Résumé Résumé
- Une embellie financière en trompe-l’œil
- La crise des droits TV : un choc aux répercussions profondes
- INEOS : un actionnaire désengagé
- Un club à vendre qui ne séduit pas les acheteurs
- Des contrats commerciaux qui apportent un souffle limité
- Une gouvernance à la recherche de stabilité
- Trois scénarios pour un avenir incertain
L’OGC Nice est entré dans une zone de turbulence majeure. Le club, longtemps soutenu par les ambitions industrielles d’INEOS, se retrouve aujourd’hui fragilisé par une série de secousses : désengagement de son propriétaire, effondrement des droits TV, résultats sportifs décevants. Derrière l’amélioration apparente des comptes, c’est un modèle économique et stratégique qui menace de s’effondrer.
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Une embellie financière en trompe-l’œil
Les données publiées par la DNCG pour la saison 2023-2024 laissaient entrevoir une forme de redressement. Les pertes nettes du club, qui s’élevaient à 64,17 millions d’euros en 2022-2023, ont été ramenées à 26,67 millions d’euros, soit une réduction de 58,4 %. Ce redressement tient principalement à une hausse substantielle du chiffre d’affaires, passé de 68,2 à 101,2 millions d’euros en un an. Pourtant, malgré cette amélioration, les pertes restent structurelles : Nice demeure le quatrième club le plus déficitaire de Ligue.
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La structure budgétaire du club reflète cette tension latente. Le budget opérationnel pour la saison 2025-2026 est estimé entre 140 et 150 millions d’euros, en baisse de 5 % sur un an. La masse salariale, qui représentait 93,01 millions d’euros en 2024 (62 % du budget total), devrait être légèrement abaissée, sans que le ratio budgétaire n’évolue. L’effort de réduction des charges d’exploitation, passées de 208 à 186,5 millions d’euros, témoigne d’une volonté de rationalisation, mais ne suffit pas à restaurer la viabilité du modèle actuel.
La crise des droits TV : un choc aux répercussions profondes
Le club est durement frappé par l’effondrement des revenus audiovisuels, conséquence directe de l’échec des négociations entre la LFP et les diffuseurs. En l’espace de deux ans, ces revenus sont passés de 31,1 millions d’euros à une estimation de 8,5 millions pour la saison 2024-2025, soit une chute de 73 %. Et la saison 2025-2026 devrait encore creuser l’écart.
Pour combler ce manque à gagner, l’OGC Nice devra compter sur des revenus alternatifs : la qualification en Ligue Europa (entre 8 et 12 millions d’euros attendus), des recettes commerciales stables à 60 millions, et des transferts estimés à 64,6 millions d’euros. Des compensations partielles, qui ne suffisent pas à rétablir l’équilibre.
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INEOS : un actionnaire désengagé
En août 2025, le groupe INEOS a procédé à une recapitalisation exceptionnelle de 60 millions d’euros, portant le capital social de 13,26 à 16,49 millions d’euros. Officiellement, cette opération visait à répondre aux exigences de la DNCG et de l’UEFA, tout en valorisant le club en vue d’une éventuelle cession. En réalité, elle acte surtout une volonté de boucler le cycle d’investissement initié en 2019.
Depuis l’acquisition de 27,7 % de Manchester United par Jim Ratcliffe pour 1,25 milliard d’euros, l’OGC Nice n’est plus une priorité. Le patron d’INEOS l’a déclaré sans détour : « Je n’aime pas particulièrement aller voir jouer Nice car le niveau n’est pas assez élevé. » L’absence d’investissements lors du mercato estival 2025 et le positionnement secondaire d’INEOS sur les maillots ne laissent guère de place au doute.
Un club à vendre qui ne séduit pas les acheteurs
Le mandat confié à la banque Lazard pour organiser la vente du club marque une nouvelle étape. INEOS espère céder l’OGC Nice pour 250 millions d’euros, une valorisation fondée sur les investissements réalisés, la qualité des infrastructures (notamment l’Allianz Riviera) et le potentiel commercial du club. Cette estimation suscite néanmoins des réserves, au vu des résultats sportifs récents et des pertes financières persistantes.
Malgré des rumeurs insistantes en provenance d’Arabie saoudite autour du Fonds Public d’Investissement (PIF), et quelques approches sans suite d’investisseurs anglo-saxons, aucun repreneur réellement engagé ne s’est pour l’heure manifesté. Si le profil du club – infrastructure moderne, positionnement géographique attractif, potentiel commercial – suscite de l’intérêt, aucun acteur ne semble prêt à franchir le pas. Le processus, confié à la banque Lazard, reste au point mort.
