Travailler en Espagne : les secteurs qui recrutent

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L’Espagne attire de plus en plus de travailleurs étrangers, notamment francophones, dans un contexte économique favorable. En 2025, le pays prévoit entre 300 000 et 400 000 créations d’emplois, soutenues par une croissance du PIB de 2,2 % et un taux de chômage tombé à son niveau le plus bas depuis deux décennies, autour de 10,3 %. Mais derrière ces chiffres encourageants, le marché du travail espagnol reste traversé par des déséquilibres régionaux, des pénuries sectorielles et des salaires encore modestes par rapport à la moyenne européenne.

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Marché du travail en Espagne

Le marché de l’emploi espagnol connaît une transformation structurelle. Le pays compte désormais plus de 22,3 millions de personnes occupées, soit une hausse annuelle de plus de 560 000 emplois. Les contrats à durée indéterminée sont devenus majoritaires, avec 16,13 millions de salariés concernés, et le taux de contrats temporaires dans le secteur privé est tombé sous les 13 %, contre plus de 25 % avant la réforme de 2021-2022.

Malgré cette dynamique, l’Espagne reste le pays de l’Union européenne au plus fort taux de chômage. Les disparités géographiques restent marquées. Des provinces comme Lleida ou le Pays basque affichent des taux proches du plein emploi (autour de 6 %), tandis que l’Andalousie, l’Estrémadure ou les Canaries restent au-dessus des 13 %, parfois même des 16 %.

Les secteurs qui recrutent en Espagne en 2025

Certains secteurs concentrent la majorité des opportunités, tant pour les travailleurs qualifiés que pour les profils plus généralistes.

Tourisme et hôtellerie
Le tourisme pèse entre 13 % et 15 % du PIB espagnol et génère jusqu’à 20 % des emplois directs et indirects. Les îles Baléares, la Costa del Sol, la Catalogne ou les Canaries recrutent massivement dans les métiers de la restauration, de l’hôtellerie et de l’accueil. Les salaires y restent proches du SMIC (entre 1 400 € et 1 520 € bruts mensuels), avec une forte saisonnalité et une part non négligeable d’emplois non déclarés.

Technologies de l’information et IA
Le secteur des TIC fait face à une pénurie de talents, notamment dans le développement web, le cloud et la cybersécurité. Barcelone, Madrid, Valence et Malaga concentrent les principales entreprises tech et les startups. Les salaires moyens dépassent 2 700 €, jusqu’à 5 000 € pour les profils seniors. L’intelligence artificielle, bien que moins pourvoyeuse d’emplois en volume, progresse, avec une demande accrue pour des spécialistes très qualifiés.

Logistique et e-commerce
Portée par la croissance du commerce en ligne, la logistique recrute autour des zones industrielles de Madrid, Saragosse et Valence. Les métiers de chauffeurs-livreurs, préparateurs de commandes ou caristes sont recherchés, avec des salaires allant de 1 800 € à 2 200 € bruts mensuels.

Santé et services à la personne
Le vieillissement démographique accentue les besoins en personnels soignants, notamment dans les régions rurales comme l’Andalousie ou la Galice. Infirmiers, aides-soignants et kinésithérapeutes sont très demandés. Les salaires oscillent entre 1 800 € et 2 200 € dans le public, plus dans le privé ou pour les postes spécialisés.

Énergies renouvelables
Le secteur, en croissance de plus de 11 %, recrute dans les filières solaire et éolienne, malgré une légère contraction attendue dans le solaire. Les ingénieurs, techniciens de maintenance ou poseurs de panneaux sont recherchés, avec des salaires moyens de 2 500 € à 3 000 €.

BTP et construction
Avec 12,8 % des entreprises du pays, le secteur du bâtiment souffre d’un manque de main-d’œuvre qualifiée. Les profils d’ouvriers spécialisés et d’ingénieurs civils sont très recherchés, avec des rémunérations entre 1 800 € et 2 500 € selon les qualifications.

Industrie automobile
Renault a dynamisé le secteur en devenant leader du marché au premier semestre 2025. La Catalogne, Valence et le Pays basque concentrent les sites de production. Les techniciens et ingénieurs sont recherchés, avec des salaires de 2 000 € à 2 500 €.

Agriculture et agroalimentaire
La demande en main-d’œuvre saisonnière reste forte, mais les salaires y sont bas (1 100 € à 1 300 €). Le secteur dépend largement des travailleurs immigrés et reste marqué par un taux élevé d’emplois non déclarés.

