Dix ans après sa création, Waga Energy entre dans une nouvelle phase de son développement. L’entreprise iséroise, spécialisée dans la production de biométhane à partir du gaz de décharge, inaugure un nouveau bâtiment sur son site d’Eybens, tout en s’ouvrant à l’Amérique latine et en se préparant à un possible rachat par le fonds suédois EQT. Ce faisceau d’annonces marque une accélération stratégique pour la société, qui conjugue montée en puissance industrielle et déploiement international.
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Waga Energy double ses capacités de production à Eybens
Le nouveau bâtiment, d’une superficie de 1 200 m², abrite à la fois des bureaux et deux ateliers de 700 m² et 342 m². L’investissement global s’élève à 1,6 million d’euros, dont près de 100 000 euros de subvention de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Cet agrandissement permet à Waga Energy de doubler ses capacités de production. Selon son PDG Mathieu Lefebvre, la société pourra désormais fabriquer 30 à 35 Wagabox par an, contre une vingtaine aujourd’hui. Ces unités cryogéniques brevetées constituent le cœur technologique de Waga : installées sur des sites de stockage de déchets, elles captent le gaz de décharge et en extraient du biométhane injecté ensuite dans les réseaux locaux.
Le renforcement des moyens industriels s’appuie sur un écosystème de sous-traitants locaux, avec un rôle central joué par l’entreprise Ravanat. Basée elle aussi en Isère, cette société de 40 personnes, experte en chaudronnerie et soudure de précision, fabrique depuis dix ans tous les modules de distillation cryogénique nécessaires aux Wagabox. Le partenariat entre les deux entreprises se renforce désormais par la coexploitation de l’un des nouveaux ateliers du siège d’Eybens. Cette organisation hybride, entre internalisation partielle et sous-traitance spécialisée, vise à améliorer la réactivité de Waga tout en donnant à Ravanat de nouvelles marges de développement.
Une stratégie d’internationalisation vers l’Amérique latine
Waga Energy exploite actuellement une trentaine de sites en Europe et en Amérique du Nord, représentant une capacité installée de 1,5 térawattheure par an – l’équivalent de la consommation de 250 000 foyers français. En 2024, cette activité a généré un chiffre d’affaires de 55,7 millions d’euros. Vingt nouvelles unités sont en cours de construction, confirmant une trajectoire de croissance soutenue.
L’internationalisation s’accélère également. Une filiale a été ouverte début 2025 au Brésil, où une première unité est déjà en construction. Ce mouvement vise plus largement les marchés de l’Amérique latine, notamment la Colombie et le Mexique. En parallèle, la société vient d’obtenir un prêt de 25 millions de dollars canadiens (16 millions d’euros) pour renforcer sa trésorerie en Amérique du Nord, où elle exploite actuellement sept sites et en construit autant. Les effectifs, en progression continue, devraient passer de 250 à 300 salariés d’ici fin 2025. La direction prévoit d’atteindre la rentabilité avant cette échéance.
Le fonds EQT et un fournisseur chinois entrent dans la boucle
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte de transformation capitalistique. Le fonds suédois EQT, actif dans les infrastructures et les énergies renouvelables, est entré en négociation pour le rachat de Waga Energy. Une opération qui pourrait doter l’entreprise de moyens supplémentaires pour accélérer son déploiement, notamment en Europe, où elle cherche à renforcer ses capacités industrielles.
C’est dans cette perspective que s’insère un autre accord stratégique d’envergure : un partenariat conclu avec un groupe chinois, qui livrera 100 000 tonnes de spodumène – un minerai riche en lithium – couvrant 70 % des besoins de Waga Energy en la matière. L’accord inclut également une coopération technique destinée à garantir la qualité du lithium utilisé, ainsi qu’une option permettant au partenaire asiatique d’investir en Europe. Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de sécurisation des approvisionnements et d’ancrage de Waga dans les chaînes de valeur globales des technologies de l’énergie.