Combien coûte le procès Jubillar ?

Affaire Delphine Jubillar : la justice mobilisée à plein régime, pour un coût inédit. Qui paie ? Pourquoi ? On fait le point.

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Le 22 septembre prochain s’ouvre à Albi le procès de Cédric Jubillar, accusé du meurtre de son épouse Delphine. Quatre semaines d’audience, des dizaines de témoins, une absence de corps, une médiatisation hors norme… Et une addition salée : plus de 110 000 euros.

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La justice, dit-on, n’a pas de prix. Elle a pourtant un coût. Et dans le cas du procès Jubillar, ce coût dépasse de très loin la norme. En 2022, une affaire pénale coûtait en moyenne 558 euros. Ici, l’écart est vertigineux : près de 200 fois plus. Une exception ? Oui. Mais une exception révélatrice.

D’abord, les jurés. Ils seront six, avec trois suppléants. Chacun recevra 101,04 euros par jour d’audience : au total, 18 187 euros pour rétribuer cette participation citoyenne. Loin d’être anecdotique, cette indemnité rappelle que la justice, même populaire, repose sur des moyens concrets.

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Ensuite, les avocats. La défense de Cédric Jubillar mobilise un budget estimé à 8 000 euros, un tarif courant dans les dossiers pénaux complexes. En face, les quatre avocats des parties civiles se partagent 16 000 euros, financés pour partie par les familles de la victime.

Les expertises judiciaires pèsent elles aussi lourd : 15 000 euros. Car sans corps, tout repose sur l’analyse psychologique, médico-légale et technique. Un coût que l’État assume seul. C’est là une des missions invisibles mais vitales d’une justice moderne : éclairer sans voir, conclure sans preuve directe.

L’État, payeur en chef – mais pas seul à l’addition

Sur les 110 000 euros, plus de 70 % sont couverts par la puissance publique. Logique : c’est elle qui garantit le bon fonctionnement du système judiciaire. Mais cela signifie aussi que 79 241 euros sont directement prélevés sur les ressources publiques.

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Les parties civiles, elles, financent 22,1 % de l’ensemble, notamment via les honoraires d’avocats. Quant à l’accusé, sa part se limite à 7,1 %, sauf en cas de condamnation, auquel cas il devra s’acquitter d’un forfait de 1 054 euros, comme prévu par l’article 1018 A du Code général des impôts.

On pourrait croire que ces chiffres sont anecdotiques à l’échelle du budget de la justice – 10,1 milliards d’euros en 2024, en hausse de 5,3 %. Mais ces procès d’exception révèlent une tension permanente entre les exigences croissantes du public (plus de moyens, plus de transparence, plus de résultats) et les capacités d’un système judiciaire encore trop souvent sous pression.

Une médiatisation qui pèse lourd

Pourquoi un tel coût ? Parce que l’affaire est hors norme. L’absence de corps complique tout. La médiatisation impose des mesures de sécurité renforcées. La durée – vingt jours d’audience – mobilise juges, greffiers, agents, techniciens : 40 000 euros de fonctionnement. Ce sont les coûts invisibles d’une affaire ultra-exposée.

Si l’État paie la majorité des frais, le territoire, lui, encaisse les effets secondaires. Le département du Tarn, déjà contraint par une baisse de budget de 10 à 15 millions d’euros en 2025, doit absorber cette surcharge logistique et humaine.



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