Combien gagne un professeur des écoles ?

Traitement de base, ISAE, REP, Pacte enseignant : découvrez comment est structuré le salaire d’un professeur des écoles en 2025 et ce qui a (vraiment) changé.

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Le salaire d’un professeur des écoles en France reste encadré par une grille indiciaire fixe, à laquelle s’ajoutent des primes variables selon l’ancienneté, les missions exercées et la zone d’affectation. Malgré plusieurs revalorisations depuis 2023, les hausses restent limitées face à l’inflation et aux comparaisons internationales. La profession souffre toujours d’un manque de reconnaissance financière et d’une surcharge de travail persistante. Cette enquête s’appuie sur les données officielles disponibles en octobre 2025.

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Grille indiciaire des professeurs des écoles : des écarts de 71 % selon l’échelon

La rémunération principale des professeurs des écoles est déterminée par un système de grades et d’échelons fixé par l’Éducation nationale. La grille indiciaire s’appuie sur la valeur du point d’indice, figée à 4,92278 € depuis juillet 2023.

En classe normale, qui comprend 11 échelons, un enseignant débute avec un traitement brut mensuel de 1 944,50 € (indice majoré 395) et peut atteindre 3 337,64 € au dernier échelon (indice 678), soit une progression de 71,6 % sur la carrière.

La hors-classe, accessible à partir du 9e échelon de la classe normale, permet une rémunération allant de 2 929 € à 4 066 € bruts par mois. Quant à la classe exceptionnelle, réservée aux enseignants les plus expérimentés, elle culmine à 4 809,56 € bruts mensuels au troisième échelon hors échelle.

Le traitement brut se calcule selon la formule : Indice majoré × Valeur du point d’indice.

Statut / Échelon Salaire brut mensuel (€)
Classe normale – 1er échelon 1 944,50
Classe normale – 11e échelon 3 337,64
Hors-classe – début 2 929,00
Hors-classe – dernier échelon 4 066,00
Classe exceptionnelle – échelon terminal 4 809,56

ISAE, prime d’attractivité, REP : les principaux compléments de rémunération

À cette rémunération de base s’ajoutent plusieurs primes fixes et variables. La plus structurante est l’ISAE (indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves), versée à tous les professeurs des écoles à hauteur de 2 550 € bruts annuels, soit 212,50 € mensuels. Elle est complétée par une part fonctionnelle dans le cadre du Pacte enseignant : 1 250 € bruts par mission, avec un maximum de trois missions cumulables. Cette partie est défiscalisée et désocialisée.

La prime d’attractivité, mise en place dans le cadre du Grenelle de l’Éducation, varie selon l’échelon. Elle atteint 2 130 € bruts annuels en début de carrière (1er échelon), 3 370 € au 3e échelon, puis diminue progressivement jusqu’à 400 € annuels aux 8e et 9e échelons.

Les enseignants exerçant en éducation prioritaire perçoivent des indemnités spécifiques. En REP, ils reçoivent 1 734 € bruts par an, soit 144,50 € mensuels. En REP+, l’indemnité se compose d’une part fixe de 5 114 € bruts annuels (426,17 €/mois) et d’une part modulable variant entre 234 € et 702 € par an, selon des critères académiques.

D’autres primes s’ajoutent, comme la prime d’équipement informatique (176 € bruts par an), l’indemnité de résidence (variable selon la commune) ou le supplément familial de traitement, indexé sur le nombre d’enfants.

Depuis septembre 2025, une nouvelle part modulable de l’ISAE est attribuée aux professeurs principaux de SEGPA : 1 308,72 € bruts/an pour les classes de 4e, et 1 497,84 € pour les classes de 3e.

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Recrutement des enseignants en 2025 : un taux de couverture en hausse

Les résultats des concours 2025 révèlent une amélioration du taux de couverture national, mais des déficits locaux significatifs subsistent.

Dans le premier degré public, 10 217 postes étaient ouverts et 9 627 admis, soit 94,7 % des postes pourvus. Le second degré affiche 11 527 admis pour 14 182 postes, soit 1 200 postes vacants. Au total, dans l’ensemble du public, 21 154 postes ont été pourvus sur 24 399, soit un déficit de 1 725 postes.

En incluant l’enseignement privé, 27 713 postes étaient proposés et 24 103 pourvus. Les académies de Créteil (371 postes vacants), Versailles (476), ainsi que la Guyane et Mayotte, restent en situation de forte tension.

Revalorisations salariales 2023–2025 : des hausses absorbées par l’inflation

Depuis juillet 2023, plusieurs mesures ont visé à revaloriser la rémunération des enseignants :

  • +1,5 % de hausse du point d’indice (de 4,85 à 4,92278 €)
  • Doublement de l’ISAE (de 1 200 à 2 550 €/an)
  • +5 points d’indice en janvier 2024 pour tous les enseignants (+24,61 € bruts/mois)

En cumulé, un professeur des écoles avec 7 ans d’ancienneté a perçu en moyenne 266 € nets supplémentaires par mois. Toutefois, ces hausses n’ont pas compensé l’érosion du pouvoir d’achat : entre 2021 et 2022, le salaire net moyen a reculé de 1,4 % en euros constants, en raison de l’inflation.

Salaires des enseignants : la France toujours en retard dans l’OCDE

Selon les dernières données comparables de l’OCDE (2021-2022), le salaire annuel d’un professeur des écoles français avec 15 ans d’expérience s’élève à 40 043 dollars, contre une moyenne de 49 245 dollars dans les pays de l’organisation, soit un écart de –18,7 %.

En matière de satisfaction, seuls 27 % des enseignants du primaire français se disent satisfaits de leur rémunération, contre 40 % en moyenne dans l’OCDE.

Temps de travail des enseignants : bien au-delà des obligations réglementaires

La réglementation fixe à 24 heures d’enseignement par semaine dans le premier degré, accompagnées de 3 heures hebdomadaires de service complémentaire, soit 108 heures par an. Mais la réalité du terrain montre une charge bien plus importante.

Une majorité des professeurs des écoles déclarent travailler plus de 43 heures par semaine, et 10 % dépassent même les 60 heures hebdomadaires. Ce volume inclut les préparations de cours, les corrections, les réunions, l’accompagnement individualisé, les tâches liées à l’inclusion ou encore les usages numériques.

Objectif : porter le salaire net des débutants à 2 100 € par mois

L’Etat vise une revalorisation progressive du traitement des enseignants débutants, actuellement fixé à 1 534 € nets mensuels. L’objectif annoncé est d’atteindre 2 100 € nets d’ici 2027, soit une hausse de 37 %.

Dans cette perspective, la réforme des concours prévue pour 2026 prévoit un accès dès bac+3 à une formation rémunérée de deux ans, avec une entrée progressive dans le métier.

Par ailleurs, l’extension du Pacte enseignant vise à développer les missions complémentaires rémunérées, en particulier dans les domaines de l’inclusion, du numérique ou de l’accompagnement personnalisé.



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