Combien coûte le Président de la République ?

Salaire, piscine privée, vols en Falcon : voici combien coûte réellement un président de la République… bien au-delà de son traitement mensuel.

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Depuis la baisse décidée par François Hollande en 2012, la rémunération du président de la République s’élève à 16 040 euros brut par mois (en janvier 2024). Ce montant se compose d’un traitement de base de 12 457 euros, d’une indemnité de fonction de 3 207 euros et d’une indemnité de résidence de 373 euros. Après impôts et cotisations, le revenu net d’Emmanuel Macron avoisine les 8 500 euros par mois, soit un taux d’imposition effectif de 25 à 26 %.

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À titre de comparaison, plusieurs hauts fonctionnaires de l’État perçoivent des salaires plus élevés, comme l’a révélé un bulletin de paie diffusé en mai 2024. Mais ces chiffres bruts occultent des avantages en nature significatifs, à commencer par le logement présidentiel.

Le chef de l’État bénéficie d’un appartement de fonction au sein du palais de l’Élysée, évalué à 2 418 euros par mois selon les barèmes fiscaux, soit l’équivalent d’un logement de 60 m² dans le quartier. En réalité, l’espace occupé approche les 300 m². Cette sous-évaluation contribue à maintenir un niveau d’imposition modéré, tout en garantissant un confort de vie sans commune mesure avec celui des hauts fonctionnaires classiques.

Un train de vie royal

Au-delà de l’Élysée, le président dispose de deux résidences secondaires officielles : La Lanterne, à Versailles, et le fort de Brégançon, dans le Var. Ces lieux sont à la fois des espaces de repos, de travail et de représentation. L’entretien du fort de Brégançon représente environ 400 000 euros par an, sans compter les investissements ponctuels. En 2018, la construction d’une piscine privée a coûté 34 000 euros pour limiter les frais de sécurité liés aux baignades en mer, estimés à 60 000 euros annuels.

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Les réceptions présidentielles constituent une autre dépense importante. En 2023, l’Élysée a organisé 171 événements pour un coût de 21 millions d’euros, contre 9,8 millions deux ans plus tôt. Le dîner d’État en l’honneur du roi Charles III, tenu à Versailles, a coûté à lui seul 474 851 euros pour environ 150 invités. Face à ces critiques, la présidence a réduit le nombre de réceptions à 126 en 2024.

Le chef de l’État bénéficie également d’un parc de transport de haut niveau. La flotte aérienne présidentielle comprend un Airbus A330-200, acquis et aménagé pour un coût de 176 millions d’euros, dont l’heure de vol dépasse 22 000 euros. À cela s’ajoutent plusieurs avions Falcon (7X, 2000, 900) et des hélicoptères Super Puma, facturés entre 3 500 et 4 800 euros l’heure de vol. En 2021, les déplacements aériens présidentiels ont représenté un coût total de 4,4 millions d’euros. La flotte automobile compte environ 80 véhicules, dont une DS7 Crossback blindée et une DS8 100 % électrique, présentée en mai 2025.

Une sécurité présidentielle renforcée et coûteuse

La protection du chef de l’État est assurée par le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), composé de 78 agents, répartis entre gendarmes du GIGN et policiers du SDLP. Ce dispositif, renforcé depuis les attentats de 2015, mobilise un budget annuel de 8 millions d’euros.

Le périmètre de sécurité s’étend bien au-delà de la personne du président. La Compagnie de sécurité de la présidence, forte de 250 gendarmes, assure la surveillance du palais de l’Élysée et de ses annexes. Lors de déplacements privés, Emmanuel Macron et son épouse sont contraints d’utiliser des moyens de transport d’État pour des raisons de sécurité. Ils remboursent l’équivalent d’un billet Air France (environ 170 euros), bien en deçà du coût réel d’un vol en Falcon (jusqu’à 6 000 euros l’heure), ce qui alimente régulièrement la controverse.

Des privilèges post-mandat inchangés malgré les critiques

Une fois leur mandat terminé, les anciens présidents conservent un ensemble d’avantages à vie. Une dotation mensuelle de 6 000 euros brut leur est versée, quelle que soit la durée de leur mandat. Ils disposent également d’un appartement de fonction, d’une voiture avec chauffeur, de collaborateurs (jusqu’à sept pendant cinq ans), d’une protection policière permanente, de voyages gratuits avec la SNCF et Air France, et d’un accès aux résidences diplomatiques à l’étranger.

En 2024, le coût global de ces avantages pour François Hollande et Nicolas Sarkozy s’est élevé à 1,39 million d’euros, hors sécurité. Le Conseil constitutionnel représente un autre levier de privilèges. Les anciens chefs de l’État y siègent de droit, à vie, s’ils le souhaitent, contre une indemnité d’environ 15 000 euros brut par mois. Aucun ancien président n’y siège actuellement, et Emmanuel Macron a annoncé renoncer par avance à cette fonction.

La légitimité de ces privilèges est contestée. En janvier 2025, un amendement sénatorial visant à les supprimer a été adopté au Sénat mais rejeté par la commission mixte paritaire. La sénatrice centriste Nathalie Goulet, à l’origine du texte, dénonçait alors un refus d’envoyer un signal symbolique à la population en période de restrictions budgétaires.

Une réforme limitée pour les anciens Premiers ministres

En septembre 2025, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé une réforme partielle visant les anciens membres du gouvernement. La protection policière sera désormais attribuée pour une durée limitée, renouvelable selon l’évaluation du risque. Les autres moyens logistiques (voiture, collaborateurs) seront plafonnés à dix ans à compter de janvier 2026, conformément au décret n° 2025-965.

Cette mesure devrait permettre une économie annuelle de 4,4 millions d’euros, mais elle ne concerne pas les anciens présidents, dont les avantages restent intacts.

Le budget officiel de la présidence s’élève à 122,6 millions d’euros pour 2025, un montant identique à celui de 2024. Ce gel budgétaire est présenté comme un effort d’exemplarité, après les dérapages de 2023. Cette année-là, les dépenses ont atteint 125,5 millions d’euros, contre une dotation initiale de 117,2 millions, soit un dépassement de plus de 8 millions.

Les postes les plus lourds concernent la masse salariale (76 millions d’euros pour 822 agents), les frais de fonctionnement courant (20 millions), et les déplacements. Toutefois, la Cour des comptes souligne que de nombreuses dépenses échappent à ce budget : la sécurité dépend du ministère de l’Intérieur, les transports aériens du ministère des Armées. Cette fragmentation complique l’évaluation du coût réel de la fonction présidentielle.

Un débat politique loin d’être tranché

La fonction présidentielle implique une visibilité, une protection et une capacité de représentation qui justifient un certain nombre de moyens. Mais les conditions d’exercice actuelles, notamment les avantages post-mandat, sont de plus en plus remises en question. Alors que le pouvoir exécutif appelle à des efforts collectifs pour réduire le déficit public, l’absence de réforme globale sur les privilèges présidentiels alimente une défiance persistante.



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