Combien gagne Michel-Édouard Leclerc ?

Michel-Édouard Leclerc, figure clé du pouvoir d’achat, perçoit ses revenus via un montage financier légal mais peu connu, fondé sur trois sociétés distinctes.

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Michel-Édouard Leclerc ne dirige pas une entreprise au sens classique du terme. Il n’est ni PDG, ni salarié, ni actionnaire du groupe E.Leclerc. Et pourtant, il est partout : sur les plateaux télé, dans les colonnes des journaux, au cœur des débats sur le pouvoir d’achat. À 73 ans, il incarne un modèle de dirigeant hybride, à la fois animateur d’un réseau coopératif tentaculaire et figure médiatique d’un capitalisme à visage plus humain.

Leclerc n’est plus salarié du mouvement E.Leclerc depuis 2012. Il a quitté ses fonctions opérationnelles pour se consacrer à la représentation du groupement, devenu l’un des poids lourds de la distribution en France. Officiellement, il se définit comme un “influenceur” du réseau, ce qui ne veut pas dire qu’il travaille gratuitement.

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Trois sociétés clés dans le montage financier de MEL

Tout repose sur trois sociétés. La première, MEL SDC (Stratégie Développement Communication), facture au mouvement ses prestations de conseil et de communication. En 2023, cette société a réalisé 5,4 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour 2,52 millions d’euros de bénéfices nets. Une rentabilité supérieure à 46 %, rendue possible par une structure légère, avec peu de charges.

Les bénéfices sont ensuite versés sous forme de dividendes à MEL Usines, une holding patrimoniale dont Michel-Édouard Leclerc est l’unique propriétaire. C’est cette société qui alimente directement ses revenus personnels. En 2023, il a touché 1,5 million d’euros de dividendes. MEL Usines dispose de plus de 13 millions d’euros de réserves. La capacité de distribution est assurée sur plusieurs années.

Une troisième société, MEL Compagnie des Arts, gère ses investissements artistiques. Leclerc est un grand collectionneur de planches originales de bande dessinée : Moebius, Bilal, Pratt… En 2023, la structure affichait un chiffre d’affaires modeste (275 500 euros), mais un actif évalué à 15,5 millions d’euros. Une subvention annuelle de 332 000 euros, versée par MEL Usines, permet à cette société de fonctionner. On est ici dans une logique d’investissement patrimonial autant que de passion assumée.

Un revenu officiel et une fiscalité assumée

Côté fiscalité, Michel-Édouard Leclerc joue la carte de la transparence. Il a rendu public ses paiements d’impôts : 270 000 euros d’impôt sur le revenu et 39 000 euros d’IFI en 2022. Des montants qui correspondent à un haut niveau de vie, mais qui le placent loin des grandes fortunes françaises. Il revendique un revenu de “centaines de milliers d’euros par an”, tout en reconnaissant que ce n’est “pas rien”. Mais loin, selon lui, des “niveaux indécents” observés ailleurs.

Le patrimoine immobilier est également solide : environ 5 millions d’euros de biens taxables à l’IFI, dont le manoir familial de La Haye, dans le Finistère, classé aux monuments historiques. Le reste est surtout culturel : une collection de plus de 8 000 planches originales, estimée entre 10 et 12 millions d’euros. Une partie a été prêtée au Centre Pompidou en 2024, une exposition est prévue à Grenoble en 2025.
Cette stratégie patrimoniale est soutenue par le Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture, basé à Landerneau, qui reçoit lui aussi des financements issus de MEL Usines. La logique d’imbrication entre les sociétés, les revenus et les projets culturels est assumée.

Un revenu loin des patrons du CAC 40

Comparé aux autres grands patrons, Michel-Édouard Leclerc est un cas à part. Alexandre Bompard (Carrefour) perçoit entre 9 et 10 millions d’euros par an. Bernard Arnault (LVMH) est à des années-lumière en termes de revenus et de capital boursier. Michel-Édouard Leclerc, lui, reste hors du CAC 40, hors des marchés, hors du jeu des stock-options. Il s’en félicite : “Je ne suis pas en bourse, je ne suis pas un investisseur.”

Cette singularité colle avec la structure même d’E.Leclerc, fondée sur un modèle coopératif. Les magasins appartiennent à près de 600 adhérents indépendants. Le mouvement n’a pas d’actionnaires à rémunérer, pas de comptes à rendre à des investisseurs. Cela permet à Leclerc de se positionner différemment. Il joue la proximité, le bon sens, l’ancrage local. Il cultive une image de patron sobre, dans une France où la méfiance envers les élites économiques reste forte.

Une transparence réelle, mais partielle

Sa communication est maîtrisée. Il publie certains chiffres, anticipe les critiques, et reste dans une posture d’ouverture. Mais tout n’est pas public. Le détail des flux entre ses sociétés, la valorisation précise de ses actifs artistiques, les éventuelles prestations annexes restent confidentiels. Ce n’est pas illégal, mais cela relativise la transparence affichée.

Michel-Édouard Leclerc ne se présente pas comme un patron “modeste” au sens littéral, mais comme un dirigeant cohérent avec les valeurs qu’il défend. Il gagne bien sa vie, investit dans l’art, développe son patrimoine, mais refuse les codes du capitalisme financier classique. Il occupe une place singulière dans le paysage économique : ni chef d’entreprise traditionnel, ni homme d’affaires classique. Son pouvoir est réel, son influence aussi, mais son capital principal est ailleurs – dans sa capacité à incarner un contre-modèle qui parle aux Français.

Les montants ci-dessus sont des estimations fondées exclusivement sur des informations publiques (textes officiels, déclarations, documents financiers, communiqués, entretiens, article de presse) et sur des hypothèses explicites (barèmes, charges usuelles, fourchettes de cachets/primes). 
Ils sont présentés en fourchettes et ne valent ni audit ni affirmation d’un revenu exact ou exhaustif ; ils peuvent varier selon la période, les contrats et la fiscalité. Le propos est informatif et non diffamatoire et respecte la vie privée (aucune donnée sans lien avec la rémunération). Droit de réponse/correction : redaction @ lessentieldeleco.fr



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