L’élimination face à Benfica Lisbonne, dès le 3e tour préliminaire de la Ligue des Champions, a, en outre, privé le club de recettes essentielles : 18,62 millions d’euros de prime de participation, sans compter les primes de performance et les recettes de billetterie. L’entraîneur Franck Haise l’a reconnu : « On n’a pas les armes pour rivaliser à ce niveau-là. »
Les limites de l’effectif, associées au refus d’INEOS d’investir dans des renforts, aggravent le cercle vicieux dans lequel le club s’enfonce : absence de résultats, pertes financières accrues, impossibilité de renforcer l’équipe.
Des contrats commerciaux qui apportent un souffle limité
Dans ce contexte tendu, l’accord conclu avec Robinhood constitue un succès relatif. Ce contrat de trois ans, valorisé comme le quatrième plus important de Ligue 1, permet au club de sécuriser des revenus significatifs tout en renforçant sa visibilité internationale. Le partenariat comprend une activation étendue : maillots, tenues d’entraînement, contenu numérique et web-série d’éducation financière.
Un autre levier concerne l’équipementier Kappa, dont le contrat vise à développer l’activité merchandising via une stratégie orientée vers le lifestyle et l’image méditerranéenne du club. Si ces partenariats stabilisent certaines lignes de revenus, ils ne compensent pas le désengagement d’INEOS, relégué au second plan du maillot.
L’Allianz Riviera demeure l’un des principaux atouts du club. Inauguré en 2013 pour un coût de 243,5 millions d’euros, ce stade présente des caractéristiques techniques et environnementales remarquables : tribunes rétractables, loges premium, performance énergétique, récupération des eaux, climatisation naturelle. L’équipement s’inscrit dans un écosystème en développement, avec des projets commerciaux et sportifs en cours.
Pour un investisseur, cette infrastructure constitue un élément différenciant, à condition de l’inscrire dans un projet global cohérent.
Une gouvernance à la recherche de stabilité
Le départ de Jean-Pierre Rivière, après quatorze ans à la tête du club, marque la fin d’une époque. Arrivé en 2011, il laisse un club profondément transformé, stabilisé sportivement, modernisé structurellement et attractif pour les investisseurs. Il conserve toutefois un rôle institutionnel en prenant la présidence du Fonds de Dotation.
Fabrice Bocquet, nommé président-directeur général, hérite d’une situation délicate. Salué pour la qualité de son travail depuis sa nomination comme directeur général en 2022, il doit maintenant gérer une période de transition marquée par des incertitudes majeures, tout en maintenant la performance sportive et la cohésion interne. Une tâche complexe dans un environnement sous tension.
Sur le plan des régulations, le club reste pour l’instant dans les clous. Avec 27 millions d’euros de pertes annuelles, il respecte le seuil autorisé par l’UEFA dans le cadre du règlement de viabilité financière. Le ratio de masse salariale (62 %) reste en dessous du plafond fixé à 70 %. La DNCG, pour sa part, a classé le club sans mesure particulière en novembre 2024.
Cette conformité, toutefois, repose largement sur la recapitalisation ponctuelle opérée par INEOS. En l’absence d’un soutien durable ou d’une nouvelle dynamique d’investissement, l’équilibre reste précaire.
Trois scénarios pour un avenir incertain
Le futur de l’OGC Nice dépend désormais entièrement de l’issue du processus de vente. Trois scénarios se dessinent.
Le premier, le plus favorable, repose sur une vente réussie à un investisseur disposant d’une vision à long terme. Il impliquerait une recapitalisation, une relance sportive et une stratégie commerciale ambitieuse.
Le second scénario, plausible en cas d’absence de repreneur au prix souhaité, consisterait en un maintien sous INEOS avec un budget réduit et des objectifs limités à la première partie de tableau. Ce modèle reposerait sur la formation et la vente de joueurs pour équilibrer les comptes.
Le troisième, plus préoccupant, verrait le club contraint à une vente d’urgence à un prix inférieur (150 à 180 millions d’euros), au risque de fragiliser davantage son organisation et d’entrer dans une phase de transition sportive difficile.
Les résultats en coupes d’Europe ont plombé l’équipe. Même si en ligue 1, les résultats pouvaient laisser présager de bons espoirs.
Le stade est devenu l’atout majeur de L’OGCN. Mais vu la taille importante de la ville, on peut rester déçus par le manque évident de supporters. Le stade ne faisant le plein que pour des matchs de gala.
C’est ce qui risque de clocher en vue d’un repreneur de grande envergure.
Hélas.