Ce que prépare Badoit pour sauver sa source historique

Face au changement climatique, Badoit investit dans une gestion durable de l’eau, en partenariat avec les collectivités locales de la Loire.

Dans le sillage des bouleversements climatiques et de la pression croissante sur les ressources naturelles, Badoit, marque emblématique d’eau minérale gazeuse fondée au XVIIIᵉ siècle, amorce une évolution majeure dans la gestion de sa source historique de Saint-Galmier (Loire). À compter de 2027, l’entreprise exploitera deux nouveaux forages profonds, situés à Saint-André-le-Puy et Bellegarde-en-Forez, afin de sécuriser durablement son approvisionnement sans en accroître les volumes. Une opération menée sous l’égide d’un partenariat public-privé inédit, pensé comme un modèle de coopération territoriale.

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Ce projet structurant a été formalisé le 27 juin dernier par la signature d’une convention entre Danone, maison-mère de Badoit, le Syndicat intercommunal du Val d’Anzieux Plancieux (SIVAP) et la communauté de communes de Forez-Est. En jeu : la préservation d’un équilibre délicat entre la ressource minérale exploitée par l’industriel et l’eau potable nécessaire aux sept communes de la plaine du Forez alimentées par le SIVAP.

Préserver sans prélever davantage

L’enjeu central n’est pas l’augmentation de la production — actuellement stable à environ 200 millions de litres par an — mais bien l’adaptation à une baisse progressive de la productivité de certains forages historiques. « Ce projet est le fruit de plusieurs années d’observation et de dialogue avec les acteurs locaux », explique la directrice des sources minérales de Danone. L’entreprise a préféré s’appuyer sur des nappes déjà connues et partiellement exploitées, plutôt que de forer de manière isolée, soulignant ainsi une volonté de rationaliser l’existant dans une logique de sobriété hydrique.

Le projet, dont le coût total s’élève à 20 millions d’euros, se déploie sur deux volets : d’une part, l’adaptation des infrastructures permettant d’acheminer l’eau vers le site de production de Saint-Galmier ; d’autre part, le financement intégral par Badoit de nouveaux forages d’eau potable, localisés dans des nappes encore inexploitées. Cette compensation structurelle permet non seulement d’équilibrer les prélèvements opérés par la marque, mais également de renforcer la résilience des réseaux d’eau des collectivités partenaires.

Au cœur de cette stratégie : une volonté affirmée de concilier activité industrielle et préservation des équilibres territoriaux, dans un contexte de plus en plus contraint. La démarche s’inscrit dans le prolongement d’une histoire longue de plus de deux siècles, au cours de laquelle Badoit n’a cessé de s’adapter.

Une marque inscrite dans le temps long

L’histoire de Badoit débute en 1778 avec l’exploitation de la source Fontfort pour ses vertus thérapeutiques. C’est Auguste Saturnin Badoit qui, en 1837, en assure le développement commercial, posant les fondations d’un modèle de “thermalisme à domicile”. Dès 1841, l’eau de Badoit entre en pharmacie ; en 1897, elle obtient la reconnaissance officielle d’“eau minérale naturelle” par l’Académie de médecine. La marque connaît ensuite un essor régulier : entrée en grande distribution en 1954, elle atteint 37 millions de bouteilles annuelles dès 1958, puis intègre Danone en 1970 via la fusion avec la Société des eaux minérales d’Évian.

Aujourd’hui, 80 % du chiffre d’affaires de Badoit provient des grandes surfaces, les 20 % restants étant réalisés dans les cafés, hôtels et restaurants (CHR). C’est dans ce secteur qu’a été relancée en 2007 la production de bouteilles en verre consigné, un dispositif que l’entreprise teste aujourd’hui dans la grande distribution, notamment dans le Rhône et les Hauts-de-France.

La politique environnementale de Badoit s’articule également autour de la transformation de ses emballages. Depuis mars 2023, les bouteilles en plastique coloré ont été remplacées par un PET transparent, plus facile à recycler. Le taux d’intégration de plastique recyclé (rPET) atteint aujourd’hui 30 %, avec une ambition de hausse progressive. Parallèlement, de nouveaux contenants à faible impact environnemental sont en cours de développement, afin de favoriser leur réutilisation ou leur biodégradation.



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