En Aveyron, un projet solaire unique en son genre

Un projet énergétique inédit en Aveyron associe citoyens, entreprises et collectivités pour produire de l’électricité localement. Un modèle à suivre ?

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À La Rouquette, dans l’Aveyron, des ombrières photovoltaïques récemment installées sur les parkings de la zone d’activités de La Glèbe produiront 2 700 MWh d’électricité par an. Suffisamment pour alimenter, hors chauffage et eau chaude, un peu plus de 2 200 personnes. Mais ce n’est pas la quantité qui compte ici. C’est la façon dont le projet a été pensé, financé et structuré : localement, collectivement, et avec une volonté assumée de casser les logiques dominantes du secteur énergétique.

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Autoconsommation collective : un cadre juridique encore rare

La SAS Ombrières de La Glèbe, la société créée pour porter le projet, réunit une coopérative citoyenne (EnerCOA), des collectivités locales, un industriel du bâtiment (MECOJIT) et un financeur spécialisé dans l’énergie citoyenne (Énergie Partagée). L’électricité produite est autoconsommée à 98 % par des entreprises situées à moins de dix kilomètres, dans le cadre d’un montage juridique encore rare : l’autoconsommation collective, encadrée ici par la coopérative EnerCOA. Les excédents sont vendus à Enercoop, fournisseur d’électricité 100 % renouvelable et coopératif.

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Parmi les bénéficiaires : Lisi Aérospace, Castes Industrie, Nutriservice. Des entreprises du coin, qui signent des contrats à prix fixes sur plusieurs années pour stabiliser leur facture énergétique. Une manière de se protéger des secousses du marché tout en verdisant leur approvisionnement. Une opération rationnelle, en somme, et pas seulement militante.

Un financement citoyen et public inédit en Aveyron

Le financement est à l’image du projet : hybride. Les citoyens, via EnerCOA, ont mis 119 000 € sur la table. L’épargne solidaire d’Énergie Partagée a complété à hauteur de 68 000 €. Les collectivités ont suivi, avec des apports compris entre 34 000 € et 85 000 € selon les cas. À l’arrivée, une structure de gouvernance partagée, où aucun acteur ne peut faire cavalier seul. Le projet a obtenu le label Énergie Partagée, qui récompense les démarches alliant gouvernance locale, sobriété et transparence financière.

Le choix des matériaux et des partenaires va dans le même sens. Les structures en béton autolesté ont été fabriquées à quelques kilomètres de là, à Mayran, par AB Béton. Le système de montage (YSIPARK, développé par Occipark) permet une installation rapide, sans fondations lourdes, avec une empreinte carbone annoncée 50 % inférieure à celle des structures classiques en métal. L’approche est industrielle, mais avec une cohérence territoriale rare dans les projets énergétiques de cette taille.

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L’échelle reste modeste — 2,3 MWc installés sur 10 500 m² de panneaux — mais le signal est clair. Il est possible de produire de l’énergie localement, de manière stable, sans se reposer sur les grands opérateurs. Et surtout, de le faire en associant entreprises, citoyens et collectivités dans une logique de partage de la valeur.

Reste à voir si cette gouvernance tiendra dans la durée. Les tensions sont possibles : entre logique industrielle et ambition citoyenne, entre besoins professionnels et gestion démocratique. Si la dynamique reste sous contrôle coopératif, le modèle pourrait faire école.



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