Il y a ceux qui veulent changer le monde. Et ceux qui veulent simplement mieux savoir où il fait la fête. Jordan Cohen fait clairement partie de la seconde catégorie, mais avec un sérieux sens du timing entrepreneurial. En lançant OnParty, il ne prétend pas bouleverser la planète tech — seulement fluidifier un marché informel, saturé de messages WhatsApp et d’invitations éparses, celui des soirées entre initiés.
Le fondateur, également à l’origine de Tessan, une startup de télémédecine est un entrepreneur touche-à-tout qui investit autant dans la santé que dans les lendemains difficiles. Résultat : un million d’euros levés, dont la moitié sort directement de sa poche, pour faire grandir ce qu’il décrit comme un croisement improbable entre Instagram, Tinder et Tomorrowland.
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Un réseau social de la fête ?
L’idée est simple, comme souvent avec les applications à ambition virale : savoir qui va où, pouvoir organiser, suivre, retrouver. Une géographie affective de la fête, cartographiée sur mobile. Pour l’instant, cinq villes sont concernées — Paris, Londres, Ibiza, Marrakech, Dubaï — avec un socle de 40 000 utilisateurs. Objectif affiché : 150 000 d’ici 2026. Et des ambitions américaines dans la foulée. On connaît la musique.
Mais là où le projet se distingue, c’est dans son glissement progressif vers une logique de plateforme. Dès la rentrée, deux nouvelles fonctionnalités doivent voir le jour : une gamification assumée (« plus tu fêtes, plus tu gagnes ») et un système d’abonnement B2C. L’utilisateur fidèle sera récompensé par des accès à des événements privés, des aftershows, ou simplement par du statut. Rien de neuf sur le fond, mais appliqué à l’univers de la nuit, le modèle pourrait prendre.
Autre innovation : les Cercles, des communautés thématiques autour d’un DJ, d’un lieu ou d’un style musical. Un prolongement naturel de l’économie de l’attention, transposé à l’événementiel.
Une économie de la connivence
Côté modèle économique, OnParty joue la carte du B2B, avec un réseau d’environ 150 partenaires, du club l’Arc à Giulia Paris, en passant par les organisateurs et DJs. Ces acteurs reversent entre 10 % et 15 % du chiffre d’affaires généré via l’appli. Pas de promesse de rentabilité immédiate, mais une présence accrue dans des univers premium. Et un pari : celui que la fête, même en temps incertains, reste une valeur refuge.
Jordan Cohen compte sur la prochaine Fashion Week pour donner un coup de projecteur supplémentaire à son application. On ne sait pas encore si OnParty résistera au bruit et à la fatigue du secteur tech. Mais une chose est sûre : dans un monde saturé de sollicitations numériques, il reste de la place pour ceux qui savent encore dire où aura lieu la vraie soirée.