Salaires en Espagne

Le salaire minimum interprofessionnel (SMI) s’élève à 1 184 € bruts mensuels sur 14 mois, soit 16 576 € par an. Le salaire moyen national est de 28 049 €, soit 2 520 € mensuels, inférieur de 26 % à la moyenne de l’UE.

Les écarts entre régions sont marqués. Le Pays basque (33 504 € annuels), Madrid (32 219 €) et la Catalogne (29 978 €) affichent les salaires moyens les plus élevés, loin devant les Canaries (24 033 €) et l’Andalousie (25 051 €). L’écart mensuel entre les régions les mieux et les moins bien payées atteint jusqu’à 800 €.

Les salaires varient aussi fortement selon les secteurs : la finance, l’ingénierie ou les technologies dépassent les 3 000 € bruts mensuels, tandis que le tourisme, l’agriculture et le commerce restent proches du SMIC.

Réforme du travail : vers plus de stabilité

La réforme de 2021-2022 a profondément modifié la structure des contrats. Le contrat à durée indéterminée est désormais la norme, les contrats temporaires étant strictement limités à deux cas : pour surcroît temporaire d’activité (6 mois extensible à 1 an) ou pour remplacement. Toute succession de contrats temporaires au-delà de 18 mois sur 24 entraîne une transformation automatique en CDI.

Cette réforme a permis une baisse rapide du taux de précarité, améliorant la stabilité de l’emploi dans le secteur privé.

Démarches pour travailler en Espagne : formalités et accès selon le statut

Pour les ressortissants de l’Union européenne, aucune autorisation de travail n’est requise. Les démarches indispensables sont :

  • L’obtention du NIE (numéro d’identification étranger), nécessaire pour toute procédure administrative.
  • L’inscription à la Sécurité sociale (NUSS), exigée pour tout contrat de travail.
  • L’empadronamiento, inscription au registre municipal, permettant d’accéder aux services publics.

Les délais d’obtention varient entre 2 et 6 semaines selon les villes.

Pour les non-Européens, la législation en vigueur depuis novembre 2025 facilite l’accès au marché du travail :

  • Réduction de la durée requise pour la régularisation par l’Arraigo Sociolaboral (2 ans au lieu de 3).
  • Création de nouveaux types de permis pour les travailleurs saisonniers et diplômés.
  • Reconnaissance accélérée des qualifications étrangères.

Visa nomade digital : une porte d’entrée pour les télétravailleurs

L’Espagne se positionne comme une destination de choix pour les travailleurs à distance. Le visa nomade digital, lancé en 2023, permet aux professionnels non européens de résider légalement en Espagne tout en travaillant pour un employeur étranger.

Parmi les conditions : un revenu net minimum mensuel entre 2 368 € et 2 762 €, une expérience professionnelle ou un diplôme pertinent, une assurance santé privée. Le visa est valable 1 an, renouvelable, avec une fiscalité réduite de 15 % à 24 % pendant les quatre premières années.

Immigration : levier économique face au déclin démographique

Selon les projections de Funcas et du Conseil économique et social, l’Espagne devra intégrer 2,4 millions de travailleurs supplémentaires d’ici 2035 pour compenser la baisse de sa population active. Le taux de fécondité de 1,3 enfant par femme ne permet pas le renouvellement des générations.

Le gouvernement espagnol adopte une politique migratoire ouverte : régularisation progressive de 300 000 étrangers par an, simplification des procédures d’accueil, future « Ley Talento » prévue pour 2026 afin d’attirer les profils qualifiés hors UE. Huit migrants sur dix arrivés depuis 2000 sont aujourd’hui actifs.

Logement, formation, salaires : les freins persistants

Le coût du logement reste un obstacle majeur à la mobilité professionnelle. À Barcelone, il devient difficile pour certaines universités de recruter faute de pouvoir proposer des salaires compatibles avec les loyers.

L’inadéquation entre les qualifications disponibles et les compétences requises pèse sur l’emploi : deux tiers des postes à venir nécessiteront une formation élevée, alors que seulement quatre chômeurs sur dix ont un niveau de formation supérieur.

Enfin, les bas salaires freinent le plein emploi : malgré une hausse du SMIC de 9,3 % depuis 2023, les rémunérations restent faibles, ce qui limite le pouvoir d’achat et l’attractivité de certains postes.



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