d’au moins six mois d’expérience en télétravail.

Fiscalité moins généreuse, procédures toujours lourdes

Le régime des impatriés, longtemps considéré comme l’un des plus attractifs d’Europe, a été nettement durci. L’abattement fiscal tombe à 50 % des revenus imposables, contre 70 à 90 % auparavant, et ne s’applique que jusqu’à 600 000 euros. Les conditions d’accès se renforcent : trois années de résidence fiscale hors d’Italie sont désormais nécessaires, avec un engagement de présence de cinq ans. L’avantage grimpe à 60 % pour les familles avec un enfant mineur.

Pour les frontaliers entre la France et l’Italie, la situation reste délicate. L’accord-cadre européen autorise jusqu’à 49,9 % de télétravail sans changement de régime social, mais la partie fiscale demeure verrouillée. Sans accord bilatéral spécifique, les situations d’imposition peuvent devenir complexes.
Les entreprises doivent, elles, composer avec des délais administratifs persistants. Les autorisations de travail (« Nulla Osta ») continuent d’arriver lentement malgré la digitalisation via le portail ALI, ce qui retarde l’entrée réelle des nouveaux salariés.

Pénuries sectorielles et cap sur la formation étrangère

Les prévisions d’embauche restent élevées : 1,3 million de recrutements étaient attendus sur le seul trimestre fin 2024-début 2025. Le tourisme et l’hôtellerie recherchent 245 000 personnes. Le bâtiment peine à suivre le rythme du plan de relance (PNRR). L’industrie mécanique et mécatronique, notamment en Émilie-Romagne, reste sous tension. Les hôpitaux manquent de médecins et d’infirmiers étrangers.

Dans un pays vieillissant, l’apport de travailleurs venus de l’extérieur devient indispensable. Le gouvernement a déjà fixé un objectif de 164 850 entrées pour 2026 et prépare une programmation triennale jusqu’en 2028. La priorité sera donnée aux candidats formés dans leur pays d’origine via des programmes agréés par l’Italie, afin de réduire le temps d’intégration professionnelle.



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