Textile durable : l’exemple inspirant de Weturn

La start-up Weturn aide les marques à recycler leurs invendus textiles grâce à une solution industrielle conforme à la loi AGEC.

Pendant des décennies, la destruction des invendus a constitué une pratique généralisée dans l’industrie de la mode. Faute de filières de valorisation adaptées, les pièces non écoulées étaient systématiquement éliminées, principalement par incinération ou enfouissement. Derrière cette logique, un impératif : protéger l’image de marque et les droits de propriété intellectuelle des entreprises. Les prototypes, échantillons presse ou collections non écoulées pouvaient alimenter le marché gris ou favoriser la contrefaçon.

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Face à ce modèle à bout de souffle, Weturn, start-up française fondée en 2020, propose une solution industrielle de recyclage textile conforme à la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC), qui interdit désormais la destruction des invendus non alimentaires. Son objectif : aider les marques à transformer leurs déchets pré-consommation en matières premières durables, tout en structurant une véritable économie circulaire.

Une entreprise pionnière

Weturn est née d’un constat : l’Europe manquait d’une filière de recyclage textile à l’échelle industrielle. Son initiatrice, Sophie Pignères, ex-analyste financière engagée dans l’économie collaborative via KissKissBankBank, identifie ce vide comme une opportunité. Elle consulte des industriels, cartographie les besoins de la chaîne de valeur et construit un modèle capable de réintégrer les textiles non commercialisés dans une logique circulaire ambitieuse.

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L’entreprise s’adresse aux marques soucieuses de se mettre en conformité avec la réglementation tout en réduisant leur impact environnemental. Weturn traite en priorité les déchets textiles générés en amont de la commercialisation : stocks dormants, rouleaux de tissus logotés, chutes de production. Elle développe également des expertises en recyclage post-consommation.

Un modèle circulaire

Le cœur de l’innovation Weturn repose sur une boucle fermée. Contrairement au recyclage traditionnel, les matériaux collectés sont réutilisés pour produire des textiles de qualité équivalente, prêts à être réintroduits dans les chaînes de production. Cette démarche repose sur deux piliers :

  • La collecte : tri strict selon composition, état, couleur, logos.
  • La production : sélection de fibres adaptées aux besoins spécifiques des clients (nouvelles matières, relances de gamme, séries limitées…).

Chaque lot est analysé et affecté à une catégorie technique. Cette granularité permet une traçabilité complète et optimise la valorisation, en garantissant la conformité avec les exigences réglementaires. L’offre est modulable : les marques peuvent choisir d’externaliser uniquement la collecte, la production, ou l’ensemble de la boucle.

Un ancrage européen et des collaborations stratégiques

Weturn s’appuie sur un réseau industriel européen et propose aussi un accompagnement stratégique aux groupes souhaitant structurer leur transition circulaire. Cette dimension conseil lui permet de dépasser le cadre d’un simple prestataire logistique pour devenir un partenaire de transformation.

Parmi les projets les plus emblématiques : sa collaboration avec le groupe LVMH à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024. À partir de surplus textiles issus d’un atelier français, Weturn a fourni la matière première pour les polos et gavroches des bénévoles. Sélectionnée lors d’un salon interne du groupe, la start-up a mené ce projet dans la plus grande confidentialité jusqu’à sa révélation officielle.

Vers un nouveau standard industriel du recyclage textile

Weturn multiplie désormais les partenariats : marques de prêt-à-porter, ameublement, sport automobile, accessoires de maison, baskets réalisées à partir de tissus d’avions A380… À chaque fois, la même rigueur industrielle s’applique : collecte, tri, conditionnement et stockage selon un protocole éprouvé.

Pour Sophie Pignères, l’enjeu est clair : rendre le recyclage économiquement viable. Cela passe par l’industrialisation des processus et une méthodologie rigoureuse. À ses yeux, seule une structuration professionnelle permettra au recyclage textile de passer d’une solution expérimentale à un levier stratégique de transformation du modèle productif.



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