Résumé Résumé
La start-up Vizzia vient de lever 16 millions d’euros. De quoi muscler ses effectifs et accélérer son expansion, en France comme à l’étranger. L’entreprise s’attaque à un terrain que les collectivités connaissent bien : la gestion du quotidien urbain, entre incivilités, sécurité et pression croissante pour garder la main sur leurs données.
Après leur rencontre sur les bancs d’HEC, Katrin Dimotrova et Alexandre Leboucher décident de conjuguer leur appétence pour la technologie et leur envie d’un projet à impact. En mai 2021, ils lancent Vizzia. Leur première innovation s’appelle Vizzia Cam : une caméra modulable équipée d’un algorithme de soustraction d’images. Concrètement, l’appareil repère les dépôts sauvages dans les zones sensibles et enregistre leur apparition. Pour les collectivités, le gain est immédiat : plus besoin de passer des heures à scruter des écrans. Quelques minutes suffisent pour consulter les images, automatiquement envoyées aux services concernés.
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16 millions pour accélérer le déploiement
Le tour de table a été mené par le fonds Headline, déjà bien implanté dans l’écosystème des jeunes pousses technologiques européennes. Sistafund, qui mise sur des projets portés par des équipes mixtes, entre aussi au capital. Ce type d’attelage financier n’est pas anodin. Il reflète une appétence pour des solutions à la fois innovantes, souveraines et alignées avec les nouvelles attentes réglementaires. Les élus locaux, de plus en plus réticents à confier leur sécurité à des géants américains ou chinois, cherchent des alternatives crédibles.
Une technologie sans fibre
Créée en 2021, Vizzia promet une approche pragmatique. Elle installe des capteurs pour signaler les dépôts sauvages, et déploie des caméras mobiles connectées, sans fibre ni travaux lourds. Tout est piloté à distance. Pas de serveur physique, pas de tranchées, pas de délais à rallonge. Une logique d’intervention rapide, avec des résultats chiffrés à la clé. L’entreprise revendique plus de 110 000 événements traités en un an. Certaines communes auraient vu les dépôts sauvages chuter de 90 %. Des chiffres à prendre avec précaution : aucune évaluation indépendante n’a pour l’instant validé l’ampleur de ces résultats.
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Souveraineté numérique : un argument clé pour les élus
Déjà 200 collectivités sont clientes, dont Le Havre, Béziers ou Vénissieux. Le modèle séduit par sa simplicité de déploiement et son discours sur la souveraineté numérique. Vizzia promet une gestion des données conforme au RGPD, hébergée sur des serveurs français. C’est devenu un argument central. Les élus ne veulent plus se retrouver pieds et poings liés à des technologies venues d’ailleurs. Mais la question de la gouvernance des données reste entière. Qui contrôle quoi ? Pour combien de temps ? Avec quelles garanties sur la vie privée et l’efficacité réelle de ces dispositifs ?
Changer d’échelle
Avec une soixantaine de salariés, Vizzia veut désormais changer d’échelle. La levée de fonds doit lui permettre de recruter, d’industrialiser son modèle et de sortir du seul giron des collectivités locales. Aucune annonce concrète sur les autres marchés visés. Mais l’ambition est posée : devenir un acteur européen incontournable d’un secteur en pleine recomposition.