Industrie : en Isère, les grandes ambitions de Digigram

Le spécialiste isérois Digigram rachète Wavely pour muscler sa présence dans le monitoring acoustique et tripler le chiffre d’affaires de la startup.

L’industrie n’écoute plus de la même façon. À Montbonnot, dans l’Isère, Digigram l’a bien compris. Cette PME spécialisée dans les technologies audio critiques et l’analyse vibratoire vient de s’offrir Wavely, une jeune pousse lilloise née dans le giron du CNRS. Une entreprise de 500 000 euros de chiffre d’affaires, experte dans la surveillance acoustique dopée à l’intelligence artificielle. Ce rachat – le troisième en deux ans – confirme une stratégie méthodique de consolidation autour d’un actif peu visible mais devenu stratégique : le son.

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Moins un rachat qu’un couplage

Derrière ce rapprochement, deux mondes s’articulent. Celui de Digigram, solide entreprise industrielle (10 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé en 2025, 80 salariés répartis entre l’Isère, les États-Unis et l’Asie), qui fournit des solutions audio à l’armée, aux radios et à l’industrie lourde. Et celui de Wavely, spin-off du CNRS, encore modeste mais riche d’un savoir-faire pointu : capter, localiser et interpréter les signaux faibles que laissent échapper les machines… ou les infrastructures vieillissantes. Bruit suspect, vibration anormale : l’algorithme écoute et alerte. EDF, GRDF, Air Liquide ou TotalEnergies ne s’y sont pas trompés.

C’est donc moins un rachat qu’un couplage : d’un côté une base industrielle éprouvée, de l’autre une technologie agile née dans les laboratoires. L’objectif est affiché : tripler le chiffre d’affaires de Wavely dans les trois ans. Les moyens sont là, financés sur fonds propres. Le management reste à bord, les équipes lilloises sont conservées. Et l’ensemble continue de se positionner sur ces créneaux devenus critiques dans une industrie en quête de fiabilité, de prévisibilité… et de silence utile.

Digigram n’en est pas à son coup d’essai. Après AuviTran en 2023 et OROS en 2024, ce nouveau rachat dessine une trajectoire claire : celle d’un acteur discret qui, à force de capter les signaux faibles du marché, est en train de devenir incontournable dans l’univers de l’audio industriel et du monitoring acoustique. Car désormais, même les machines parlent. Et certains, mieux que d’autres, savent les écouter.



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