Faut-il limiter les gains des patrons ? La réponse d’Eric Larchevêque

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Le sujet revient régulièrement sur la table : les patrons d’entreprise méritent-ils vraiment de gagner des dizaines de millions d’euros pendant que leurs employés vivent avec un salaire mensuel ? La question divise, surtout dans une France hantée par la montée des inégalités et où l’argent reste un marqueur social sulfureux. Dans une vidéo postée sur YouTube, l’entrepreneur Eric Larchevêque, cofondateur de Ledger, remet une pièce dans la machine. Le ton est direct, la conviction assumée : oui, un patron peut — et doit parfois — gagner beaucoup plus que ses salariés.

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Entreprendre, c’est risquer bien plus que son temps

Le débat n’est pas neuf. Il oppose deux visions du monde. D’un côté, celle qui valorise le mérite, le risque, l’initiative. De l’autre, celle qui met la justice sociale au premier plan et voit dans les écarts de revenus un symptôme de dérive du capitalisme. Larchevêque ne s’embarrasse pas de détours : pour lui, l’entrepreneur prend des risques que le salarié n’assume pas. Il engage ses ressources, son temps, sa réputation. Il peut tout perdre. La rémunération, aussi élevée soit-elle, est la contrepartie de ce pari.

Un patron d'entreprise mérite-t-il de gagner plus d'argent que son employé ?! | Eric Larchevêque

L’argument est simple. Un salarié vend son temps, dans un cadre clair, contre un revenu régulier. Un entrepreneur, lui, vit dans l’incertitude permanente. Il n’a pas de filet. S’il échoue, il ne touche rien. S’il réussit, il gagne gros. Et c’est précisément cette perspective de gain qui le pousse à avancer. Dans le cas de Ledger, Larchevêque rappelle que l’entreprise a offert à ses salariés des stock options et des BSPCE, leur permettant de profiter — en partie — de la réussite. Mais il n’élude pas les écarts. Ils sont réels, et à ses yeux justifiés.

L’économie n’est pas un gâteau à parts fixes

Ce qu’il récuse, c’est l’idée d’un gâteau économique de taille fixe, où ce que gagne l’un est forcément perdu par l’autre. Pour lui, l’économie est dynamique. Elle croît si des individus prennent des risques et créent de la valeur. Plafonner les fortunes, c’est tuer la motivation à entreprendre. C’est installer un plafond de verre au-dessus de ceux qui pourraient bâtir les entreprises de demain. L’histoire économique récente lui donne, en partie, raison : la croissance est souvent portée par une minorité de créateurs qui bouleversent les règles du jeu.

Réinvestir plutôt que laisser l’État tout redistribuer

Larchevêque va plus loin. Il doute de la capacité de l’État à redistribuer efficacement les fortunes privées. Il donne un chiffre : s’il vendait Ledger pour 300 millions, il paierait 100 millions d’euros d’impôts. Mais il préfère réinvestir cet argent lui-même, dans des projets qu’il juge utiles. C’est une vision libérale, au sens premier du terme : moins d’État, plus de responsabilité individuelle. Il ne refuse pas l’impôt, mais doute de son efficacité. Il préfère piloter lui-même son impact.

L’idée centrale est claire : la fortune ne doit pas être vue comme un but en soi, mais comme un levier. Un outil pour réinjecter des moyens dans l’économie réelle, pour soutenir l’innovation, pour créer des emplois. L’enrichissement personnel n’est pas un point final, mais un point de départ. L’inégalité des résultats, dans cette optique, n’est pas un scandale mais une conséquence logique — et parfois nécessaire — d’un système fondé sur la liberté.

Inégalités : frein ou moteur de l’économie ?

On peut contester cette vision. Elle suppose une confiance forte dans le bon usage des gains privés, une foi dans l’autorégulation du capitalisme et une tolérance élevée à l’écart de richesse. Mais elle a le mérite de la cohérence. Là où certains voient une anomalie morale, Larchevêque voit un moteur. Là où d’autres veulent partager les parts du gâteau, lui propose d’en augmenter la taille.



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