Omo X, le scooter révolutionnaire

Et si votre prochain scooter se garait seul et ne tombait jamais ? C’est le pari fou de la start-up Omoway avec son Omo X intelligent.

La start-up sino-indonésienne Omoway, fondée par d’anciens ingénieurs de Xpeng, s’apprête à bouleverser le marché du deux-roues électrique avec l’Omo X, un scooter capable de freiner en cas d’urgence, de se stationner de manière autonome et de maintenir son équilibre à basse vitesse. La production en série débutera au second semestre 2025, en vue d’un lancement commercial en Indonésie début 2026.

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Omoway Omo X, le scooter (très) intelligent

L’Omo X se distingue par son intégration poussée de technologies de conduite assistée et d’auto-équilibrage. À l’arrêt comme à basse vitesse, il reste stable sans intervention du conducteur, grâce à un système embarqué de stabilisation active. L’engin peut également détecter une situation d’urgence et freiner automatiquement, tout en étant capable de se garer seul. Contrairement à certains concurrents qui développent des modules adaptables, Omoway opte pour une approche « produit complet », dans laquelle capteurs, actionneurs et algorithmes sont intégrés dès la conception.

Les technologies d’auto-équilibrage appliquées aux deux-roues ne sont plus expérimentales. Honda a présenté dès 2017 son système Riding Assist, perfectionné en 2021 avec une version intégrant un bras oscillant inclinable. Celui-ci ajuste automatiquement l’angle de direction et de la fourche pour garantir la stabilité à l’arrêt ou à très faible vitesse. Yamaha, de son côté, a conçu le système AMSAS, testé sur une YZF-R25, qui utilise un moteur électrique sur la roue avant pour maintenir l’équilibre jusqu’à 5 km/h, relayé ensuite par un actionneur de direction. BMW a pour sa part développé le concept Vision Next 100, basé sur des gyroscopes, mais ce projet reste à l’état de démonstrateur.

Ces solutions ont en commun d’être issues de groupes historiques, souvent encore limitées aux laboratoires ou aux salons professionnels. L’initiative d’Omoway consiste à franchir l’étape industrielle en intégrant des fonctionnalités similaires dans un véhicule prêt à être commercialisé.

Le marché indonésien : une première étape pour Omoway

Omoway n’est pas seule à investir ce créneau. En Inde, Liger Mobility a lancé les Liger X et X+, premiers scooters commercialisés avec une fonction « AutoBalancing ». Ce système électronique maintient le scooter en équilibre même à l’arrêt, avec un seuil de charge de 150 kg. L’utilisateur peut l’activer ou le désactiver manuellement. Liger mise sur un système adaptable à plusieurs modèles, là où Omoway fait le pari d’une architecture propriétaire intégrée.

Avec un parc de plus de 160 000 motos électriques recensées en 2024 et un total de 6,4 millions de deux-roues vendus cette même année, l’Indonésie représente l’un des marchés les plus dynamiques d’Asie du Sud-Est. La reprise des services de taxis-motos en ligne, comme Grab et Gojek, alimente cette croissance. Le gouvernement a engagé un soutien massif à l’électrification, avec un budget de 6,16 trillions de roupies (environ 378 millions d’euros) en 2025, comprenant notamment des exonérations fiscales.

Dominateur du marché avec 73,8 % des parts, Honda a récemment renforcé son offre locale avec deux nouveaux modèles électriques conçus exclusivement pour l’Indonésie : le CUV e: et l’ICON e:, dotés de batteries amovibles Honda Mobile Power Pack. Ces modèles sont produits localement et répondent aux critères de contenu local exigés par les autorités indonésiennes. Cette stratégie renforce l’ancrage industriel de Honda et pourrait contraindre Omoway à adapter sa chaîne de production pour satisfaire aux conditions réglementaires locales.

Investisseurs et défis d’industrialisation pour un lancement réussi

Pour relever ce défi, Omoway peut compter sur le soutien de trois investisseurs stratégiques. Le fonds chinois ZhenFund, spécialiste du capital early-stage, a accompagné plus de 800 start-ups depuis sa création en 2011. Sequoia Capital, dont la branche chinoise opère désormais sous le nom de HongShan, a levé en 2024 près de 9 milliards de dollars pour de nouveaux investissements en Asie, malgré un contexte géopolitique tendu. Enfin, Huiyou Capital, fondé par un ancien cofondateur de BYD, apporte une expertise sectorielle ciblée sur l’électromobilité.

Après une année 2024 marquée par une baisse de 42 % du capital-risque en Asie du Sud-Est, le premier trimestre 2025 montre des signes de reprise, avec une hausse de 30,79 % des investissements. Si les tours seed continuent de reculer, les investissements dans les technologies liées à l’intelligence artificielle, estimés à 1,7 milliard de dollars en 2024, restent très actifs. Omoway s’inscrit dans une dynamique où les investisseurs misent sur les croisements entre mobilité et automatisation.

Nouvelles générations de batteries lithium-ion

Le marché global des scooters électriques atteignait 31,67 milliards de dollars en 2024, avec une projection à plus de 143 milliards à l’horizon 2037, selon les prévisions actuelles. L’Asie-Pacifique en constitue le principal moteur. Les nouvelles générations de batteries lithium-ion, notamment NMC et LFP, accélèrent cette croissance grâce à une densité énergétique supérieure et des temps de charge réduits.

À l’autre extrémité du spectre, le segment premium connaît également une montée en gamme. La moto chinoise Davinci DC100, initialement proposée à 26 000 euros, se décline désormais en version ultra-luxueuse à plus de 100 000 euros, avec des performances équivalentes à celles d’une voiture de sport. Dans ce paysage, l’Omo X, proposé à environ 3 500 euros, vise un équilibre entre technologie avancée et accessibilité relative.

La généralisation du contrôle technique, entrée en vigueur en France en avril 2024, illustre les exigences croissantes pesant sur le deux-roues motorisé. L’industrialisation de scooters comme l’Omo X devra composer avec ces nouvelles normes, tout en garantissant la fiabilité d’un système autonome en conditions réelles. Contrairement à des solutions adaptables comme celles de Liger, la stratégie d’Omoway repose sur une architecture unifiée, plus difficile à généraliser mais potentiellement plus robuste.

Se différencier par la technologie

L’entrée d’un nouvel acteur sur un marché déjà structuré autour de géants comme Honda soulève plusieurs questions fondamentales. La viabilité économique d’Omoway repose sur sa capacité à se différencier technologiquement, à déployer un réseau de distribution efficace et à offrir un service après-vente fiable. Le système propriétaire « Halo Pilot », s’il tient ses promesses, pourrait devenir un élément-clé de cette différenciation. Reste que son positionnement prix — environ vingt fois le salaire mensuel moyen en Indonésie — le place dans une zone sensible, entre désirabilité technologique et réalité du pouvoir d’achat.

Avec l’Omo X, Omoway propose un objet singulier : un scooter électrique pensé dès l’origine comme un véhicule autonome, stable et intelligent. Dans un marché où la course à l’électrification s’accompagne d’enjeux sociaux, réglementaires et industriels majeurs, l’approche intégrée de la start-up reflète les ambitions d’une mobilité urbaine réinventée. Le pari est risqué mais s’inscrit dans une dynamique où la frontière entre robotique et mobilité tend à s’effacer. L’Indonésie sera, en 2026, le premier terrain de vérité.



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